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L’essentiel
- Pete Hegseth, ministre américain de la Défense de l’administration Trump, est au cœur d’une controverse après des révélations selon lesquelles deux survivants d’une frappe en mer en septembre auraient été tués dans une seconde salve qu’il aurait autorisée.
- Les États-Unis ont mené plus de vingt frappes depuis septembre dans les Caraïbes et le Pacifique contre des embarcations supposées liées au narcotrafic, causant au moins 83 morts, sans que des preuves publiques aient démontré l’implication des embarcations dans le trafic de drogue.
- Malgré les critiques d’experts de l’ONU évoquant de « solides indices » d’« exécutions extrajudiciaires » et les questions sur la légalité de ces opérations, Hegseth affirme que les frappes anti-narco ne font que commencer.
C’est une semaine difficile pour Pete Hegseth, le ministre américain de la Défense de l’administration Trump. Au cœur d’une polémique née d’une frappe suspectée d’avoir tué des survivants près du Venezuela, il a choisi de durcir le ton. Dès l’ouverture du Conseil des ministres à la Maison-Blanche, il a assuré que les opérations maritimes menées par Washington contre des embarcations liées au narcotrafic dans les Caraïbes et le Pacifique « ne font que commencer », malgré les critiques croissantes quant à leur légalité.
Des « exécutions extrajudiciaires »
Les États-Unis ont considérablement renforcé leur présence militaire en mer depuis l’été dernier, mobilisant un porte-avions, des navires de guerre et des avions de chasse. Washington affirme viser des réseaux dépendant du Venezuela, accusant le président Nicolás Maduro de diriger un cartel. Selon le Pentagone, plus de vingt frappes ont été menées depuis septembre dans les Caraïbes et dans l’est du Pacifique, causant au moins 83 morts.
Toutefois, aucune preuve publique n’a jusqu’à présent démontré l’implication des embarcations touchées dans un quelconque trafic de drogue. Cette absence de transparence amène juristes, élus américains et experts de l’ONU à contester la légalité de ces opérations. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, a évoqué de « solides indices » d’« exécutions extrajudiciaires ».
Un « brouillard de guerre »
La controverse s’est amplifiée après les révélations du Washington Post. Selon le quotidien, deux survivants d’une première frappe, agrippés à un bateau en flammes, auraient été tués lors d’une seconde salve. Cette seconde frappe aurait été autorisée pour « éliminer tous les occupants ». Le ministère de la Défense avait d’abord nié l’existence d’un second tir avant que la Maison-Blanche ne le confirme, précisant qu’il avait été ordonné par l’amiral Frank Bradley, chef des opérations spéciales américaines, sur la base d’une délégation d’autorité de Hegseth.
Face à la presse, le ministre a reconnu avoir vu la première frappe, mais pas la séquence ayant conduit à la seconde. « Je n’ai pas personnellement vu des survivants […], car (l’embarcation) était en feu », a-t-il déclaré, invoquant le « brouillard de guerre » qui, selon lui, complique les décisions prises en situation opérationnelle.
Un ordre illégal ?
Les révélations de la presse américaine vont plus loin. Le New York Times rapporte que Hegseth aurait donné une directive générale autorisant des frappes létales avant la mission du 2 septembre, sans préciser les règles applicables en cas de survivants.
Alors que le bilan humain s’alourdit et que les appels à une enquête indépendante se multiplient, Washington maintient sa ligne : les opérations se poursuivront. Les États-Unis, a répété Pete Hegseth, « ne font que commencer à frapper des bateaux de narcos et à envoyer des narcoterroristes au fond de l’océan ».
Sources externes citées dans le texte : Washington Post, New York Times.
