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Les débuts de Saje Distribution, un pari sur les films chrétiens
Il y a une dizaine d’années, Hubert de Torcy a constaté que de nombreux films chrétiens rencontraient un grand succès aux États-Unis, mais n’étaient jamais diffusés dans les salles françaises. Cette observation l’a poussé à créer Saje Distribution, une société spécialisée dans la distribution de films chrétiens en France. Son premier projet fut le film Cristeros, qui relate l’histoire méconnue des martyrs mexicains des années 1920. Cette première expérience lui a permis d’apprendre les rouages du métier, avec un résultat notable de 90 000 entrées pour une sortie modeste.
Une activité en croissance et un engagement multi-plateformes
Depuis sa création, Saje sort environ cinq films par an et a profité de la crise sanitaire liée au Covid-19 pour développer sa propre plateforme de diffusion en ligne, ainsi que la distribution de DVD. Les films proposés varient du grand public à une audience plus ciblée, certains étant conçus pour soutenir et transmettre la foi chrétienne. Cette double stratégie de diffusion permet d’atteindre différents types de spectateurs selon leurs attentes et leurs besoins spirituels.
Dans un marché où une quinzaine de nouveaux films sont proposés chaque semaine, Saje mise sur une démarche modeste mais efficace : limiter les séances à trois par semaine dans un grand nombre de salles, parfois jusqu’à 150 ou 200 cinémas, plutôt que d’occuper un petit nombre de salles en continu. Des séances-débats sont aussi régulièrement organisées, rencontrant une forte demande de la part des salles.
Des partenariats stratégiques autour de films spirituels
En parallèle, la société a su se positionner comme un partenaire privilégié pour d’autres distributeurs souhaitant toucher un public chrétien. C’est ainsi qu’elle a accompagné la distribution de films comme Une vie cachée de Terrence Malick, le documentaire Le Pape François, un homme de parole de Wim Wenders, ou encore Reste un peu avec Gad Elmaleh. Saje a également contribué au succès du film Vaincre ou mourir, produit par le Puy du Fou, exploitant son expertise pour séduire un public sensible aux thématiques spirituelles.
Le profil et les attentes du public chrétien en France
Le public visé par ces films est réparti sur tout le territoire français. Hubert de Torcy souligne que les préoccupations spirituelles, bien que présentes chez un grand nombre de personnes, sont rarement abordées dans la culture et les médias. Le cinéma, en particulier, évoque plus souvent la vie sexuelle que la vie spirituelle, alors que cette dernière touche un questionnement intime commun à tous, croyants ou non. La création et la diffusion de ces films répondent donc à un besoin méconnu, permettant à chacun d’aborder ces sujets personnels sans pression.
« De mauvaise foi » : une comédie pour porter un regard léger sur la foi
Pour sa première production originale, Saje a choisi le genre de la comédie avec De mauvaise foi d’Albéric Saint-Martin, une approche inédite pour la société jusque-là surtout distributrice. Ce choix vise à aborder les valeurs chrétiennes à travers le rire et l’autodérision, notamment envers la communauté catholique dont Hubert de Torcy fait partie. Il s’agit de montrer que ces spectateurs ne sont pas des « extraterrestres » et d’offrir au public français une comédie plus subtile que les productions américaines souvent manichéennes.
L’histoire suit les péripéties d’un notaire ruiné qui manigance pour redresser sa fortune, mêlant humour et références aux valeurs chrétiennes. Cette démarche humoristique rappelle des succès tels que La Vérité si je mens !, qui a contribué à atténuer certains préjugés en faisant rire avec les personnages plutôt qu’à leurs dépens.
Une ambition plus large qu’une simple diffusion
Malgré la dimension divertissante, Hubert de Torcy ne considère pas ces films comme purement prosélytes. Il reconnaît cependant que le cinéma peut jouer un rôle important dans la conversion, à l’instar de La Passion du Christ de Mel Gibson aux États-Unis. Saje nourrit d’ailleurs l’espoir de pouvoir s’impliquer dans la production du prochain volet de cette saga, La Passion du Christ : Résurrection, afin de poursuivre son engagement dans la diffusion d’œuvres portant des valeurs chrétiennes.