Sommaire
- La préfecture de la Gironde maintient le niveau de vigilance pour la prévention des incendies de forêt au niveau très élevé (rouge, 4/5) jusqu’à lundi soir.
- Un dispositif de prépositionnement est activé dans le massif forestier : 310 sapeurs‑pompiers dédiés aux incendies de forêt et près de 200 véhicules prêts à intervenir.
- Les conditions météorologiques récentes ont entraîné une sécheresse sévère de la végétation, alerte le commandant Rémi Lassoureille, chef du groupement feux de forêt.
Sur le qui‑vive
Les pompiers de la Gironde sont en « vigilance absolue » depuis dimanche face au risque de départs d’incendies de forêt, en lien avec la canicule qui touche une grande partie du pays. La courte accalmie observée mercredi et jeudi n’a pas suffi à améliorer la situation dans le massif forestier. La préfecture a donc décidé de maintenir le niveau de vigilance très élevé (rouge, 4 sur 5) jusqu’à lundi soir.
« Une séquence très chaude et très sèche nous attend ce week‑end », prévient le commandant Rémi Lassoureille, chef du groupement feux de forêt au Sdis de la Gironde. À ce niveau de risque très sévère, « un système de prépositionnement est déclenché dans le massif forestier, avec des moyens de lutte dédiés, en personnel et en matériel », explique l’officier. Concrètement, cela signifie « 310 sapeurs‑pompiers exclusivement consacrés au risque incendies de forêt, et presque 200 véhicules mobilisés et prêts à intervenir sur tout départ de feu ».
« Jusqu’à 20 départs de feu dans la journée »
Les équipes surveillent « tous les éléments d’évolution de la végétation — la couleur, la structure, la texture » pendant que chaque centre de secours qui protège un massif vérifie « l’état de sécheresse, l’état des pistes, des accès », en coordination avec la Fédération girondine de défense de la forêt contre les incendies (DFCI) et l’ONF.
Ces derniers jours, le Sdis de la Gironde a dû gérer jusqu’à « 20 départs de feu dans la journée », dont « au moins un par jour qui a nécessité la mise en place d’un dispositif de commandement renforcé et de nombreux moyens engagés, notamment des moyens aériens », souligne le commandant Lassoureille. Ce dispositif a permis de « limiter la surface des feux à un maximum de 15 hectares, pour l’instant ». Mais « les conditions sont telles que l’on reste très vigilant, avec une intensité et une probabilité d’avoir des départs de feu virulents qui augmente tous les jours ».
Lundi, lorsque les températures ont largement dépassé les 40 °C, « les conditions météo étaient dignes des pires journées de 2022, année des grands incendies en Gironde, qui ont ravagé 30 000 hectares de forêt », assure le chef du groupement feux de forêt. « Nous entrons désormais dans un niveau de sécheresse sévère, et il faut rester humble face au risque d’incendie », ajoute‑t‑il, en rappelant que des collègues charentais ont dû gérer un fort incendie dans la forêt de la Double qui a brûlé 200 hectares de végétation.
Par ailleurs, les orages qui ont touché le département dans la nuit de mardi à mercredi font craindre que des impacts de foudre « génèrent des départs de feu qui s’enterrent et ressortent dans les jours à venir, en raison des très fortes chaleurs qui sont attendues ».
« Une capacité à frapper plus vite et plus fort »
Depuis les incendies de 2022, d’importants efforts ont été menés « pour nous doter d’une capacité à frapper plus vite et plus fort », souligne le commandant. Le Sdis de la Gironde a ainsi reçu 42 nouveaux camions‑citerne forestiers classiques, quatre camions lourds, et du matériel dédié au brûlage contrôlé et aux feux tactiques. La réponse comprend aussi une composante aérienne, avec des moyens positionnés dès le mois de juin à l’aéroport de Bordeaux. « Depuis le 1er août, nous avons à disposition six avions de type Air Tractor (bombardiers d’eau légers d’une capacité de 3 000 litres) et un Dash (bombardier d’eau de 10 000 litres). »
La protection du massif a par ailleurs été renforcée par un système de vidéosurveillance réparti sur 22 sites qui scrutent en continu la forêt girondine. Ce dispositif est complété par des patrouilles de l’ONF. « En alerte rouge, on a deux types de patrouilles, les PSC (patrouilles de surveillance et de contrôle) et les PSI (patrouilles de surveillance et d’intervention) », explique Caroline Fourcade, chargée de mission risques naturels à l’ONF Landes‑Nord Aquitaine. Les PSC, constituées de binômes de techniciens forestiers, assurent prévention, communication et parfois verbalisation auprès du public. Les PSI sont composées d’ouvriers forestiers équipés de cuves de 600 litres d’eau, pour pouvoir intervenir sur feu naissant.
« Le comportement le plus à risque reste le bivouac »
Les patrouilles de l’ONF opèrent principalement dans les forêts le long du littoral, « dans un axe de 25 km de large le long de la côte », une zone très fréquentée par les touristes l’été. « Nous sommes surtout vigilants concernant tout apport de feu en forêt — cigarettes, réchauds, barbecues… — ainsi que sur les moteurs de voiture qui sont aussi des sources d’émissions », explique Caroline Fourcade, qui ajoute que « le comportement le plus à risque reste le bivouac, qui est pourtant interdit quel que soit le niveau de vigilance ». En alerte rouge, certains massifs peuvent être fermés au public de 14 heures à 22 heures. Le message ne passe pas toujours de façon claire, d’où l’importance de la présence sur le terrain.
Le commandant Rémi Lassoureille rappelle que « 95 % des départs de feu sont liés à l’activité humaine, qu’il s’agisse d’accidents, d’imprudence, de négligence ou de malveillance ». « Il faut travailler sur les comportements, informer la population du niveau de vigilance, des restrictions, et que celle‑ci fasse preuve de responsabilité dans ses comportements, par rapport aux mégots, à l’usage du feu, aux travaux susceptibles de générer des points d’émission… » « Chacun est responsable », insiste le pompier.