Perception et mémoire sensorielle chez les bourdons
Dans la continuité des découvertes surprenantes sur la cognition des insectes, de nouvelles expériences montrent que les bourdons possèdent une capacité inattendue : retrouver des objets dans l’obscurité qu’ils n’avaient vus qu’à la lumière. Ce constat oblige à réexaminer ce que nous considérons unique à la perception humaine et ouvre des pistes fascinantes pour comprendre la mémoire multisensorielle chez ces insectes.

Rappelant des études antérieures — comme celle où des abeilles apprenaient à pousser un ballon — ces expériences confirment que de petits cerveaux peuvent accomplir des tâches surprenantes. Des équipes de recherche basées à Londres et à Sydney ont testé la capacité des bourdons à former des représentations mentales d’objets en combinant informations visuelles et tactiles.

Les protocoles expérimentaux, simples mais révélateurs, ont mis en évidence deux performances clés :
- Apprentissage visuel puis recherche dans l’obscurité : des bourdons ont été récompensés par de l’eau sucrée lorsqu’ils identifiaient visuellement une forme (cube ou sphère). Lorsqu’on leur a ensuite permis de chercher ces objets dans le noir, ils ont choisi préférentiellement la forme associée à la récompense, malgré l’absence de contact préalable.
- Apprentissage tactile puis identification à la lumière : inversement, des individus ayant seulement touché une forme dans l’obscurité ont su reconnaître la même forme ensuite à la lumière, sans pouvoir la toucher durant l’épreuve visuelle.
Ces résultats suggèrent que les bourdons peuvent créer et utiliser des représentations mentales multisensorielles d’objets — une compétence assimilée à une forme de conscience perceptuelle chez les mammifères. Ils invitent à repenser les frontières de l’intelligence animale et le rôle des différents sens dans la formation de la mémoire.
En guise de transition vers la section suivante, ces observations posent la question de l’émergence de processus cognitifs complexes chez des cerveaux minimes et de leurs implications pour l’étude de l’évolution de la cognition chez les insectes.
