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Les Origines Troublantes de l’Opération Condor
L’Opération Condor, soutenue par les États-Unis, représente l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de l’Amérique du Sud. Durant la Guerre froide, les États-Unis étaient prêts à tout pour réprimer les activités communistes et anti-autoritaires à l’échelle mondiale, finançant ainsi des régimes fascistes et autoritaires. Si en Europe, cela s’est manifesté à travers l’Opération Gladio, en Amérique du Sud, c’était l’Opération Condor.
Pendant deux décennies, des dictatures militaires de droite en Amérique du Sud, soutenues et financées par les États-Unis, ont combiné leurs efforts pour former un réseau de groupes paramilitaires chargés de la surveillance et de la répression. Ces groupes ont arrêté, enlevé et maltraité des milliers de personnes associées à la subversion politique dans un réseau transnational.
Ces disparus étaient un mélange hétérogène de membres de groupes révolutionnaires, d’autochtones, de syndicalistes ou de démocrates radicaux perçus comme une menace pour le statu quo autoritaire. Malgré certaines poursuites judiciaires tenues au Chili et en Italie, peu de responsables de l’Opération Condor ont été tenus pour responsables, laissant les familles des disparus dans la douleur, réclamant justice et responsabilité.
Formation de l’Opération Condor
Pendant 20 ans, entre 1969 et 1989, plusieurs gouvernements sud-américains ont participé à une campagne répressive connue sous le nom d’Opération Condor. Soutenue matériellement et financièrement par les États-Unis, cette opération impliquait une collaboration du renseignement entre les régimes militaires d’Argentine, de Bolivie, du Brésil, du Chili, de l’Équateur, du Paraguay, du Pérou et de l’Uruguay, ciblant les dissidents considérés comme de gauche et anti-autoritaires. Les enlèvements, tortures et exécutions étaient monnaie courante dans les centres de détention mis en place par l’Opération Condor.
Le but de l’Opération Condor était de créer un environnement extrêmement hostile pour les membres d’organisations anti-autoritaires, surtout lorsqu’ils tentaient de chercher refuge dans des pays voisins. Parallèlement à l’Opération Gladio en Europe, où les États-Unis soutenaient les fascistes et les extrémistes de droite pour réprimer les organisations de gauche, l’Opération Condor visait à réprimer les mouvements de gauche en Amérique du Sud en soutenant les dictatures militaires de droite.
Formation à la Torture par les États-Unis
À la fois la CIA et l’Office de la sécurité publique des États-Unis ont fourni une assistance matérielle et formé des officiers des pays de l’Opération Condor aux techniques de torture. L’École des Amériques a été le lieu où « les fondements de [l’Opération] Condor ont été posés ». L’OPS a fourni du matériel de surveillance et formé de nombreux officiers à la torture et à l’interrogatoire, incluant un manuel de torture.
Hugo Campos Hermida, policier uruguayen, a participé à l’Opération Condor après une formation aux États-Unis. De nombreux diplômés de l’École des Amériques ont été formés aux abus des droits de l’homme, illustrant la complicité des États-Unis dans les atrocités de l’Opération Condor.
Surveillance des Militants Anti-Autoritaires
Une des stratégies clés de l’Opération Condor était la surveillance des dissidents, encouragée par la CIA dans des pays comme le Brésil, le Chili et l’Uruguay. Ces pays ont été initialement formés par la CIA, et des archives de surveillance ont été découvertes au Paraguay, connues sous le nom d’Archive de la Terreur.
Les Archives de la Terreur regorgeaient de jusqu’à 700 000 documents, montrant jusqu’à 100 000 exécutions ou disparitions, et des centaines de milliers de personnes emprisonnées. Des assassinats coordonnés étaient effectués grâce à ce réseau de surveillance, illustrant l’ampleur des atrocités commises dans le cadre de l’Opération Condor.
Les Disparitions et les Actes de Torture
Le nombre de personnes disparues à cause de l’Opération Condor varie, mais il est estimé qu’en Argentine seulement, environ 30 000 personnes ont disparu entre 1976 et 1983. En plus de cibler les gauchistes et les dissidents anti-autoritaires, la dictature argentine a également visé les Juifs pour des arrestations et disparitions.
Au Brésil, les estimations sont encore plus alarmantes, avec environ 60 000 disparitions. Les familles des victimes continuent de réclamer la vérité, mais les gouvernements ont accordé une immunité partielle aux responsables de l’Opération Condor, laissant les familles dans l’incertitude totale.
Les Camps de Détention et les Prisons
Face à un nombre croissant d’arrestations et de disparitions, les dictatures de droite ont établi des centres de détention et des prisons pour détenir et torturer les opposants. Parmi les plus notoires se trouvent la Villa Grimaldi au Chili et Automotores Orletti à Buenos Aires, où la violence et les conditions inhumaines étaient monnaie courante.
L’ancienne présidente brésilienne Dilma Rousseff a été emprisonnée au cours de cette période, illustrant l’étendue des arrestations et de la répression menées par l’Opération Condor.
Adoptions Illégales et Conséquences Tragiques
Outre les arrestations et les enlèvements, des centaines d’enfants sont devenus orphelins à cause de l’Opération Condor. Des cas d’adoptions illégales ont été répertoriés en Argentine, en Bolivie et en Uruguay, démontrant la cruauté et la froideur des régimes dictatoriaux soutenus par les États-Unis.
Ces enfants, arrachés à leurs familles, ont été victimes de politiques abjectes les envoyant dans des familles d’accueil ou à l’étranger, créant des souffrances indicibles pour les familles légitimes qui perdaient ainsi leurs enfants.
Phase III: Les Assassinats Hors du Continent
Si l’Opération Condor s’est principalement déroulée en Amérique du Sud, il y avait une phase III qui impliquait l’envoi d’équipes d’assassins vers des pays étrangers pour éliminer des personnes jugées subversives. L’assassinat d’Orlando Letelier à Washington en 1975 est considéré comme faisant partie de cette phase, mettant en lumière la collaboration des États-Unis dans ces actions meurtrières.
Impunité et Refus de Responsabilité
Malgré leur implication directe dans les atrocités de l’Opération Condor, les responsables américains ont refusé de prendre leurs responsabilités. Des appels à témoigner ont été lancés à Henry Kissinger, mais ce dernier a systématiquement refusé, mettant en lumière le manque de responsabilité des États-Unis dans ces crimes contre l’humanité.