Sardines en boîte : Menace du réchauffement climatique en Bretagne

par Olivier
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Sardines en boîte : Menace du réchauffement climatique en Bretagne
France

20 Minutes avec AFP

La sardine en boîte fait face à de sérieux défis, notamment en Bretagne, en raison du réchauffement climatique. En 2024, les pêcheurs bretons ont enregistré une récolte particulièrement médiocre, marquée non seulement par une rareté accrue mais aussi par une diminution significative de la taille des sardines. Selon l’Ifremer, la taille moyenne d’une sardine à âge égal a chuté de 50 % en quinze ans.

Une taille réduite implique pour les conserveries une augmentation considérable du travail manuel, notamment lors de l’étripage et de la mise en boîte, comme l’explique Jean-François Feillet, directeur qualité, sécurité et environnement chez Chancerelle. Cette difficulté s’est traduite l’an dernier par une production insuffisante pour répondre à la demande, notamment pour cette conserverie de renom située à Quiberon, qui travaille exclusivement avec du poisson frais.

Effondrement du zooplancton

La réduction de la taille des sardines impacte directement la productivité des conserveries. Caroline Hilliet Le Branchu, PDG de La Belle-Iloise, précise que certains produits risquent d’être en rupture de stock jusqu’à la mi-juillet, malgré l’engouement constant des Français pour ce poisson bleu. Chaque année, ils achètent plus de 16 000 tonnes de sardines, au prix moyen de 11 euros le kilo, appréciées pour leurs qualités nutritives.

Cette tendance n’est pas nouvelle. Déjà constatée chez la sardine méditerranéenne dont la pêcherie s’est effondrée dans les années 2000-2010, la diminution de taille est principalement attribuée à la hausse des températures océaniques qui modifie la composition du zooplancton, aliment essentiel des sardines. Le nombre de petits copépodes a augmenté tandis que celui des gros a diminué, ce qui force la sardine à consommer davantage de petites proies, moins nutritives, dans un environnement plus chaud et moins oxygéné. Ces conditions augmentent ses besoins énergétiques.

Pour Martin Huret, chercheur à l’Ifremer, « généralement, une hausse des températures dans les écosystèmes s’accompagne de tailles d’organismes plus petites ».

Report sur la sardine portugaise

Mathieu Doray, également chercheur à l’Ifremer, annonce que cette diminution devrait perdurer, avec au mieux une stabilisation de la taille et du poids des sardines. En parallèle, la biomasse de la sardine du golfe de Gascogne a été divisée par près de trois en vingt ans, s’approchant dangereusement du seuil critique considéré comme un effondrement des stocks.

Jean-François Feillet souligne que la conserverie Chancerelle dépend de sardines fraîches locales pour ses produits haut de gamme. Pour pallier le déficit, certaines conserveries s’approvisionnent désormais au Portugal, en Espagne, voire au Maroc avec du poisson congelé.

Face à cette situation, certains acteurs de la filière suggèrent l’interdiction de la pêche à la sardine durant l’hiver afin de favoriser le renouvellement des stocks. Cependant, les bolincheurs bretons, spécialistes de la pêche à la sardine au filet tournant, sont fortement dépendants de cette ressource, surtout depuis que leurs quotas de chinchards et maquereaux ont été fortement réduits. Ce métier, autrefois très prisé, compte désormais seulement 21 bateaux actifs, avec un attrait décroissant auprès des jeunes pêcheurs.

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