Divertissement
Pendant près de six décennies, Charlie Watts a offert le rythme à certains de nos morceaux favoris. Pourtant, la carrière du batteur fondateur a souvent été éclipsée par l’éclat tumultueux des autres membres du groupe. Véritable virtuose du jazz, il puisait dans un réservoir d’influences pour jouer selon l’essence de chaque chanson, sans artifices excessifs.
Les fidèles des Stones ont connu bien de douleurs en devant dire adieu à un musicien dont l’héritage perdure dans nos cœurs et nos rythmes tapotés. Sa trajectoire, loin d’être celle d’un simple batteur de rock, révèle une passion pour le jazz qui s’exprimait par :
- Un rythme discret et efficace, adapté à la complexité des morceaux.
- Des collaborations marquantes, comme avec le claviériste Ian Stewart dans le groupe Rocket 88.
- La revisite des standards du jazz avec le Charlie Watts Quintet.
Outre son talent musical, il se distinguait par une élégance rare dans le monde du rock. Fidèle à ses influences jazz, il adoptait un style soigné et contrastait ainsi avec les tenues plus décontractées de ses compagnons d’attaque. Des vêtements sur-mesure, bien coupés et une aversion pour les baskets, caractéristiques remarquables de son identité.
La vie personnelle de Charlie Watts offrait également un contraste saisissant avec l’image de rock star véhiculée par le groupe. Contrairement aux excès de certains de ses collègues, il resta fidèle à sa compagne Shirley Ann depuis 1964, formant un couple solide avec une fille, Seraphina, et une petite-fille, Charlotte. Même s’il connut des périodes difficiles, notamment entre 1983 et 1986 où l’alcool, les amphétamines et la drogue le menacèrent, il sut revenir sur le droit chemin après un grave incident.
Sa sensibilité ne se limitait pas à la musique. Également formé en graphisme à Harrow Art School, il réunit ses talents artistiques et musicaux pour créer, entre autres, un ouvrage pour enfants célébrant la vie du légendaire Charlie Parker. Ce projet artistique contribuait à enrichir ses concerts en y intégrant des lectures d’extraits littéraires qui ponctuaient le répertoire jazzy.
Enfin, un épisode surprenant souligne l’esprit rebelle de ce batteur pourtant réservé. En 1984, lors d’une dispute avec Mick Jagger à Amsterdam, Watts, vêtu impeccablement, fit irruption dans le couloir de l’hôtel et asséna un coup à Jagger, évitant de justesse une catastrophe digne d’un scénario rock’n’roll. Ce geste et bien d’autres témoignent d’un musicien à la fois discret et intransigeant quand il s’agissait de défendre son art.