Des Vivants : La résilience des otages du Bataclan sur France 2

par Olivier
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Des Vivants : La résilience des otages du Bataclan sur France 2
France

L’essentiel

  • La minisérie événement Des Vivants est disponible ce lundi sur la plateforme France.tv et attendue sur France 2.
  • Cette fiction du réalisateur oscarisé Jean‑Xavier de Lestrade raconte la prise d’otages au Bataclan et le parcours de résilience de sept survivants, réunis dans le groupe d’amis autoproclamés « les Potages » (contraction de « potes » et « otages »).
  • Retour sur la manière dont les Potages ont participé à la création d’un récit collectif aux vertus réparatrices.

« Enterrer les morts et réparer les vivants. » Cette citation, tirée de Platonov de Tchekhov, a inspiré le titre Des Vivants aux créateurs de la minisérie — une fiction à la fois bouleversante et porteuse d’espoir, disponible sur France.tv et prochainement diffusée sur France 2.

En huit épisodes, la série retrace la prise d’otages au Bataclan et le long chemin de résilience et de reconstruction de sept d’entre eux, membres du groupe autoproclamé « les Potages ». Comment ces survivants ont‑ils contribué à façonner ce récit collectif et réparateur ?

« On était devenus les dépositaires de leur confiance »

Tout commence lorsque le producteur de NAC Films découvre un reportage évoquant les Potages et relève le nom de David Fritz Goeppinger : il sent qu’il y a « une histoire à raconter ». Estimant qu’un groupe de sept personnes méritait le format série plutôt qu’un film, il entre en contact avec David via Instagram.

Inquiet de « surfer sur le malheur », il redoute une absence de réponse, mais l’ex‑otage répond. Un déjeuner est ensuite organisé avec ses complices producteurs. Pendant deux ans, ces derniers se rendent au « QG » des Potages, porte des Lilas, « une à deux fois par mois », pour écouter leurs récits : le couloir, ce qu’ils ont vécu, leur groupe, leur amitié. Parfois ils se retrouvaient sans évoquer la série. Au fil du temps, une proximité s’est installée, jusqu’au jour où, presque par hasard, les sept acceptent de participer.

Les producteurs ont pris soin d’expliquer aux Potages qu’ils ne chercheraient pas à réaliser la série à tout prix : il fallait trouver le bon réalisateur, capable de porter un sujet aussi délicat. Ce positionnement a fait comprendre au groupe que les auteurs étaient devenus dignes de la confiance qu’on leur accordait.

Le premier choix de l’équipe est Jean‑Xavier de Lestrade, oscarisé en 2002 pour Un coupable idéal et déjà auteur de miniséries inspirées de faits réels. « Nous avions une responsabilité vis‑à‑vis du sujet, le 13‑Novembre », note un des producteurs.

« On les a vus un par un très longuement »

« Cette histoire me faisait très peur. Mais c’est précisément parce que cela me faisait très peur qu’il fallait que je fasse cette série », confie Jean‑Xavier de Lestrade. Avec le scénariste Antoine Lacomblez, ils rencontrent les Potages lors d’un dîner qualifié de « grand oral » par le réalisateur.

L’écriture s’est nourrie des témoignages des survivants. « On les a vus un par un très longuement, des journées entières, où ils nous ont raconté leur histoire, en allant dans des zones extrêmement intimes », explique Antoine Lacomblez. À chaque détail, l’équipe vérifiait : « Est‑ce que cela, on a le droit d’en parler ou pas ? » Une fois la parole donnée, les récits devenaient intarissables.

Le duo s’est aussi entretenu avec les conjointes des Potages, avec des agents de la BRI ayant participé à l’assaut du 13‑novembre et avec la psychologue de la DPJ, présente ce soir‑là et qui a suivi trois des Potages en thérapie après le drame.

« C’était drôle de voir comment on leur ressemblait »

À l’écran comme dans la vie, les Potages sont sept : le couple Arnaud et Marie, Grégory, Sébastien, Caroline, Stéphane et David. Les acteurs — parmi lesquels Benjamin Lavernhe, Alix Poisson, Antoine Reinartz, Félix Moati, Anne Steffens, Cédric Eeckhout et Thomas Goldberg — ont reçu consigne de ne pas rencontrer les Potages pour éviter la tentation d’imiter le réel.

Cette règle a rapidement été contournée par Alix Poisson, qui a souhaité rencontrer Marie avant le tournage : « J’ai besoin de me présenter à vous sinon cela me paraît incongru de raconter un morceau de votre vie », lui a‑t‑elle écrit. Les deux femmes ont parlé pendant des heures autour d’un café ; la seule consigne de Marie fut la suivante : « C’est que par moments, il y ait de l’humour. »

Thomas Goldberg a croisé David, engagé comme photographe de plateau : la distance s’est effacée et l’acteur avoue avoir eu peur. Cédric Eeckhout, interprète de Stéphane, se souvient d’une scène de tournage où les filles du véritable Stéphane l’ont salué par « Salut papa ». Lors d’une fête organisée en présence des Potages, les retrouvailles ont été empreintes d’émotion : « Stéphan m’a offert un 33 tours… et on s’est pris dans les bras », raconte l’acteur.

« C’était drôle de voir comment on leur ressemblait physiquement. On avait l’impression de voir des jumeaux se balader pendant toute la soirée », commente Benjamin Lavernhe. Certains acteurs avouent avoir craint qu’une rencontre trop tôt n’impose une image différente de celle qu’ils avaient construite en préparation, rendant impossible tout retour en arrière durant le tournage.

Pour Anne Steffens, la rencontre avec sa binôme a été une source d’angoisse puis de joie : « J’étais un peu jalouse des autres qui avaient pu croiser leur binôme… Quand je l’ai rencontrée, c’était génial. »

La production a organisé une projection de Des Vivants en salle, en avant‑première pour les Potages. « Ils ont beaucoup ri et pleuré. Ils ont découvert des choses sur les autres. L’un d’eux a dit : “Après avoir vu la série, je les aime encore plus” », confie, ému, Jean‑Xavier de Lestrade. Petit clin d’œil : les sept Potages apparaissent en caméo dans la série.

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