La science derrière la « neige de sang »
En abordant l’aspect scientifique, il convient d’examiner ce que recouvre réellement l’expression « neige de sang » et pourquoi ce phénomène inquiète les climatologues. L’apparition d’étendues rouges sur la banquise n’est pas seulement spectaculaire : elle affecte aussi la capacité de la neige à réfléchir la lumière.

Les nappes de couleur rouge qui ternissent habituellement la blancheur des champs de neige sont dues à des organismes microscopiques. Plutôt que du sang, il s’agit d’amas d’algues adaptées aux milieux neigeux. Ces floraisons apparaissent particulièrement pendant l’été antarctique, lorsque les températures favorisent l’activité de ces micro-organismes.

Les éléments essentiels, tels qu’observés par les chercheurs, se résument ainsi :
- Les algues responsables appartiennent au groupe de Chlamydomonas nivalis, qui reste en dormance durant l’hiver et prolifère au retour des conditions plus clémentes.
- Ce sont des pigments appelés caroténoïdes qui confèrent aux spores leur teinte rougeâtre — les mêmes familles de pigments que l’on trouve dans des légumes comme la carotte ou la citrouille.
- Lorsque ces algues couvrent la neige, la réfléchissance de la surface diminue, ce qui entraîne une absorption accrue du rayonnement solaire et une fonte plus rapide.
Les observations récentes signalent une intensification des floraisons corrélée à des températures estivales exceptionnellement élevées. Des chercheurs ukrainiens ont d’ailleurs souligné sur les réseaux sociaux : « Les floraisons de neige contribuent au changement climatique. À cause de leur couleur rouge‑cramoisie, la neige réfléchit moins la lumière et fond plus vite. En conséquence, cela favorise encore davantage les algues lumineuses. »
Autrement dit, la « neige de sang » pourrait alimenter une boucle de rétroaction : plus d’algues foncent la surface, plus la neige absorbe de chaleur, et plus les conditions deviennent favorables aux nouvelles floraisons. Cette dynamique soulève des enjeux importants pour la compréhension des processus de fonte en Antarctique et pour l’évolution du climat.
