Témoignages poignants des femmes de condamnés de l’affaire Pelicot

par Olivier
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Témoignages poignants des femmes de condamnés de l'affaire Pelicot
France

Témoignages poignants des femmes de condamnés de l’affaire Pelicot

Dans le documentaire Affaire Pelicot, les femmes de Mazan, diffusé sur Téva, les réalisatrices Alyssa Makni et Delphine Welter donnent la parole à des femmes – filles et mères – des hommes condamnés pour le viol de Gisèle Pelicot. La quasi-totalité de ces femmes exprime un soutien indéfectible à leurs proches, malgré la présence de preuves accablantes. Certaines restent dans le déni, tandis que d’autres aient choisi de pardonner. Coralie, par exemple, déclare : « Mon papa, c’est l’homme de ma vie. Il a toujours tout fait pour nous. Jamais de la vie il aurait fait du mal à une femme. Jamais. »

Le procès a révélé des silhouettes voûtées sortant de la salle d’audience, cachant leurs visages. Ces femmes, épouses, mères ou filles des cinquante accusés de l’affaire des viols de Mazan, sont confrontées à une vague de journalistes et de militantes féministes venant soutenir Gisèle Pelicot. Alyssa Makni explique : « Derrière ces hommes, il y a des femmes. En tant que femmes, nous nous sommes mises à leur place. » Sept femmes témoignent de manière anonyme dans ce film.

Le choc du déni

Les mots « C’est pas possible » reviennent fréquemment dans les témoignages. Samia, la compagne d’un accusé, exprime sa surprise avec une phrase : « C’est pas possible, elle a l’âge de ma mère. » Pour beaucoup de ces femmes, le soutien à leurs proches est une réaction instinctive. Nathalie, mère d’un accusé, a d’abord refusé de croire aux accusations, mais a ensuite dû faire face à la réalité des faits. « C’était impardonnable. Je lui en ai énormément voulu. » Elle ressent désormais une culpabilité profonde, se demandant si elle avait mal éduqué son fils.

Un paradoxe déconcertant

Dans les déclarations, certaines phrases sont frappantes. Fanny, la compagne d’un accusé, minimise les actes en disant : « On ne juge pas quelqu’un pour 28 secondes en caleçon », en référence à une vidéo incriminante. Ce documentaire souligne que les accusés ont été condamnés en partie grâce à 200 000 photos et vidéos collectées par l’ex-mari de Gisèle Pelicot, considérées comme des preuves irréfutables. Les réalisatrices vont à la rencontre de spécialistes, avocates et psychologues, pour expliquer ce phénomène. Joanna Smith, une thérapeute, déclare que « les femmes recyclent souvent les propos de l’agresseur » et que beaucoup d’entre elles ont elles-mêmes été victimes de violences antérieures.

Le cas de Clara

Clara, la mère des enfants de l’un des accusés, réalise à quel point elle a été maltraitée tout en discutant avec les réalisatrices. Elle se retrouve face à la violence de la vérité : « J’aurais préféré mourir que rester dans le lit de mon ex-mari. » Après le choc des événements, son mari cherche à justifier ses actes, mais pour Clara, quitter cet homme devient une nécessité.

Des choix difficiles

Malgré les chocs et les révélations, certaines femmes ont choisi de pardonner. Nathalie, souvent en proie à des conflits de loyauté, affirme : « Je l’aime toujours autant, c’est mon fils. » Patricia, quant à elle, a quitté son mari après sa mise en examen mais a fini par revenir. Elle déclare : « Je lui ai pardonné, mais je ne cautionne pas ses actes. » Beaucoup de ces femmes affirment respecter la victime, Gisèle Pelicot. Coralie insiste : « Je soutiens mon père mais je ne minimise pas ce qui est arrivé à madame Pelicot. »

Périls et stigmates

La médiatisation du procès a exacerbé la pression sur ces femmes, dont les noms et photos ont été largement diffusés. Samia témoigne de la violence des réactions : « Grosse pute j’espère qu’un jour tu te feras violer. » Nathalie partage son propre vécu : « Des personnes que je connaissais depuis mes 6 ans m’ont dit que je devrais avoir honte d’avoir un fils violeur. Mais c’est lui le fautif, pas moi. »

Au-delà des insultes, ce qui les préoccupe, c’est le sort de leurs hommes. Coralie, juste après la condamnation de son père à huit ans de prison, confie : « On va espérer que personne ne lui fasse du mal. J’ai peur. » Clara, pour sa part, s’inquiète pour ses enfants, craignant qu’ils soient stigmatisés à cause de leur père. Les peines infligées aux 50 accusés vont de trois à dix-huit ans de prison. Seul le compagnon de Fanny a fait appel.

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