La science-fiction occupe une place de choix dans le cinéma français cette année. Après la comédie chorale Le Grand déplacement de Jean-Pascal Zadi, Valensole 1965 de Dominique Filhol place de nouveau l’espace au cœur de l’écran. Cette fois, le film tourné en Provence s’appuie sur une histoire vraie. Le 1er juillet 1965, l’agriculteur Maurice Masse aurait fait une « rencontre du troisième type » dans son champ de lavandes.
Soixante ans plus tard, Dominique Filhol ressuscite ce personnage sous les traits de Matthias Van Khache dans une œuvre captivante. C’est lors de la réalisation du documentaire Ovnis : une affaire d’États (2021) que le réalisateur découvre pour la première fois cette aventure. « J’ai choisi de traiter cette histoire sous forme de fiction car cela permettait d’approfondir les émotions des personnages. J’avais rencontré des proches de Maurice qui avaient vécu cette époque et en avaient été profondément marqués », explique-t-il.
Soutien familial et point de vue authentique
Initialement réticente, Marie-Claude Masse, fille de l’agriculteur décédé en 2004, a finalement donné sa bénédiction au projet, avec sa nièce Virginie Lacombe comme coproductrice. « La plupart des films tirés d’histoires réelles parlent de faits divers sombres », commente Dominique Filhol. « J’avais envie de partager une affaire lumineuse, extraordinaire. » Le film adopte résolument le point de vue de Maurice Masse avec tendresse et respect, offrant une proximité immédiate avec cet homme simple, perdu face à une expérience à laquelle il n’était absolument pas préparé.
Après sa rencontre avec les extraterrestres au milieu des lavandes, sa vie bascule radicalement. Même son épouse aimante, incarnée par la touchante Vahina Giocante, apparaît sceptique quant à son récit. La version de Maurice devient de plus en plus précise au fil des jours, jusqu’à ce qu’il avoue avoir vu les créatures de près.
« Les extraterrestres dans mon film ont été créés par Jean-Christophe Spadaccini, qui s’est inspiré des descriptions très détaillées de Maurice », précise Dominique Filhol. Ces êtres aux grands yeux et aux silhouettes filiformes reconnectent parfaitement avec les rapports policiers de 1965.
Entre mystère et réalisme
Valensole 1965 ne prétend pas trancher quant à la véracité des faits. Le réalisateur privilégie l’expérience humaine, en montrant les réactions des habitants d’un petit village soudain envahi par des touristes et des journalistes. « C’était aussi une manière de faire découvrir Valensole et les villages environnants tels que Saint-Martin-de-Brômes ou Gréoux-les-Bains », confie-t-il. Cette région magnifique permet de sublimer le décor naturaliste avec des images somptueuses.
La douceur de la vie locale des années 1960 et les tensions entre le désir de faire connaître Valensole et la volonté de protéger le discret Maurice sont particulièrement bien restituées, renforçant l’atmosphère chaleureuse et mystérieuse du film.
Au final, Maurice Masse a su faire taire les moqueries, sans jamais chercher à tirer profit de son expérience. « Ce qui est indiscutable, ce sont les traces relevées dans le champ par les gendarmes à l’époque. Ils racontaient que le sol était devenu dur comme du béton », souligne Dominique Filhol. Le vaisseau en forme de ballon de rugby et ses passagers continuent de nourrir les rêves, y compris chez des personnalités telles que Christian Clavier, passionné par cette affaire au point de contribuer au financement du film et d’en faire la promotion sur ses réseaux sociaux.
Valensole 1965 fait naître un plaisir à la fois rafraîchissant et fascinant, prouvant qu’il n’est pas nécessaire de voyager jusqu’au Nevada pour vivre des péripéties aussi mystérieuses que celles de la Zone 51.
