Dans les années 1970, l’esprit du rock et de la transgression poussait les limites du débauche. Les titres évoquant le sexe, les drogues et l’alcool avaient pour but de vendre le style de vie de la rockstar libre, et certains morceaux allongeaient ces thèmes jusqu’à frôler l’obscénité pour l’époque. Cinquante ans plus tard, ces chansons provoquantes portent encore le même poids et leur côté cringe se révèle plus marqué.
Le morceau et son contexte
Sammy Hagar, reconnu comme l’un des noms marquants du rock des années 80, s’est imposé après une rupture compliquée avec Van Halen pour devenir le chanteur d’un des plus grands groupes du genre. Bien avant d’intégrer les célèbres figures de la fête dans l’industrie, il se présentait déjà comme porte-parole du mode de vie axé sur le sexe, les drogues et l’alcool.
Dans le morceau Cruisin’ and Boozin’, issu du premier album éponyme de 1977, le thème central est clair: faire la fête et profiter au maximum, y compris en flirtant dans les rues et en allant jusqu’à proposer des trajets en voiture tout en consommant. Le double sens n’est pas d’une grande finesse, mais l’ironie est rarement au rendez-vous dans ce registre du rock de l’époque.
Le texte décrit l’idée d’épargner de l’argent pour une nuit de samedi sans limites, où il peut aborder toutes les femmes sur chaque coin de rue en demandant: Hey, puis-je te ramener chez toi ? Le reste des paroles évoque le ravitaillement en carburant et l’alcool restant. Ils veulent passer un bon moment, mais il est facile de comprendre ce qui se joue réellement.
Un cadre et une réception controversés
Bien que l’attitude festive ne surprenne pas, le cadre et les détails prêtent à controverse. L’image de traquer les rues et de siffler pour obtenir un rendez-vous est grossière, et cela prend une dimension encore plus problématique lorsqu’il s’agit d’un homme ivre qui prend le volant. Et si l’auditoire comprend des jeunes auditeurs impressionnables, le message pose problème.
Hagar résume une partie centrale de la philosophie du rock avec ce titre. La question demeure: écrire aujourd’hui un hommage à l’alcool au volant serait-il acceptable? Le morceau, dès sa sortie, ne figure pas en tête des charts et demeure l’un des titres les moins écoutés de son répertoire, avec environ 340 000 écoutes à la fin de l’année 2025. Il semble que même l’équipe du chanteur ait dépassé ce thème, qui appartient désormais au passé.

Le titre a été publié comme single, et des copies se retrouvent sur des plateformes d’enchères à bas prix, mais il n’est pas considéré comme un incontournable du répertoire d’Hagar. Toutefois, il s’est imposé comme un hymne de fête lors de ses concerts et figure même sur un extrait d’un show de 1977 enregistré à Austin, au Texas. Malgré l’image associée à son Cabo Wabo, promouvoir l’idée de conduire avec une boisson ouverte demeure une faute morale évidente pour un artiste qui vend de l’alcool.

Avec une carrière aussi vaste que celle d’Hagar, ce titre s’inscrit comme une pièce à mettre de côté. N’ayant pas marqué les charts à sa sortie, il demeure l’un des morceaux les moins streamés du chanteur, avec quelques centaines de milliers d’écoutes. Ce morceau appartient désormais au passé, loin des projets et thématiques plus actuels de l’artiste.
