Koko, la gorille devenue célèbre dans le monde entier, s’est distinguée par sa capacité à communiquer avec les humains grâce au langage des signes. Selon CNN, cette gorille des plaines de l’Ouest comprenait environ 2 000 mots anglais parlés au moment de son décès en 2018, et pouvait suivre les conversations humaines. Koko a même échangé avec des personnalités renommées telles que Mister Rogers et Robin Williams.
Née en 1971 au zoo de San Francisco, Koko a commencé à apprendre le langage des signes dès son plus jeune âge. Trois ans plus tard, elle a été transférée à l’université de Stanford, où des chercheurs ont pu travailler plus étroitement avec elle. En 1976, ils ont créé The Gorilla Foundation, une organisation à but non lucratif dédiée à la protection des gorilles par la recherche et l’éducation autour de la communication interespèces. Ce projet, connu sous le nom de « Project Koko », reste la plus longue étude jamais réalisée sur la communication entre espèces.
Koko a su toucher le cœur du public par son langage souvent malicieux et son attachement à ses chatons. Elle a offert des aperçus profonds des capacités cognitives et émotionnelles des gorilles. Toutefois, la profondeur réelle de sa compréhension linguistique a suscité débat : Koko dialoguait-elle vraiment ou reproduisait-elle simplement les gestes observés ? Explorons plus en détail ses compétences communicatives pour en apprécier toute la complexité.
Une compréhension créative et complexe du langage
Koko utilisait une forme modifiée du langage des signes appelée « Gorilla Sign Language ». D’après The Atlantic, elle a démontré dès son plus jeune âge créativité et compréhension du langage. À seulement quelques années, elle employait le signe « reine » pour se désigner, alors que ce signe était rarement utilisé par ses éducateurs. Francine Patterson, psychologue responsable de son apprentissage, explique : « Koko comprend qu’elle est spéciale, grâce à toute l’attention reçue de la part des professeurs, des soignants et des médias ».
Au-delà de simples traits de caractère comme la vanité, Koko manifestait également des émotions telles que l’empathie, la capacité à argumenter, voire à proférer des insultes. Francine Patterson relatait en 1978 dans National Geographic comment Koko avait utilisé les signes « oiseau » et « noix » pour insulter un chercheur lors d’un différend. La chercheuse croyait même que Koko pouvait mentir, un comportement difficile à démontrer de façon catégorique chez un gorille. « Lorsque Koko se sert du langage pour argumenter, plaisanter, exprimer son mécontentement ou se sortir d’une situation délicate, elle exploite la langue comme nous le faisons, humains », affirmait-elle.
Koko et la sensibilisation au changement climatique
En 2015, The Gorilla Foundation s’est associée à Noé Conservation pour diffuser une vidéo appelant les dirigeants mondiaux à agir face au changement climatique lors de la Conférence de Paris sur le Climat. Dans cette vidéo, Koko signe : « Homme Koko aime. Terre Koko aime. Mais Homme bête… Koko pleure… Le temps presse ! Répare Terre ! Aide Terre !… Protège Terre… Nature te regarde. »
Néanmoins, le niveau de compréhension de Koko sur le changement climatique a été mis en doute. Selon Snopes, ce message n’était pas authentique mais plutôt une mise en scène anthropomorphique. Un article de 2014 dans Slate souligne l’absence de consensus scientifique quant aux capacités expressives réelles des grands singes. Beaucoup d’études similaires à celle de Koko n’ont pas rencontré le même succès et ont même donné lieu à des controverses au sein de la communauté scientifique.
Barbara King, anthropologue biologique, a qualifié la vidéo de « coup médiatique » dans une interview accordée à NPR. Elle reconnaît que, bien qu’un animal comme Koko puisse partager certaines émotions et pensées humaines, il est impossible qu’elle saisisse les subtilités complexes des interactions dynamiques entre humains et nature à l’origine du changement climatique.
