Shiori Itō : Briser le mythe de la victime parfaite au Japon

par Olivier
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Shiori Itō : Briser le mythe de la victime parfaite au Japon
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Shiori Itō : briser le mythe de la victime parfaite au Japon

Shiori Itō, âgée de 35 ans, est une figure marquante au Japon après avoir été victime d’un viol en 2015 par un homme influent, directeur d’une chaîne de télévision, alors qu’elle était étudiante en journalisme. Elle a choisi de partager son expérience à travers le documentaire Black Box Diaries, qui a été cité aux Oscars cette année et qui vise à sensibiliser sur la réalité des violences faites aux femmes.

Dans une interview, elle évoque son parcours et son état d’esprit dix ans après les événements traumatisants qu’elle a subis. Itō confie avoir moins peur aujourd’hui et se sentir plus optimiste, aspirant à un endroit accueillant. Sa relation compliquée avec son pays d’origine se poursuit, car son film n’est toujours pas diffusé au Japon. Malgré des moments de désespoir, son sentiment de sécurité s’améliore avec le temps.

Pressions et insécurités

Interrogée sur d’éventuelles menaces qui pèsent encore sur elle au Japon, Shiori Itō n’hésite pas à répondre qu’elle ne se sentirait pas en sécurité, en raison des violences psychologiques et des insultes reçues après avoir porté plainte. Elle garde l’espoir que les choses changeront et souhaite retourner dans son pays, qu’elle considère avec amour malgré ses luttes.

Le processus de création du film

Avant de réaliser le documentaire, Shiori a écrit un livre. Elle a d’abord hésité à se mettre en avant, craignant que son statut de journaliste compromette son objectivité. Au fil du temps, elle a compris qu’il était essentiel de raconter son histoire du point de vue d’une survivante. Pour cela, elle a rassemblé des documents et a travaillé à Londres, entourée par la bienveillance de ses amis, permettant d’organiser le contenu du film. Son observation selon laquelle plusieurs documentaires aux Oscars racontent des récits personnels témoigne d’une nécessité collective de s’exprimer.

Un message percutant

Avec Black Box Diaries, Shiori Itō cherche à déconstruire le mythe de la « victime parfaite ». Elle dénonce les jugements portant sur sa tenue vestimentaire et son comportement lors de son témoignage, des éléments souvent utilisés pour remettre en question la crédibilité d’une victime. Son film, intitulé Boîte noire, appelle à une évolution des mentalités au Japon et à l’international, particulièrement face aux abus qui s’accompagnent de pouvoir et de corruption.

Les leçons de la lutte

À travers ces années de combat, elle a découvert la solidarité auprès de nombreuses personnes bienveillantes. Cette expérience lui a permis de croire en la bonté humaine et de valoriser l’art de raconter les histoires. Pour elle, transformer son trauma en film constitue une façon de le domestiquer et d’inspirer d’autres. Elle encourage toutes les victimes à parler, à ne pas se cacher, et à chercher du soutien.

Avenir cinématographique

Shiori Itō envisage de poursuivre sa carrière de cinéaste en réalisant à la fois des fictions et des documentaires. Malgré les marques laissé par son traumatisme, elle ne souhaite pas que cela la définisse entièrement. Elle continue de mener une vie sociale active, partageant des moments joyeux avec ses amis et ses animaux de compagnie. Les échos positifs reçus suite à la sortie de son film renforcent sa motivation.

Un appel aux victimes

Pour conclure, Shiori Itō appelle toutes les victimes de viol à s’exprimer. Elle insiste sur l’importance de ne pas laisser la honte les envahir et de trouver des personnes de soutien. Elle les encourage à transformer leur douleur en œuvres artistiques, ce qui peut offrir des perspectives nouvelles et réduire la souffrance. Sa force réside dans sa capacité à espérer un avenir meilleur, le défi quotidien qu’elle s’efforce de relever.

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