Ingérence de la France en Roumanie : accusations et tensions

par Olivier
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Ingérence de la France en Roumanie : accusations et tensions
Roumanie, France

La France se trouve au cœur d’une polémique en Roumanie, accusée par l’extrême droite locale d’ingérence dans l’élection présidentielle de 2024. Cette accusation s’inscrit dans un contexte de désinformation virulente en ligne, portée notamment par des récits liés à la Russie.

Nicolas Warnery, ambassadeur de France à Bucarest, s’est exprimé jeudi devant la presse pour dénoncer une « campagne systématique, avec des erreurs et des mensonges » visant à nuire à son pays. Il estime que cette offensive profite à la Russie, d’autant plus que la France soutient ouvertement l’Ukraine dans le conflit en cours.

Des accusations dès le premier tour de la présidentielle

Dès le lendemain du premier tour, le 24 novembre, qui a vu la percée du candidat d’extrême droite Calin Georgescu, des accusations d’ingérence étrangère ont émergé. La campagne de Georgescu, très active sur TikTok, a intensifié les soupçons d’ingérence française. La tension s’est accrue début décembre, lorsque des représentants français sont venus à Bucarest exprimer la « solidarité » de Paris. La situation a dégénéré après l’annulation de l’élection par la Cour constitutionnelle roumaine.

Dans la rue et sur les réseaux sociaux, les manifestations hostiles à la France se sont multipliées au point que des slogans tels que « Macron, la Roumanie n’est pas à toi ! » ont résonné dans les cortèges pro-Georgescu. Exclu de la nouvelle élection, Georgescu demeure une figure centrale du mouvement souverainiste, tandis que son successeur George Simion a même affirmé publiquement à Paris que le président français était un « dictateur ».

L’ambassadeur français, cible privilégiée des attaques

Au cœur de cette controverse, Nicolas Warnery est devenu la cible majeure des critiques. Sa visite en mars à la Cour constitutionnelle de Roumanie a été perçue comme une collusion, alors qu’il s’agissait en réalité d’une préparation à un congrès des cours francophones. Des déplacements diplomatiques en province ou auprès d’entreprises françaises locales ont également alimenté des accusations d’activisme politique.

Les théories du complot se sont intensifiées lors de la nouvelle élection. Le 18 mai, Pavel Durov, fondateur de Telegram, a déclaré que la France lui aurait demandé de « réduire au silence des voix conservatrices en Roumanie ». Accusé dans plusieurs enquêtes en France, Durov a ensuite directement mis en cause le chef de la DGSE, Nicolas Lerner, dans des opérations d’ingérence.

Des accusations de coup d’État contre les militaires français

Par ailleurs, les 1 200 soldats français stationnés en Roumanie dans le cadre de l’OTAN sont accusés, sans fondement, d’avoir préparé un coup d’État en cas de victoire de l’extrême droite. Nicolas Warnery a clairement réfuté ces allégations, rappelant que la mission de ces forces est strictement défensive et vise à protéger la Roumanie, particulièrement dans le contexte du conflit ukrainien voisin.

L’ambassadeur exprime aujourd’hui son inquiétude quant à l’impact durable de cette guerre de l’information sur l’image de la France dans un pays historiquement proche, soulignant que Paris en est désormais une cible directe.

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