Science : dommages cérébraux chez les pollinisateurs
Une étude menée à l’université d’Imperial College London révèle que l’exposition aux pesticides pendant la phase larvaire entraîne des lésions cérébrales durables chez les abeilles, compromettant leur capacité d’apprentissage et leurs fonctions cognitives. Ces effets se produisent même lorsque l’exposition n’est pas directe : des larves nourries avec du nectar contaminé apporté par des butineuses peuvent subir des altérations irréversibles du développement cérébral. Cette découverte soulève des inquiétudes majeures pour la santé des colonies et la pollinisation.

Les chercheurs ont utilisé des scanners micro‑CT et des tests cognitifs pour comparer plusieurs groupes :
- abeilles exposées aux néonicotinoïdes durant la larve ;
- abeilles exposées seulement à l’âge adulte ;
- abeilles non exposées (groupe témoin).
Les résultats montrent une réduction significative de la masse cérébrale chez les insectes exposés dès la larve, avec des pertes particulièrement marquées dans une région appelée « mushroom body » — essentielle pour l’apprentissage et la mémoire. Les analyses indiquent que ces déficits ne s’améliorent pas avec le temps : après douze jours d’observation, les fonctions cognitives affectées ne présentaient aucune récupération, suggérant une lésion potentiellement permanente compte tenu de la courte durée de vie des abeilles.

Comme l’explique le chercheur principal, le fonctionnement d’une colonie s’apparente à celui d’un superorganisme : lorsque les jeunes sont alimentés avec des ressources contaminées, certaines zones du cerveau se développent moins, conduisant à des adultes ayant des cerveaux plus petits et moins performants. Ces conclusions, rapportées notamment par SciTechDaily (https://scitechdaily.com/baby-bee-brain-development-impaired-by-pesticides-permanent-and-irreversible/), renforcent l’urgence d’évaluer l’impact des pesticides sur les populations d’abeilles et sur les services écosystémiques qu’elles fournissent.
Points clés pour les lecteurs intéressés par les enjeux scientifiques et environnementaux :
- Les néonicotinoïdes peuvent affecter durablement le développement cérébral des abeilles lorsqu’ils sont ingérés à l’état larvaire.
- La zone cérébrale impliquée dans l’apprentissage est particulièrement vulnérable.
- Les effets observés semblent irréversibles à l’échelle de la vie d’une abeille adulte.
Ces données apportent un éclairage scientifique important sur la manière dont l’utilisation des pesticides contribue au déclin des pollinisateurs et renforcent la nécessité de stratégies de protection adaptées pour préserver la biodiversité et la pollinisation.
