Science — Pourquoi certains aliments sont proscrits en apesanteur

Sur le plan scientifique, l’environnement spatial impose des contraintes inattendues au menu des astronautes. L’espace lui‑même dégage des composés odorants — parfois comparés à l’odeur de barbecues ou de carburant diesel — qui se fixent sur les combinaisons et les équipements. Dans ce contexte olfactif déjà marqué, des aliments provoquant des flatulences seraient non seulement inconfortables, mais aussi socialement gênants à bord d’un habitat confiné.
La microgravité bouleverse aussi la façon dont les aliments atteignent notre nez et notre bouche. Les odeurs ne « montent » pas naturellement, ce qui réduit la perception gustative ; pour compenser, on utilise des condiments, mais ceux‑ci doivent être contenus de façon à éviter que des particules libres n’errent dans la cabine. Les boissons aromatisées sont souvent distribuées en poudre, afin d’éviter les gouttelettes et les particules flottantes.

Ces exigences pratiques et de sécurité rendent incompatibles plusieurs aliments du quotidien. Voici les interdits les plus notables et les raisons scientifiques qui les motivent :
- Pain et produits qui s’effritent : les miettes deviennent des projectiles flottants pouvant obstruer filtres, instruments ou systèmes de ventilation.
- Boissons alcoolisées : l’alcool altère jugement et performance ; il est donc proscrit pour des raisons de sécurité opérationnelle.
- Sodas gazeux : en microgravité, le dioxyde de carbone se mélange différemment aux liquides et aux gaz de l’estomac, provoquant inconfort et risques de régurgitation de mousse.
- Glaces « astronautes » déshydratées : leur texture friable génère des poussières flottantes susceptibles d’interférer avec l’électronique ou les mécanismes sensibles.
Un exemple anecdotique illustre le pragmatisme de ces choix : certaines boissons en poudre populaires ont été testées à bord, mais des préférences et des retours d’équipage ont fait évoluer l’offre. Ces décisions relèvent autant de la physique que de la gestion du confort et de la sécurité alimentaire en espace confiné.
