Réunion controversée sur les vaccins aux États-Unis : tensions croissantes

par Olivier
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Réunion controversée sur les vaccins aux États-Unis : tensions croissantes
États-Unis

Le nouveau Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP), récemment remanié par le ministre américain de la Santé Robert F. Kennedy Jr., a entamé ses délibérations dans un climat tendu. Dès sa première réunion, ce groupe d’experts, majoritairement désigné par RFK Jr., connu pour ses positions vaccinosceptiques, a été vivement critiqué après la présentation d’une étude fictive sur le thiomersal lors d’une présentation officielle.

Un comité entièrement renouvelé et controversé

Chargé de conseiller les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), le comité a récemment été intégralement renouvelé. Robert F. Kennedy Jr. a limogé les 17 membres précédents, les accusant de conflits d’intérêts financiers, avant de nommer huit nouveaux membres dont certains, notamment un biochimiste, sont bien connus dans les milieux antivaccins.

La réunion a notamment porté sur le thiomersal, un conservateur à base de mercure retiré de la plupart des vaccins en 1999, mais toujours présent dans certains vaccins antigrippaux. Bien que son innocuité à faible dose soit établie, son inclusion au programme du comité a ravivé les tensions.

Une étude inexistante dans une présentation officielle

Lyn Redwood, infirmière et ancienne présidente de l’organisation Children’s Health Defense, cofondée par RFK Jr., devait présenter un exposé sur le thiomersal. Toutefois, des diapositives publiées en ligne avant la réunion citaient une étude inexistante intitulée « Exposition néonatale à de faibles niveaux de thiomersal : les conséquences à long terme sur le cerveau (2008) ».

Cette étude ne figure dans aucune base scientifique reconnue. Les éléments erronés ont depuis été retirés. Ce n’est pas un cas isolé : un précédent rapport intitulé « Make America Healthy Again » avait lui aussi utilisé de nombreuses sources non vérifiables pour soutenir ses conclusions.

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Rancunes personnelles et débats scientifiques

Le professeur Paul Offit, expert en vaccins au Children’s Hospital de Philadelphie, rappelle que le thiomersal contenu dans certains vaccins n’a jamais significativement contribué à l’exposition globale au mercure de la population. De son côté, Martin Kulldorff, président du comité, a ouvert la séance en évoquant son éviction de l’Université de Harvard après avoir refusé la vaccination contre le Covid-19.

Kulldorff a également annoncé la création d’un groupe de travail chargé de réexaminer la vaccination contre l’hépatite B chez les nouveau-nés, initiative vivement critiquée par la communauté médicale. L’infectiologue Amesh Adalja précise en effet que la vaccination contre l’hépatite B à la naissance, avant la sortie de maternité, est une pratique bien documentée et fondamentale, dénonçant cette proposition comme une « vieille lubie du mouvement antivaccin ».

Un comité instrumentalisé pour la propagande antivaccin

Martin Kulldorff a aussi évoqué la possibilité que le comité étudie de nouvelles recherches sur le vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons, et la rubéole (ROR) ainsi que sur la varicelle, dans le but de répondre à certaines objections d’ordre religieux de parents américains. Pourtant, ces dernières semaines, le pays vit une recrudescence importante des cas de rougeole.

Les recommandations émises par l’ACIP influencent directement les obligations vaccinales dans les établissements scolaires et les remboursements par les assurances santé. Amesh Adalja avertit que ce comité pourrait devenir un simple exutoire à la propagande antivaccin, perdant progressivement toute pertinence médicale.

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