Sommaire
L’essentiel
- Cinq grandes catégories de polluants contaminent l’eau du robinet en France : les pesticides et leurs métabolites, les nitrates, le chlorure de vinyl monomère (CVM) et les perchlorates, enfin les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS).
- Ces polluants pénètrent les ressources par ruissellement, infiltration ou rejets directs depuis les zones agricoles conventionnelles et les sites industriels.
- Malgré ces contaminations, l’eau du robinet reste l’option la plus contrôlée et la plus saine pour boire. L’eau en bouteille n’est pas épargnée par ces polluants et contient davantage de microplastiques.
Cartographie et catégories de polluants
Plusieurs polluants ont été regroupés en cinq catégories par Générations Futures et Data For Good sur une carte interactive qui recense des analyses d’eau du robinet à l’échelle nationale : dansmoneau.fr.
Les premières substances quantifiées sont les pesticides et leurs métabolites — résidus issus de leur dégradation. Il s’agit d’herbicides, d’insecticides ou de fongicides employés en agriculture conventionnelle, mais aussi pour le jardinage domestique.
Viennent ensuite les nitrates : environ 88 % des nitrates proviendraient des épandages de lisier ou d’engrais de synthèse dans les champs.
Le chlorure de vinyl monomère (CVM) et les perchlorates constituent une autre famille de polluants. Le CVM a été utilisé notamment pour fabriquer des canalisations en PVC antérieures à 1980. Les perchlorates sont des sels employés dans de nombreuses applications industrielles, agricoles ou militaires, depuis la Première Guerre mondiale.
Enfin, les PFAS occupent une place particulière dans les préoccupations sanitaires et médiatiques mondiales. Utilisées depuis les années 1950 pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et thermorésistantes, ces molécules se retrouvent dans des textiles, des emballages alimentaires, des lubrifiants, des composants électroniques, certains pesticides, des mousses anti‑incendie et des fluides réfrigérants. L’exposition aux PFAS a été associée à un sur‑risque de certains cancers (sein, rein, testicule) et à des effets sur le fœtus.
Comment ces polluants atteignent-ils l’eau potable ?
Des captages d’eau potable sont parfois situés sous des terres agricoles conventionnelles ou à proximité d’industries. Les substances toxiques contaminent les ressources par ruissellement, infiltration ou rejets directs.
L’agriculture n’est pas la seule responsable : les industries, par leurs rejets d’eaux usées, contribuent fortement à la dissémination de polluants persistants dans l’environnement. À titre d’exemple, des voix alertent sur des projets de forage pétrolier proches de zones de captage alimentant des populations, comme en Seine‑et‑Marne.
Comment se protéger ?
Contrairement aux idées reçues, l’eau en bouteille plastique n’est pas une solution idéale : elle subit moins de contrôles que l’eau du réseau et contient davantage de microplastiques. L’alimentation apparaît souvent comme la voie d’exposition principale à ces polluants.
Pour réduire son exposition :
- Privilégier une alimentation biologique autant que possible pour diminuer l’exposition aux pesticides et pour protéger les zones de captage d’eau.
- Limiter la consommation de charcuterie et de viande rouge afin de réduire l’apport en nitrates et nitrites.
- Modérer la consommation de gros poissons (saumon, thon) pour limiter l’exposition aux PFAS les plus préoccupants.
