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Les récentes nouvelles annoncent que le gouvernement français a « tombé. » Ce terme peut sembler alarmant et susciter des inquiétudes quant à une possible anarchie semblable à celle dépeinte dans des films tels que « The Purge ». Cependant, il est crucial de comprendre que cela signifie simplement que le Premier ministre, Michel Barnier, a été démis de ses fonctions. Pas de scénario catastrophique, mais plutôt une dynamique politique au sein du gouvernement.
Il est facile de comprendre pourquoi le mot « effondrement » soulève tant d’angoisse. Des exemples historiques montrent que lorsqu’un gouvernement s’effondre véritablement, cela peut mener à un chaos social. Prenez, par exemple, les États croisés au Levant, qui ont prospéré après la première croisade en 1098 avant de s’effondrer en 1291 en raison de guerres incessantes et de gestion inefficace. La civilisation sumérienne, qui a vu le jour vers 4500 avant notre ère, a également connu des transcriptions de forme gouvernementale au fil du temps, ce qui laisse perplexe quant à savoir si l’on peut parler d’un véritable effondrement.
La France a traversé trois révolutions entre 1789 et 1848, la première ayant permis à Napoléon Bonaparte de prendre le pouvoir, qui a alors dissous le Directoire sans que la vie des citoyens ne soit interrompue. Ces exemples illustrent que la notion d’effondrement peut varier grandement en fonction du contexte historique et géographique.
La situation actuelle en France se traduit par un effondrement gouvernemental qui s’apparente davantage à un fiasco bureaucratique qu’à une crise totale. Cela s’inscrit dans une tradition de gestion politique en France, laissant présager des étapes à suivre pour la suite des événements.
Comment le gouvernement français a-t-il ‘chuté’ ?
Pour saisir la situation actuelle en France, il est essentiel de comprendre la structure du gouvernement français. Ce dernier se définit comme une « coalition », rassemblant une multitude de partis politiques qui travaillent ensemble. Au niveau mondial, 146 gouvernements sont de type parlementaire, ce qui les rend intrinsèquement complexes, souvent chaotiques, et dépendants d’un consensus entre différentes factions pour produire des résultats simples. Une véritable « chute » nécessiterait une série d’événements chaotiques sur le terrain, ce qui n’est pas encore le cas en France.
La complexité de ce système est démontrée par les 21 partis politiques français, dont cinq sont considérés comme « majeurs ». Lors des élections présidentielles de 2022, douze candidats se sont affrontés, permettant à Emmanuel Macron de remporter un second mandat. En France, le président joue un rôle clé en nommant le Premier ministre, qui sélectionne ensuite les membres du gouvernement. C’est un processus d’approbation mutuelle qui nécessite coopération et coordination.
Mais que se passe-t-il lorsque cette coopération s’effondre ? Il faut se tourner vers le parlement français, divisé en deux chambres : le Sénat et l’Assemblée nationale, cette dernière étant composée de 577 sièges. Actuellement, 331 de ces membres envisagent de déposer un vote de censure contre le Premier ministre actuel, Michel Barnier, en fonction depuis juillet 2024. Cette situation pourrait bientôt laisser la France sans Premier ministre, suscitant ainsi l’idée, parfois exagérée, que le gouvernement français a « chuté ».
Que se passe-t-il maintenant en France ?
Il est crucial de souligner que si un gouvernement d’un autre pays venait à « s’effondrer », nous pourrions faire face à une situation bien différente, à la manière de cocktails Molotov et de guillotines sur le bord des routes. Cependant, si un gouvernement est structuré de manière robuste et basé sur un ensemble habile de règles interconnectées, une nation ne cessera pas de fonctionner simplement parce qu’elle connaît une défaillance temporaire, semblable à la manière dont une personne en bonne santé ne meurt pas spontanément d’un rhume. N’oublions pas tous les commerçants, bouchers, cafés, chauffeurs Uber, trains, écoles, etc., éparpillés à travers la France. Est-ce que tout le monde va arrêter de vivre sa vie et cesser d’avoir besoin de lait, de gaz, de transport, et autres, en l’absence d’un Premier ministre français durant un certain temps ? Évidemment non.
La véritable question à laquelle il convient de répondre est donc : Que se passe-t-il maintenant ? Comme indiqué précédemment, en l’absence de Premier ministre, le président est chargé de désigner un nouveau PM. Toutefois, le président français Emmanuel Macron a choisi son dernier Premier ministre, et l’Assemblée nationale a clairement déclaré son désaccord. Macron jouit actuellement d’une grande impopularité en France, ce qui pourrait avoir influencé le rejet de son choix de PM, Michel Barnier. Il est important de noter que Barnier a adopté un budget 2025 sans l’approbation du parlement.
Comme le souligne Le Monde, Macron n’est pas contraint de nommer un nouveau Premier ministre dans l’immédiat. Il peut également choisir quiconque il le souhaite, mais il est généralement sous pression pour désigner une personne qui bénéficie d’un certain soutien populaire afin d’éviter la situation actuelle. D’ailleurs, il sera particulièrement prudent dans son choix à venir. En attendant, un gouvernement « provisoire » constitué de différents ministres peut gérer les affaires courantes, mais ne peut pas adopter de nouvelles lois.
Vers l’avenir du gouvernement français
Il est intéressant de noter que le terme « effondrement » évoque souvent des visions bien plus catastrophiques que les particularités bureaucratiques quotidiennes. Dans le contexte de la chute du gouvernement français, tout comme dans d’autres nations démocratiques modernes, les leaders se reportent aux lois en vigueur et suivent les directives de leur constitution pour obtenir une résolution naturelle. Ce processus, aussi simple soit-il en théorie, est en réalité plus complexe à mettre en œuvre.
Des votes de confiance ont eu lieu par le passé en France, bien que plutôt rarement. La dernière occurrence remonte à 1962, lorsque le président Charles de Gaulle a dissous l’Assemblée nationale, l’organe qui a initié le vote de défiance actuel. À l’époque, un vote a été organisé pour élire de nouveaux membres de l’assemblée, et le Premier ministre est resté en fonction — un problème résolu.
La période la plus difficile de l’histoire politique française récente s’est étendue de 1947 à 1958, durant laquelle le pays a connu pas moins de 20 gouvernements successifs.
Actuellement, The Conversation propose trois scénarios possibles pour l’avenir de la France. Premièrement, le président Emmanuel Macron pourrait chercher à rassembler le soutien des partis orientés à droite de la coalition et choisir un nouveau Premier ministre parmi eux, une personne que l’Assemblée nationale n’hésiterait pas à approuver. Alternativement, il pourrait décider de s’allier avec des membres de coalition centriste pour choisir un Premier ministre issu de la gauche politique. Dans tous les cas, ces choix entraîneront des débats difficiles au sein du parlement.
Enfin, une option serait de rétablir Michel Barnier à son poste, à condition que son budget proposé — le point de discorde pour l’Assemblée nationale — soit redéfini.
Définir la ‘chute’ gouvernementale
Les subtilités de la « chute » du gouvernement français, c’est-à-dire le limogeage du Premier ministre, illustrent la complexité des effondrements gouvernementaux en général. La situation actuelle en France représente un scénario parmi tant d’autres à travers le monde, chacun possédant sa propre structure, ses législations, ainsi que ses pièges menant à l’effondrement et ses recours favorisant la stabilité. En vérité, il est impossible de passer en revue chaque scénario pour tous les pays. Ce que nous pouvons faire, c’est un exercice de pensée sur ce qui se passerait si un pays comme les États-Unis rencontrait une situation similaire.
Il est délicat de définir « chute » dans le contexte américain. De nombreuses sources en ligne abordent ce sujet de manière hyperbolique, confondant les erreurs gouvernementales avec l’anéantissement de la civilisation. Des entités comme le Cascade Institute ont même suggéré en 2022 que le Canada devait se préparer à une éventuelle descente des États-Unis vers une « dictature de droite », car « nous vivons dans un monde où l’absurde devient régulièrement réel et l’horrible banal. » De même, Declassified UK discute en termes grandioses de « la fin d’un empire » et de sa « machinerie cachée », y compris « brutalité, mensonge, cruauté et auto-illusions dangereuses. »
Ces sources manquent souvent de spécificités et se concentrent sur des visions apocalyptiques, sans clarifier les réalités du terrain. Si le gouvernement américain devait « s’effondrer », cela prendrait d’abord la forme d’un léger accro sur les rouages gouvernementaux, semblable à ce que la France connaît actuellement, plutôt qu’un chaos total et un carnage dans les rues. Pensez à une procédure de destitution présidentielle : il existe une procédure, les citoyens suivent la procédure, celle-ci produit des résultats connus et la vie continue.
Le scénario d’effondrement le plus catastrophe
Il est facile d’imaginer les pires conséquences d’un effondrement gouvernemental en France ou ailleurs, et ce spectacle apocalyptique continue de préoccuper l’imagination collective. Pensez à la pénurie de papier toilette pendant la COVID-19, multipliée par un million. Les voisins se battant pour de l’eau en bouteille, l’utilisation de machettes contre les cambrioleurs, des pères pointant des fusils de chasse à l’entrée de bunkers souterrains alors que des enfants sales s’entassent et pleurent en arrière-plan, des hordes déchaînées saccageant et se délectant du sang des innocents et des damnés… vous saisissez l’idée.
Cet effondrement serait non seulement celui du gouvernement, mais de la société et de la civilisation dans son ensemble. Un véritable échec de l’humanité. La violence physique, l’absence de réseaux électriques, la pénurie de nourriture et d’eau : de telles conséquences seraient sur le plan local. Toutefois, dans un monde totalement interconnecté, un effondrement sociétal en France ne resterait pas confiné à nos frontières. Selon un groupe de services financiers, les répercussions économiques s’étendraient à l’échelle mondiale, provoquant une hyperinflation similaire à celle vécue par l’Allemagne après la Première Guerre mondiale, où une brouette pleine d’argent ne suffisait même pas à acheter un journal.
Puis il y a la perspective d’une dépression économique totale, un manque d’emplois, l’effondrement des systèmes bancaires (ce qui entraînerait l’échec des méthodes de paiement électroniques), la dévaluation de la monnaie (l’euro, notamment) et l’absence d’entretien urbain lié aux infrastructures, à la maintenance des routes, à la collecte des ordures, et bien plus encore. Voilà le scénario d’effondrement gouvernemental le plus catastrophique, que nous espérons ne jamais connaître.