Un article de 2010 de NPR qualifiait Gary Coleman de « victime de la culture pop américaine », un homme qui avait « tristement adopté et exploité son statut de punchline ambulante. » Pourtant, prétendre que Coleman aurait « exploité » sa propre exploitation paraît une observation creuse. Si Coleman a su tirer parti de son rôle d’Arnold Jackson dans la série Different Strokes, la vie l’avait en réalité largement cantonné à un seul type de rôle. Comme son personnage emblématique, Coleman avait été adopté, et une maladie rénale avait stoppé sa croissance, le maintenant à 1,42 mètre. Cela a figé son image dans l’esprit du public comme ce petit garçon attachant que les foules avaient aimé, puis peu à peu oublié. Il ne s’agissait pas tant d’une volonté d’être exploité que d’une exploitation inévitable, presque implacable. Cette dynamique tragique influence encore la perception de sa vie et de sa carrière.
Coleman ne pouvait même pas faire confiance à ses parents adoptifs dans la vie réelle, qui avaient tiré profit de lui. En 1989, l’ex-enfant-star devenu adulte désabusé portait plainte contre ses parents et son conseiller financier, les accusant d’avoir détourné 1,28 million de dollars de sa fortune entre 1982 et 1987. Au moment de son décès en 2010, à 42 ans, il n’avait plus de contact avec eux depuis plus de 20 ans et les avait complètement exclus de son testament. Entre temps, sa vie et ses finances se sont effondrées.
Plongée dans l’ombre de la célébrité
En 1989, précisément l’année où Gary Coleman poursuivait ses parents en justice pour exploitation financière, sa mère intentait à son tour un procès pour obtenir le contrôle de sa fortune, arguant qu’il n’était pas en capacité de gérer ses finances. En 1993, Coleman reconnaissait avoir tenté de mettre fin à ses jours à deux reprises au cours des huit années précédentes. Il déclarait : « Ce serait inhumain de ne pas reconnaître avoir eu des pensées et des tentatives de suicide. »
Dans les années suivantes, il eut plus de vingt démêlés avec la justice. En 1998, alors qu’il travaillait comme agent de sécurité, il frappa une femme qui lui demandait un autographe. En 2007, il fut arrêté pour avoir agressé sa femme, Shannon Price. Dans un autre épisode, il aurait fait une overdose de médicaments. Prisonnier de l’ombre d’une gloire passée, il expliquait en 2003 lors de sa candidature au poste de gouverneur de Californie : « Je veux échapper à cet héritage d’Arnold Jackson. Je suis plus que cela. Ce serait bien que le monde me voie autrement. »
Ruine financière et détresse personnelle
En 1999, Coleman déposa le bilan, affichant une dette de 72 000 dollars. Entre les malversations de ses parents et les frais médicaux liés à sa maladie rénale chronique, ses finances furent gravement mises à mal. Malgré tout, il déclarait alors avec détermination : « Je vaux plus que n’importe quel or dans les réserves, parce que je suis vivant, ici, et je vais surmonter cela comme toutes les autres épreuves qui m’attendent. »
En 2010, la carrière de l’acteur s’acheva tragiquement après une chute à son domicile, provoquant une hémorragie cérébrale fatale. Il mourut en laissant peu d’actifs, sa seule possession majeure étant une maison dans l’Utah pour laquelle il devait environ 325 000 dollars de remboursements hypothécaires. Il avait demandé que ses funérailles soient réservées uniquement à ceux qui n’avaient aucun intérêt financier dans sa vie, mais qui avaient sincèrement pris soin de lui.