Science : Myxozoa et la respiration
Dans une découverte qui bouleverse les acquis de la zoologie, des chercheurs ont identifié un animal multicellulaire dépourvu de respiration telle que nous la connaissons. Cette réalité inattendue remet en question l’idée selon laquelle tous les animaux pluricellulaires ont nécessairement besoin de mitochondries pour produire de l’énergie.

Selon une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), le Myxozoa — un parasite microscopique — ne possède ni mitochondries fonctionnelles ni génome mitochondrial. En d’autres termes, cet organisme n’utilise pas la respiration mitochondriale pour convertir l’oxygène en énergie.
Les auteurs de l’étude interprètent ce phénomène comme un exemple d’« allègement évolutif » : au fil du temps, certains organismes simplifient leur patrimoine génétique et leurs structures biologiques pour gagner en efficacité. Comme l’a dit Antoine de Saint‑Exupéry, « la perfection est atteinte non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer » — une idée qui illustre bien ce type d’adaptation.
Points clés à retenir :
- Organisme concerné : Henneguya salminicola, un myxosporea du groupe Myxozoa.
- Absence de génome mitochondrial identifié, et donc absence de respiration cellulaire classique.
- Mode de vie parasitaire : ces organismes se nourrissent des tissus musculaires de poissons, réduisant d’emblée le besoin de métabolisme oxygénodépendant.
- Conséquence évolutive : perte de tissus complexes (nerfs, muscles) et simplification générale observées chez ces parasites.

Le spécimen étudié, Henneguya salminicola, parasite essentiellement les poissons et peut affecter des populations aquatiques entières en s’attaquant aux muscles. Dorothée Huchon, biologiste co‑auteure de l’étude, a expliqué dans une interview à LiveScience (LiveScience) que ces organismes ont perdu leurs tissus, leurs cellules nerveuses et leurs muscles — et désormais leur capacité à respirer.
Cette découverte place le Myxozoa au centre des réflexions sur l’évolution des métabolismes et illustre comment la simplification structurelle peut constituer une stratégie adaptative dans certains environnements. Le cas de Henneguya salminicola invite à reconsidérer les frontières de ce que nous définissons comme « animal » en biologie et ouvre de nouvelles pistes pour étudier la diversité des modes de vie microscopiques.
