Société
Mickaël Bosredon – Publié le 14/02/2025 à 11h34 • Mis à jour le 14/02/2025 à 11h49 –
Entre la fin des années 1950 et le début des années 2010, de nombreux faits de violences et de violences sexuelles auraient été perpétrés sur des élèves par des membres du clergé, des laïcs et même entre camarades, au sein d’un établissement privé béarnais connu pour ses pratiques « à la dure ». Plusieurs témoignages, en particulier ceux d’anciennes victimes, contredisent la défense du Premier ministre et maire de Pau, lequel, ayant scolarisé trois de ses enfants dans cet institut dans les années 1990, affirme n’avoir jamais eu connaissance des agissements qui s’y déroulaient.
Parmi les faits retenus :
- Des plaintes sporadiques, suivies de quelques procès, ont jalonné l’histoire de cet établissement.
- La création, en 2023, d’un collectif d’anciennes victimes a marqué un tournant décisif en révélant de nouveaux témoignages.
- Près de 120 plaintes ont été déposées auprès du procureur de Pau, donnant à l’affaire Bétharram une ampleur médiatique grandissante.
François Bayrou, figure politique locale de longue date – ancien ministre de l’Éducation nationale (1993-1997) et président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques (1992-2001) –, n’était pas sans lien avec l’établissement puisque ses enfants y étaient scolarisés et son épouse y enseignait le catéchisme. Dans ses déclarations répétées devant les instances parlementaires et relayées dans la presse, il réaffirme son ignorance totale quant aux faits dénoncés, niant toute intervention ou connaissance préalable des violences commises.
Plusieurs anciens témoins, ainsi que l’avocat Jean-François Blanco, chargé d’une affaire médiatisée dans les années 1990, dénoncent l’impossibilité qu’un responsable politique basé à Pau, dans une institution au renom établi, ignore une réalité aussi troublante. Des récits poignants, notamment celui d’un jeune élève victime d’un sévère traitement disciplinaire en 1993, viennent alimenter le questionnement sur l’attitude et la responsabilité de Bayrou à l’époque.
L’affaire a pris une dimension dramatique avec l’éclatement de l’affaire du père Carricart en 1998, où l’ancien directeur de l’établissement se trouve accusé de viols et de tentatives de viol, aboutissant à une procédure judiciaire fortement médiatisée. Ce contexte soulève aujourd’hui une interrogation récurrente concernant la connaissance et le silence du Premier ministre sur des événements qui, selon plusieurs témoignages, eurent un retentissement considérable à l’échelle locale.
Alain Esquerre, à l’origine du collectif d’anciennes victimes, estime quant à lui qu’un droit fondamental de vérité et d’exactitude doit prévaloir. Il demande la mise en place d’une commission d’enquête afin de révéler l’ensemble des dysfonctionnements qui ont permis à ces faits de perdurer, et souligne que la vague de nouvelles plaintes, notamment pour viols, ne fait que confirmer la gravité du dossier.