Sorti en 1939, Le Magicien d’Oz demeure l’un des films les plus emblématiques et adorés de l’histoire du cinéma. Son étoile, Judy Garland, âgée de seulement 16 ans à l’époque, captivait le public par son talent exceptionnel d’actrice et de chanteuse. Dans ce conte, son personnage, Dorothy, est emporté par une tornade depuis sa campagne du Kansas vers le pays ensorcelé d’Oz, où elle fait la rencontre de personnages fascinants tout en cherchant à retrouver son foyer. Si l’histoire semble féerique, les coulisses du tournage racontent une réalité bien plus sombre, marquée par des sacrifices et des souffrances profondes qui allaient marquer à jamais la jeune actrice.
Les dirigeants du studio MGM, bien impressionnés par le chant de Garland, critiquèrent pourtant son apparence, estimant qu’elle ne correspondait pas à l’image d’une fillette de 8 ans, telle que devait être Dorothy. Pour la faire paraître plus jeune, ils recoururent à des méthodes extrêmes, notamment le maintien de ses seins avec des bandes adhésives, le port d’un corset serré et la création d’une perruque à couettes destinée à dissimuler davantage sa maturité physique.
Judy Garland contrainte de perdre du poids
Pour assurer sa silhouette conforme aux attentes du studio, le producteur Mervyn LeRoy engagea un coach sportif personnel chargé de superviser une routine d’exercices rigoureuse. Judy fut aussi soumise à une diète stricte afin d’éviter toute prise de poids. Cependant, son comportement oscillait souvent entre la discipline et des accès de compulsions alimentaires. Pire encore, elle fut affublée de surnoms cruels en interne. Pour contrôler son appétit, l’adolescente se vit prescrire des pilules amaigrissantes, notamment le Dexedrine, un stimulant aux effets secondaires sévères, provoquant notamment insomnies et dépendance. Pour remédier à ses troubles du sommeil induits, des somnifères lui furent également administrés.
Cette souffrance physique fut aggravée par une incitation à fumer jusqu’à 80 cigarettes par jour, censée renforcer le contrôle sur son poids. Sa nourriture fut réduite à du café noir et de la soupe au poulet, tandis que tout écart de régime était surveillé et sévèrement puni.
Des transformations physiques imposées
MGM ne s’arrêta pas là : la jeune actrice dut aussi modifier artificiellement son visage. Elle fut contrainte de porter des caps pour masquer un léger désalignement dentaire et des dispositifs en caoutchouc pour altérer la forme de son nez pendant le tournage. Ces ajustements matérialisent l’extrême pression mise sur l’apparence des acteurs à Hollywood.
Sur le tournage, sa relation avec ses camarades de plateau fut rapidement empreinte d’animosité. Les acteurs incarnant l’épouvantail, le lion peureux, l’homme de fer-blanc et même le magicien évitaient délibérément sa compagnie. À cela s’ajoute un fait encore plus troublant : la réalisatrice Viktor Fleming, exaspéré par les rires incontrôlables de Judy lors d’une scène, la gifla. D’autres récits évoquent des agressions sexuelles perpétrées par les acteurs jouant les « munchkins », qui profitaient de la différence de taille et d’âge pour tourmenter la jeune vedette.
Le début d’une lente descente
Malgré ces épreuves, la prestation de Judy Garland dans le film fut acclamée par la critique et contribua à ériger le long-métrage en classique intemporel. Toutefois, ce tournage marqua paradoxalement le début d’une spirale descendante pour l’actrice, qui développa une dépendance aux drogues et à l’alcool, exacerbée par la pression et le dénigrement dont elle avait été victime.
Son estime de soi, déjà fragile, fut profondément affectée, et ses problèmes de santé mentale s’aggravèrent. Avant même ses 30 ans, son addiction commença à nuire à ses capacités artistiques. Elle fut notamment renvoyée d’un tournage pour retards répétés et arrivée en état d’ébriété. Malgré plusieurs tentatives de réhabilitation et des retours au cinéma, sa carrière fut marquée par ces difficultés jusqu’à sa mort prématurée à 47 ans, officiellement attribuée à un surdosage accidentel de barbituriques.
