L’essentiel
André Cermolacce, surnommé « Gros Dédé » ou « sacoche », a été abattu de trois balles dans la tête en plein jour, ce mardi dans le 14e arrondissement de Marseille. Agé de 70 ans, cet ancien voyou marseillais avait fait carrière principalement dans les bars et établissements de nuit. Cet assassinat soulève des interrogations sur l’état actuel du milieu marseillais. Pour mieux comprendre ce fait divers, nous avons recueilli l’analyse de Marc La Mola, ancien policier de la BAC nord et de la criminelle de Marseille.
« C’était un pur produit marseillais ». L’exécution d’André Cermolacce, survenue près du siège de sa entreprise de distribution de boissons, illustre la fin d’une époque pour la voyoucratie traditionnelle marseillaise. Bien qu’il ait échappé aux balles par le passé, notamment lors d’une tentative de meurtre en 2004, il ne semblait pas avoir d’ennemis notables aujourd’hui. La question de savoir si son assassinat vient de rivaux anciens ou d’un nouvel antagoniste reste posée.
Le mode opératoire de cet assassin peut être un indice majeur. Plusieurs sources indiquent qu’il a été exécuté au pistolet automatique, une méthode qui évoque un règlement de comptes au sein d’un milieu en déliquescence. Cette exécution pourrait-elle venir de la nébuleuse de la DZ Mafia, active dans des activités d’extorsion ? Bien que cette hypothèse semble séduisante, l’ancien policier émet des réserves : « Leur méthode est plus orientée vers des actions douloureuses et expéditrices. »
Le milieu marseillais, autrefois florissant, est désormais réduit à quelques figures historiques comme Jean-Luc Barresi et Michel Campanella. André Cermolacce faisait figure de monument ; son décès pourrait marquer la disparition du dernier bastion de la voyoucratie d’antan. Il était respecté pour son influence sur les bars et la vie nocturne marseillaise, mais son assassinat soulève des questions sur la continuité et l’évolution de cette culture souterraine.
Une certitude demeure : « Gros Dédé » était un homme qui savait garder le contrôle sur son domaine, prenant des décisions quant aux établissements à fréquenter, ce qui le plaçait en véritable boss de la nuit. Mais avec son départ, les témoins s’interrogent sur l’avenir de ce secteur déjà en déclin.