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Les films centrés sur des personnages réels prennent souvent certaines libertés pour rendre l’histoire plus captivante. Bien que la vie de Lucille Ball fût passionnante en elle-même, condenser ses nombreux événements marquants en un film de deux heures implique forcément quelques adaptations.
Le film très attendu Being the Ricardos, avec Nicole Kidman interprétant Lucille Ball et Javier Bardem dans le rôle de Desi Arnaz, restitue avec justesse plusieurs aspects marquants : la relation tumultueuse du couple, leur lutte pour maintenir la série à l’antenne, ainsi que les démêlés avec le FBI. Pourtant, pour donner cohérence et capturer l’essence du couple Ricardo, certains éléments, notamment la chronologie des événements, ont été modifiés.
On y retrouve trois des moments clés qui ont façonné la vie de Lucille : sa deuxième grossesse, une accusation de sympathies communistes et les infidélités de Desi. Cependant, la précision historique n’est pas toujours respectée, et Being the Ricardos déforme, ignore ou amplifie certains faits réels.
Lucille n’était pas prise au dépourvu par les ragots
Dans le film, Lucille découvre une histoire à scandale dans le magazine Confidential au sujet des infidélités de Desi, et semble sincèrement surprise, croyant à ses assurances d’exclusivité. Or, la vérité est que Lucille était consciente depuis longtemps des liaisons de son mari. En effet, l’une des raisons pour lesquelles elle avait choisi Desi comme partenaire à l’écran était qu’elle espérait ainsi le garder près d’elle, limitant ses sorties et ses tournées avec son groupe.
Cependant, Desi trouvait d’autres moyens pour tromper sa femme. D’après l’article de Confidential, il faisait régulièrement appel à des escortes et entretenait des relations tarifées. Les rumeurs évoquaient aussi des liaisons avec des stars telles que Ginger Rogers. Peu discret, Desi aurait même déclaré : « Le mariage, c’est bien, mais l’adultère, c’est plus amusant ».
Lucille n’était pas obsédée par le mensonge sur son âge
Une scène montre Lucille confrontée à un vice-président de RKO Pictures qui la somme d’admettre qu’elle ment sur son âge, prétendant avoir 35 ans alors qu’elle en a 39, insinuant qu’elle cache fréquemment son âge. En réalité, le rendez-vous a bien eu lieu, mais en 1942 et non en 1951, année où se déroule la fiction.
Lucille, loin de dissimuler son âge, déclarait dans son autobiographie Love, Lucy qu’elle avait toujours été transparente sur sa date de naissance : le 6 août 1911. Le seul moment où elle a retenu son âge fut lors de son mariage avec Desi Arnaz, où elle a rajeuni de trois ans pour éviter le scandale lié à l’écart d’âge où elle était l’aînée.
Une vie privée souvent difficile
L’histoire présentée dans le film suggère un couple passionné, malgré les tensions dues aux infidélités. Pourtant, les années 1950 furent une période très compliquée pour Lucille et Desi, marquée par des conflits constants et l’alcoolisme de Desi. Ce n’est qu’en 1960 qu’ils divorceront.
Selon leur fille Lucie Arnaz, les disputes étaient fréquentes, même si aucune violence physique n’a été rapportée. Lucille, souvent la force stabilisatrice, parvenait à maintenir le mariage et la série à bout de bras, comme l’a souligné Nicole Kidman à la sortie du film, mettant en avant la résilience de Lucille face aux épreuves.
Des liens avérés avec le communisme
Le film montre une accusation portée contre Lucille de communisme dès 1951, via Walter Winchell, alors qu’en réalité cet épisode a eu lieu en 1953. Lucille avait officiellement adhéré au Parti communiste en 1936 pour permettre à son grand-père de voter pour un candidat local. Elle témoigna ensuite devant la Commission des activités anti-américaines, et fut blanchie des accusations.
Une femme complexe et paradoxale
Si Being the Ricardos présente Lucille comme déterminée et posée, la véritable Lucille Ball était une personnalité bien plus contrastée. Amie de longue date, l’auteur Lee Tannen la décrit comme une femme pleine d’amour, mais aussi imprévisible et pleine de paradoxes.
En outre, le film omet de parler des rumeurs selon lesquelles Lucille aurait elle aussi eu des liaisons, notamment lors des absences prolongées de Desi. Plusieurs relations amoureuses avec des célébrités comme Orson Welles, Robert Mitchum ou Henry Fonda, qui la considérait comme « l’amour de sa vie », sont ainsi évoquées dans diverses biographies.