La licorne, créature légendaire réputée pour son unique corne perçante, apparaît dans des récits anciens. Des fresques mésopotamiennes aux légendes indiennes et chinoises, les premières représentations évoquaient déjà un animal doté d’un pouvoir miraculeux. Dans la littérature grecque, le récit d’un animal étrange fut consigné par l’historien Ctesias vers 400 av. J.-C. Il décrivait une sorte d’âne sauvage indien, aux yeux bleus encadrant une tête pourpre, complétée par un corps d’un blanc immaculé et une corne aux nuances variées – rouge à son extrémité, noire au centre et blanche à sa base. Selon les récits, cette corne possédait des vertus protectrices contre divers maux. Même si la réalité de ces descriptions reste incertaine, nombreux sont ceux qui y voient une évocation des caractéristiques du rhinocéros indien.
Dans les contes, la vision de la licorne se fait plus pure, sublimée par son pelage d’un blanc éclatant, sa crinière fluide et sa longue corne en spirale. Toutefois, les premiers témoignages rappellent plutôt l’image d’un animal à l’allure caprine arborant cette corne colorée. Au fil du temps, les naturalistes de la Renaissance, notamment Konrad Gesner dans son ouvrage « Historiae Animalium » (1551), intégrèrent la licorne dans leurs catalogues, la décrivant comme une bête solitaire parfois engagée dans d’extraordinaires confrontations avec d’autres animaux sauvages. Ces récits nourrissaient une fascination grandissante et conféraient à la licorne par ailleurs une symbolique spirituelle, parfois associée à des figures religieuses.
Les écrits anciens mentionnent également cet animal mystérieux dans la Bible, bien que la traduction laisse place à l’incertitude. Lors de la traduction des Écritures hébraïques en grec vers 250 av. J.-C., le terme hébreu « re’em » déroute les érudits. Il est vraisemblable qu’il désignait autrefois un bœuf sauvage à corne unique, disparu depuis longtemps. Les Grecs baptisèrent cette créature « monokeros » (une seule corne) et, par la suite, saint Jérôme l’appela en latin « unicornis ». Lorsque la Bible fut traduite en anglais en 1611, le terme évolua pour devenir « unicorn » dans sa forme moderne.
Les textes sacrés évoquent la puissance et le caractère indomptable de cet animal :
- Les Nombres (23:22 et 24:8) soulignent sa force extraordinaire.
- Deutéronome (33:17), Psaume (22:21 et 92:10) mentionnent la corne perçante.
- Job (39:10) rappelle que la licorne demeure indomptée et ne cultive point la terre.
- Le Psaume 29:6 compare sa démarche à celle d’un veau qui gambade.
Certains historiens de l’art établissent un parallèle entre la licorne et la figure du Christ, en soulignant des récits et des œuvres visuelles où la bête purifie l’eau en y plongeant sa corne – une image reflétant symboliquement le sacrifice rédempteur du Christ.
Ainsi, l’héritage mythique de la licorne continue de fasciner. Elle se retrouve, par exemple, comme emblème national en Écosse, et le 9 avril est célébré chaque année en l’honneur de cette créature insolite.