Antarctique : La vérité sur la température et la banquise

par Olivier
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Antarctique : La vérité sur la température et la banquise
Antarctique

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L’essentiel

  • L’Antarctique plus chaud il y a mille ans ? Des internautes climatosceptiques diffusent cette affirmation sur les réseaux sociaux.
  • En réalité, les reconstitutions de température pour l’Antarctique il y a 1 000 ans comportent une marge d’erreur importante.
  • Contrairement à l’affirmation selon laquelle le continent aurait « gagné cette année 100 milliards de tonnes de glace », la Nasa estime que l’Antarctique perd en moyenne 136 milliards de tonnes de glace par an.

Et si finalement la banquise ne diminuait pas, et que l’Antarctique, justement, devenait de plus en plus froid ? « Il y a mille ans, Antarctique était plus chaud qu’aujourd’hui ! Certaines régions étaient même plus chaudes dès 700 après JC », affirment des internautes ces dernières semaines sur les réseaux sociaux. Ils illustrent leurs propos avec des graphiques et évoquent « des colonies d’éléphants de mer, phoques et manchots prospérant dans des zones libres de glace ».

Une publication accompagnée d’un message sur Twitter circule comme preuve : https://twitter.com/AssoClimatoReal/status/1970203720559583569?ref_src=twsrc%5Etfw

Fake off

Ces publications sont notamment relayées par un compte nommé « Association des Climato-Réalistes », qui partage de nombreux contenus climatosceptiques. Les études existantes sur le sujet montrent qu’il existe « une très forte barre d’erreur sur la température d’il y a 1 000 ans ». Une revue publiée en 2017 et des travaux plus récents soulignent la brièveté et la rareté des observations directes dans la région antarctique, de même que l’ampleur de la variabilité climatique à l’échelle interannuelle ou décennale (cp.copernicus.org/articles/13/1609/2017/, nature.com/articles/s41558-023-01791-5).

Les chercheurs soulignent qu’ignorer la variabilité décennale « pourrait conduire à une sous-estimation de l’ampleur du réchauffement anthropique et de ses conséquences en Antarctique ». Pour évaluer le réchauffement climatique, il est donc essentiel de se concentrer sur les dernières décennies : les observations indiquent une hausse des températures comprise entre 0,22 et 0,32 °C par décennie en Antarctique, soit un réchauffement environ deux fois plus rapide que la moyenne mondiale (l’Arctique, lui, se réchauffe trois à quatre fois plus vite).

L’Antarctique perd 136 milliards de tonnes de glace par an

Si le continent se réchauffe, la banquise ne peut pas durablement s’étendre. La banquise d’hiver de l’Antarctique a atteint son troisième plus bas niveau en près d’un demi-siècle d’observations satellitaires, les hivers 2023 et 2024 figurant parmi les moins étendus.

Par ailleurs, selon les rapports climatiques de la Nasa, « l’Antarctique perd de la masse de glace (fondu) à un rythme moyen d’environ 136 milliards de tonnes par an ». Ces statistiques sont calculées à partir de données satellitaires mesurant les calottes glaciaires (climate.nasa.gov/vital-signs/ice-sheets/).

La fausse information selon laquelle « l’Antarctique a gagné cette année 100 milliards de tonnes de glace » refait régulièrement surface en raison de la variabilité saisonnière et régionale de la banquise : certaines années ou certains secteurs, notamment à l’est, peuvent afficher une extension supérieure, sans que cela ne compense la perte observée en Antarctique de l’Ouest.

Comme le résume Alain Mazaud, chercheur émérite au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement : « Très localement tout est possible ; quand on regarde un endroit donné et un moment donné, on peut avoir de la variabilité. Mais pour le réchauffement climatique, il faut regarder la tendance sur plusieurs années. »

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