Histoire
En 1977, Billy Milligan, âgé alors de 22 ans, se trouve au cœur d’une affaire retentissante dans l’Ohio. Accusé d’avoir agressé sexuellement trois étudiantes de l’Ohio State University sous la menace d’une arme, il contraint ses victimes à quitter le campus pour commettre ses actes, avant de les ramener près de l’établissement. Peu après, l’une des victimes l’identifie lors d’un face-à-face avec la police, ce qui conduit à son arrestation et à une incarcération pour violation de sa liberté conditionnelle.
Toutefois, Billy Milligan avance que ce ne sont pas lui, mais l’une de ses nombreuses personnalités qui a commis ces actes. Interrogé par les enquêteurs, il affirme n’avoir aucun souvenir des faits. Lors de son procès, il invoque un trouble dissociatif de l’identité, un argument qui aboutira, malgré l’identification par deux victimes et une empreinte digitale le liant à l’une des agressions, à une décision surprenante en sa faveur.
Pendant sa détention en attendant le procès, des experts médicaux du Harding Hospital observent chez lui la présence de 10 personnalités distinctes. D’autres spécialistes confirment par la suite l’existence de 24 identités différentes, allant d’un homme yougoslave dans la vingtaine à une fillette de trois ans. En 1978, Billy Milligan est acquitté et transféré dans un hôpital psychiatrique d’État plutôt qu’en prison, devenant ainsi le premier à avoir utilisé ce diagnostic pour se défendre, selon l’Associated Press.
Durant la décennie suivante, il séjourne dans un établissement psychiatrique du centre de l’Ohio. Entre-temps, il co-écrit en 1981 un ouvrage retraçant son expérience intitulé « The Minds of Billy Milligan ». En 1983, il s’engage à rembourser l’État pour un montant de 450 000 dollars, correspondant aux frais de ses traitements.
En 1986, son nom refait la une des journaux lorsqu’il s’évade de l’hôpital, demeurant en cavale pendant plusieurs mois avant d’être rattrapé par les autorités. Puis, en février 1987, il lance une grève de la faim qui durera 34 jours, entraînant une perte de plus de 50 livres. Un an plus tard, il est libéré et poursuit des soins complémentaires jusqu’en 1991.
Après son acquittement, Billy Milligan mène une vie nomade et s’installe en Californie, où il lance une société de production avec l’ambition de porter son histoire sur grand écran. À un moment donné, l’acteur Leonardo DiCaprio est pressenti pour incarner Milligan dans ce projet, bien que le film n’ait jamais vu le jour. En parallèle, des épisodes juridiques se multiplient, notamment une condamnation pour non-respect d’un engagement de remboursement des frais de traitement. L’État de l’Ohio finit par obtenir 170 000 dollars, une somme qui contribue à des difficultés financières allant jusqu’au dépôt de bilan.
Rétabli financièrement, Milligan retourne dans l’Ohio au début des années 2000. Cependant, la vie lui réserve encore des épreuves, et une maladie grave le fauchera en 2014 à l’âge de 59 ans. Son parcours, marqué par la controverse et la complexité de son trouble mental, fait aujourd’hui l’objet d’un documentaire diffusé sur Netflix, intitulé « Monsters Inside: The 24 Faces of Billy Milligan ».