Le Quagga pourrait renaître grâce à un projet en Afrique du Sud

par Olivier
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Le Quagga pourrait renaître grâce à un projet en Afrique du Sud
Afrique du Sud, Namibie

Le quagga, une espèce éteinte de zèbre reconnue pour sa particularité visuelle — des rayures uniquement sur la partie avant tandis que l’arrière est dépourvu de ces motifs — pourrait bientôt refaire surface grâce à un ambitieux projet de sélection génétique en Afrique du Sud. Ce qu’on appelle communément « projeter la renaissance du quagga » est en fait un programme ciblé pour reconstituer cette espèce à partir de zèbres actuels proches génétiquement.

Quagga des années 1800 en captivité

Le Quagga Project, situé près de Robertson en Afrique du Sud, est né en 1987 avec l’objectif de réparer les conséquences désastreuses de la chasse intensive et de l’extermination planifiée qui ont conduit à la disparition totale du quagga, dont le dernier spécimen en captivité est mort en 1883. Ce projet n’utilise pas la clonage, mais la sélection génétique : à partir d’un groupe restreint de zèbres de plaine, neuf individus capturés en Namibie, on pratique des croisements successifs destinés à faire réapparaître progressivement les caractéristiques physiques du quagga.

Comment le quagga a disparu

Groupe de zèbres réunis

Les zèbres, avec leurs grandes oreilles et leur pelage rayé noir et blanc, sont souvent perçus comme des animaux charismatiques. Contrairement à la croyance populaire, leurs rayures ne servent pas à se camoufler, mais probablement à éloigner les moustiques. Pourtant, contrairement aux chevaux, ils sont impossibles à domestiquer — ce qui explique les tentatives infructueuses de croisement avec des chevaux pour obtenir des hybrides comme le « zorse » ou avec des ânes pour créer le « zonkey ».

Le quagga, lui, était une sous-espèce spécifique du zèbre de plaine, nommé zèbre de Burchell. Il vivait dans le sud de l’Afrique, principalement dans la région semi-désertique du Karoo en Afrique du Sud actuelle. En raison de sa proximité avec les populations humaines en expansion au XIXe siècle, le quagga a été massivement chassé pour sa viande et ses peaux, en plus de subir une forte compétition avec le bétail domestique pour les pâturages. La population a rapidement décliné et le dernier individu sauvage s’est éteint dans les années 1870.

À cette époque, les différences physiques entre le quagga et les autres zèbres n’étaient pas bien comprises, bien que les quaggas se distinguaient par l’absence de rayures à l’arrière, des pattes rayées moindres et une teinte plus rougeâtre. Depuis près de quarante ans, le travail de reconstitution repose sur cette différenciation physique progressive par sélection.

La renaissance du quagga

Gros plan sur l’œil d’un zèbre

L’idée de ressusciter le quagga remonte à 1955, portée par Lutz Heck, directeur d’un zoo allemand, qui suggérait d’élever des zèbres de plaine pour sélectionner des caractères distinctifs comme une fourrure plus rousse et une absence partielle de rayures. Cette démarche ne constitue pas une véritable dé-extinction génétique, mais la création d’un nouvel animal imitant l’ancien, à partir d’espèces proches existantes.

Ce projet a été relancé dans les années 1970 par l’historien naturel Reinhold Rau, mais c’est seulement avec l’avènement des techniques d’analyse ADN dans les années 1980 que la démarche a gagné en précision scientifique. En 1984, une étude sur des échantillons de sang et de peau de quaggas a confirmé qu’il s’agissait bien d’une sous-espèce du zèbre de plaine, ce qui a permis de structurer le programme de sélection.

Fondé en 1986, The Quagga Project a démarré ses opérations en 1987 avec la capture de neuf zèbres d’Etosha National Park, en Namibie. Le premier poulain issu de cette lignée a vu le jour en 1988, suivi d’une deuxième génération en 1997, avec l’introduction régulière de nouveaux individus pour diversifier le cheptel. Aujourd’hui, six spécimens dits « Rau Quagga » ont été obtenus, sur une cible de cinquante, destinée à reproduire l’apparence du quagga disparu.

Ce projet de sélection ambitieux incarne une démarche unique dans le domaine de la conservation, ouvrant la voie à une réémergence contrôlée d’espèces perdues par sélection génétique, et illustre le potentiel de la biodiversité africaine à se renouveler.

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