La Vie Après la Yakuza : Défis et Réinsertion en Japon

par Olivier
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La Vie Après la Yakuza : Défis et Réinsertion en Japon
Japon

Que se passe-t-il lorsque l’on quitte la yakuza ?

Peu de syndicats criminels ont captivé l’imagination comme la yakuza. Peut-être en raison de ses tatouages colorés et audacieux, évoquant les estampes ukiyo-e traditionnelles, ou de la mystérieuse culture japonaise, intimement liée à des visions romancées de samouraïs, d’anime et de néons de Tokyo. Cependant, quitter la yakuza s’avère être tout aussi complexe que d’y entrer et engendre de nombreux défis.

Pour de nombreux anciens membres, la vie après la criminalité ressemble à celle d’anciens détenus : tâchant de se réinsérer. Certains, comme Yoshimoto Morohashi et Ryuichi Komura, ont profité de leur incarcération pour obtenir des certifications avant de quitter le groupe, tandis que d’autres, comme Yuyama Shinya, ont eu des épiphanies avant de partir. Une thématique récurrente chez ceux qui témoignent de leur expérience est la difficulté de réintégrer la société en tant que « citoyens respectueux des lois ». Les personnes ayant des liens avec des organisations criminelles se voient souvent privées de nombreuses options en raison de leur passé : l’ouverture d’un compte bancaire, l’obtention d’un prêt ou même la signature d’un contrat de location peuvent leur être refusées. En somme, il semble que les anciens membres de la yakuza soient liés à leur passé.

Tatouage dans le dos d'un membre de la yakuza

Quitter la yakuza — ou juste fuir

La première étape pour commencer une nouvelle vie après la yakuza est de quitter le groupe. Les modalités de ce départ sont peu claires et relèvent souvent d’anecdotes. Comme l’a mentionné Shinya Yuyama, ancien membre de la yakuza, il existe autant de façons de quitter ce milieu qu’il y a de membres. Il n’y a pas de méthode universelle ; chaque cas dépend des circonstances personnelles et des exigences du chef de la cellule à laquelle on appartient. Yuyama, par exemple, a eu une bonne relation avec son supérieur, mais il n’a pas divulgué les détails de son départ, ce qui souligne la complexité de la situation.

Il est également essentiel de dissiper certaines idées reçues, notamment sur le fait de couper des doigts. Bien qu’il soit vrai que les membres qui enfreignent les règles peuvent subir l’amputation rituelle des doigts, cette pratique, connue sous le nom de « yubitsume », n’est pas une condition pour quitter la yakuza. Yuyama a précisé que la plupart des membres choisissent plutôt de disparaître que d’annoncer leur départ, ce qui peut s’avérer plus risqué en raison du risque que l’organisation les retrouve.

Les difficultés de commencer une nouvelle vie

À l’instar d’autres pays, les criminels au Japon font face à de nombreux obstacles pour se réinsérer. La peur du public, les limitations juridiques résultant de leur passé criminel, et parfois même la crainte de représailles de la part de l’ancien groupe peuvent rendre cette réinsertion ardue.

Comme le rapporte un ancien membre de la yakuza : « J’étais inquiet de savoir si quelqu’un comme moi, qui a été membre d’une bande pendant tant de temps, pouvait vraiment vivre dans la société normale. » Les défis s’intensifient pour ceux qui ont acquis du pouvoir et des relations au sein de l’organisation. Bien des anciens yakuza changent tout de leur personnalité, de leur accent aux manières, en passant par le choix des mots, mais certains voisins n’hésitent pas à rappeler leur passé.

Chaque ancien membre semble tracer un parcours unique après son départ. Yoshitomo Morohashi, par exemple, a consacré sept ans à étudier et à passer plusieurs examens, tandis que Ryuichi Komura a mis huit ans à obtenir l’examen de greffier judiciaire. D’autres, comme Tatsuya Shindo, se sont tournés vers des vocations religieuses, et Magomi Hashimoto est même entré en politique après avoir fui son passé criminel.

Le stigma des tatouages au Japon

Parmi tous les défis auxquels les anciens membres de la yakuza font face, la présence de tatouages pourrait sembler moins préoccupante. Cependant, ces marques corporelles représentent un obstacle de taille. En effet, dans de nombreux cas, un étranger tatoué peut être mieux accepté dans des lieux publics comme les bains, contrairement à un Japonais dont les tatouages sont souvent associés à la yakuza. Comme l’explique Yuyama, les tatouages peuvent être perçus comme une tentative d’intimidation, et leur présence freine l’accès à plusieurs professions. Pour se conformer à une vie normale, Yuyama a dû faire retirer une partie de ses tatouages.

Membre de la yakuza dans un bain public

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