Les voitures surprenantes que possédaient les présidents américains

par Zoé
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Les voitures surprenantes que possédaient les présidents américains
États-Unis

Franklin D. Roosevelt conduisant sa voiture avec son chien Fala

Nombreux sont les moments marquants de l’histoire présidentielle américaine qui se sont déroulés dans des voitures. John F. Kennedy fut assassiné alors qu’il traversait Dallas à bord de son véhicule. Ronald Reagan, suite à une attaque, fut précipité dans la limousine présidentielle pour être hospitalisé en urgence. La parade motorisée présidentielle, souvent centrée autour de « The Beast » — une limousine blindée coûtant plusieurs millions de dollars et dotée d’une armure de huit pouces d’épaisseur — symbolise l’immense pouvoir conféré à la fonction, tout en posant parfois un véritable casse-tête logistique pour les habitants des zones traversées.

Pourtant, les présidents sont rarement connus pour les voitures qu’ils choisissent personnellement de conduire. En effet, depuis plusieurs décennies, le Secret Service interdit aux présidents et anciens présidents de prendre eux-mêmes le volant, sauf dans des situations strictement sûres, ce que beaucoup considèrent comme le principal inconvénient de leur mandat. Néanmoins, plusieurs de ces hommes ont possédé des véhicules étonnants, et parfois surprenants, avant, pendant ou après leur séjour à la Maison-Blanche.

Découvrez ici quelques-unes de ces voitures inattendues que d’anciens présidents américains ont possédées, révélant une facette méconnue et fascinante de leur vie privée.

Publicité imprimée pour une Baker Electric de 1909

William Howard Taft n’a pas été le premier président américain à monter en voiture — cette distinction revient à William McKinley. Quant à Theodore Roosevelt, bien qu’il ait possédé une automobile, il préférait se déplacer à cheval durant son mandat. Taft fut le premier président à intégrer véritablement l’usage de l’automobile, tant à la Maison-Blanche que dans sa vie privée.

Élu en 1908, Taft était déjà reconnu comme un passionné de mécanique. Peu avant son entrée à la Maison-Blanche, le Congrès décida d’allouer une enveloppe de 12 000 dollars pour se doter d’une petite flotte présidentielle. Ainsi, les anciennes écuries furent transformées en garages pour accueillir les véhicules neufs. Durant toute sa présidence, il participa activement à des événements liés à l’automobile, qu’il s’agisse de salons ou de courses d’endurance. Il insista également sur la nécessité d’améliorer les routes américaines pour offrir un confort accru aux conducteurs. Lors de ses déplacements, il veillait à emmener plusieurs voitures afin d’en avoir toujours une à disposition.

Si la possession d’automobiles par un président restait à l’époque un sujet controversé, le véhicule le plus surprenant acquis par Taft ne lui était d’ailleurs pas destiné. En 1909, il fit l’acquisition d’une Baker Electric modèle Queen Victoria pour son épouse Helen. Premier modèle électrique commercialisé, la Baker Electric jouissait d’une réputation élégante et convenait parfaitement comme voiture pour les femmes selon les standards de l’époque. Quelques années plus tard, un second exemplaire fut acheté et resta à la Maison-Blanche après le départ des Taft, utilisé ensuite par plusieurs Premières dames.

Lincoln Model L conduit par chauffeur utilisé par Calvin Coolidge, garé devant des magasins

Lorsque Calvin Coolidge accéda à la présidence en 1923, suite au décès soudain de Warren Harding, la flotte présidentielle était largement dominée par les limousines flamboyantes Pierce-Arrow. Woodrow Wilson, son prédécesseur, avait tant apprécié sa voiture présidentielle luxueuse qu’elle lui avait été offerte par ses amis à sa sortie de fonction en 1921. Toutefois, Coolidge, homme de nature discrète et modeste, ne s’attardait pas aux voitures les plus ostentatoires. Malgré le faste et l’exubérance des « Années folles », une période marquée par le boom automobile aux États-Unis, il préféra se détourner des modèles tape-à-l’œil.

En effet, alors que le nombre de foyers possédant une automobile triplait durant cette décennie, Coolidge opta pour un Lincoln Model L plus sobre. Selon les archives de l’époque, bien que la Garde rapprochée présidentielle ne gardât pas de trace officielle de sa flotte, il semblerait que Coolidge ait commencé à utiliser cette Lincoln dès sa vice-présidence en 1923, emmenant le véhicule avec lui à la Maison-Blanche lorsqu’il prit la relève de manière inattendue quelques mois plus tard.

Les administrations suivantes préférèrent d’autres marques, néanmoins l’intuition de Coolidge se confirma en 1939 lorsque Lincoln devint officiellement le fournisseur des limousines présidentielles, un rôle que la marque conservera pendant plus de trente ans.

Au-delà de la simplicité apparente de son choix, Coolidge ne cherchait pas seulement à afficher une certaine humilité. Il acquit également, pour ses usages personnels, une version plus sportive, un Lincoln Model L Sport Phaeton, qu’il utilisa notamment lors de ses vacances d’été en 1928.

Herbert Hoover – Cadillac V-16

Une photo moderne d'une Cadillac V16 de 1932 devant un manoir

La présidence d’Herbert Hoover fut principalement marquée par la Grande Dépression, une période de crise économique intense qui a profondément affecté la population américaine. Cette situation difficile expliquait l’absence de toute chance réelle pour Hoover d’être réélu. Dans ce contexte, il aurait été judicieux pour lui d’adopter l’exemple de son prédécesseur Calvin Coolidge, en privilégiant des véhicules modestes et fonctionnels.

Pourtant, 1930 fut une année compliquée, tant pour le pays que pour Cadillac, qui venait de lancer un modèle exceptionnel : la Series 452-B V-16. Cet engin, doté d’un moteur V-16 — l’un des seuls de cette cylindrée jamais commercialisés — symbolisait le luxe et la puissance automobile. Toutefois, sa consommation élevée d’essence et son prix conséquent ne la rendaient pas accessible au grand nombre. Malgré une première année de vente prometteuse avec 3 251 unités écoulées, le marché s’effondra rapidement, pour ne produire que 300 véhicules en 1932.

C’est précisément cette année-là que Hoover acheta personnellement une Cadillac V-16, non comme voiture présidentielle officielle, mais pour son usage privé. Cette acquisition ne passa pas inaperçue, d’autant plus que la majorité des Américains traversaient de grandes difficultés financières. Néanmoins, Hoover appréciait profondément ce modèle et le conserva plus de dix ans avant de le revendre à un ami.

Franklin D. Roosevelt au volant de sa Plymouth PA Phaeton

Franklin D. Roosevelt reste l’une des figures les plus emblématiques à avoir survécu à la polio, une maladie dont la sévérité ne fut pas cachée du public. Déjà personnalité politique reconnue lorsqu’il contracta la maladie à 39 ans, il dut s’éloigner temporairement de la scène publique pour se rétablir. Une fois de retour, il fut assez transparent sur son handicap, bien qu’il cherchât à dissimuler les limitations engendrées par la paralysie.

Afin de maintenir une image de leadership fort et autonome, Roosevelt utilisa divers stratagèmes : il camoufla ses fauteuils roulants, employa des orthèses pour se tenir debout, et fit aménager spécialement plusieurs automobiles pour lui permettre de conduire malgré la perte d’usage de ses jambes.

Au total, quatre véhicules furent adaptés à ses besoins avec des commandes manuelles, notamment une Ford Model A, une DeSoto, ainsi que deux Plymouth PA Phaetons, dont celui illustré ici. La conduite lui offrait une liberté retrouvée, essentielle pour son quotidien et indispensable lors des campagnes politiques. Être à la barre de sa voiture lui permettait d’arriver en toute indépendance aux événements et d’éviter de devoir se lever en public.

Cette innovation inspira également d’autres personnes paralysées. En 1933, un schéma des commandes manuelles utilisées par Roosevelt fut publié dans le bulletin The Polio Chronicle, témoignant de la portée de ses adaptations techniques.

Harry Truman recevant une voiture de Henry Ford Jr. devant la Maison Blanche

Harry Truman possédait de nombreux véhicules tout au long de sa vie, couvrant une période impressionnante de 61 ans, de 1911 à 1972. Cependant, n’ayant jamais été particulièrement fortuné, il avait l’habitude de revendre ses voitures pour financer l’achat des suivantes, cherchant toujours à obtenir les meilleures affaires. Recevoir une voiture gratuite aurait donc été un vrai plaisir pour lui… mais ce ne fut pas tout à fait le cas.

Truman devint président à la fin de la Seconde Guerre mondiale, suite au décès de Franklin D. Roosevelt en 1945. Pendant le conflit, de nombreuses entreprises, dont Ford, avaient transformé leurs lignes de production pour contribuer à l’effort de guerre, abandonnant la fabrication de voitures civiles. Lorsque la paix revint, Ford reprit la production automobile et choisit d’offrir la toute première voiture sortie de ses chaînes au président Truman : une Ford Super DeLuxe Tudor de 1946. Cette remise symbolique eut lieu à la Maison Blanche en présence de Henry Ford Jr. lui-même, signe du renouveau américain après des années difficiles.

Malgré les sourires pour les photographies, Truman ne prit jamais le volant de ce véhicule. Rien ne poussait le président à conserver cette voiture comme un objet historique – il n’était tout simplement pas amateur des Ford. Fidèle à ses habitudes, il préférait les voitures Chrysler. Quelques mois après avoir quitté la présidence, il entreprit d’ailleurs un voyage de 4 000 kilomètres avec sa femme à bord de leur Chrysler New Yorker. Quant à la dernière voiture qu’il acheta, seulement six mois avant son décès, ce fut une Chrysler Newport.

Un homme conduisant une Amphicar sur un plan d'eau

Lyndon B. Johnson possédait l’un des passe-temps les plus insolites qu’un président américain ait jamais eus. Il aimait faire monter des passagers à son ranch texan dans une voiture apparemment banale, avant de les surprendre de façon spectaculaire…

Selon Joseph A. Califano, un de ses assistants, dans son ouvrage “The Triumph and Tragedy of Lyndon Johnson: The White House Years”, la mise en scène se déroulait ainsi : « Nous avons atteint une pente raide au bord du lac et la voiture a commencé à dévaler rapidement vers l’eau. Le Président criait : “Les freins ne fonctionnent pas ! Ils ne tiennent pas ! Nous allons tomber à l’eau ! Nous allons couler !” La voiture a alors plongé dans l’eau. J’ai voulu sortir, mais à ce moment précis, la voiture s’est stabilisée et j’ai réalisé que nous étions dans une Amphicar. » Califano se souvient que LBJ ne manquait jamais de lui rappeler qu’il avait été prêt à le laisser se noyer en tentant de se sauver.

Cette farce fonctionnait particulièrement bien car les Amphicars étaient très rares, même à l’époque. Fabriquée en Allemagne de l’Ouest, cette entreprise fut, et reste à ce jour, la seule à avoir produit une voiture amphibie destinée au grand public. La production, limitée à seulement sept ans, s’est élevée à 3 878 véhicules. Ainsi, lorsque LBJ lançait sa voiture droit vers le lac, personne parmi ses passagers ne s’attendait à flotter. Le président faisait parfois appel à ses agents du Secret Service pour jouer le jeu et renforcer le réalisme — et le suspense — de cette incroyable plaisanterie.

Jimmy Carter – Ford Super Deluxe cabriolet de 1946

Photo moderne d'un cabriolet Ford Super Deluxe de 1946 vu de l'arrière

Il est peut-être étonnant de découvrir que Jimmy Carter, réputé pour sa frugalité et son engagement écologique, était en réalité un grand passionné de sports mécaniques. Tout au long de sa vie, il a assisté à de nombreuses courses NASCAR ainsi qu’à des épreuves d’endurance, souvent accompagné de toute sa famille. Sa familiarité avec les moteurs était telle qu’il affirmait pouvoir reconnaître les modèles de voitures de sport uniquement au son de leur moteur.

Devenu président, il ne put plus jamais prendre le volant, mais ce désenchantement ne l’entama pas. Des membres de son service de sécurité rapportent qu’encore dans sa nonantaine, plusieurs décennies après avoir cessé de conduire, Carter tentait toujours de les convaincre de le laisser s’installer derrière un volant. Ce désir de liberté et d’aventure était sans doute accentué par un cadeau exceptionnel reçu peu avant son décès.

Jimmy Carter et son épouse Rosalynn détiennent un record impressionnant : leur mariage aura duré 77 ans, jusqu’au décès de Rosalynn en 2023. Pour célébrer leur 75e anniversaire de mariage, leurs amis, les chanteurs country Garth Brooks et Trisha Yearwood, leur offrirent un présent très chargé de sens : une Ford Super Deluxe de 1946. Ce modèle emblématique, identique à celui que recevait Harry Truman à la fin de la Seconde Guerre mondiale, était ici une version cabriolet. Cette même année marquait aussi celle de leur union, faisant de cet « ancêtre » automobile un cadeau d’autant plus précieux pour cet amoureux des voitures, dont la joie à la réception fut rapportée avec émotion.

Ronald Reagan – Subaru BRAT

Red 1981 Subaru BRAT in a cornfield

Ronald Reagan avait à son actif un véhicule emblématique qui renforçait l’image d’un homme américain robuste et proche de la terre. Le légendaire Jeep CJ-6 rouge, un cadeau offert par sa femme en 1963, fut immortalisé à de nombreuses reprises lors de sa présidence, notamment sur son ranch californien. Pourtant, une autre voiture rouge moins connue circulait également sur sa propriété et était tout aussi utilisée, bien qu’elle n’ait jamais fait l’objet de photos officielles.

En 1977, la marque japonaise Subaru lança la BRAT (Bi-drive Recreational All-terrain Transporter). Ce véhicule hybride, à mi-chemin entre la voiture et le pick-up, n’excellait ni dans un domaine ni dans l’autre, mais se distinguait par une robustesse remarquable. Ce niveau de solidité posa problème aux ingénieurs qui peinaient à la tester jusqu’à la destruction totale. Un contact de la firme évoqua alors la possibilité de confier un exemplaire à une personnalité possédant un grand domaine pour en tester la résistance.

C’est ainsi que Ronald Reagan devint un pilote d’essai discret pour Subaru. Cette relation devait rester secrète, car à la fin des années 1970 et durant les années 1980, il aurait été impensable que le futur président américain – ou même simplement candidat, comme c’était le cas pour Reagan à l’époque – conduise une voiture japonaise. La compétition industrielle, notamment entre les constructeurs automobiles des deux pays, était en effet très rude.

Malgré cela, Reagan utilisa régulièrement sa petite et solide Subaru BRAT sur son ranch californien, sans jamais passer par la case photos officielles qui avaient tant valorisé sa Jeep.

Publicité des années 1970 pour une Ford Granada quatre portes

Avant de devenir président, Barack Obama appréciait conduire, regrettant qu’à partir de sa candidature aux élections de 2008, il ne puisse plus le faire librement. Pourtant, son amour pour la conduite s’est développé malgré son premier véhicule.

« La voiture avec laquelle j’ai appris à conduire était la Ford Granada de mon grand-père », confiait-il à la station de radio d’Indianapolis WFBQ. Il n’hésitait pas à qualifier cette voiture d’éventuellement « pire voiture jamais fabriquée par Detroit », la comparant à une boîte de conserve. Selon lui, face à la concurrence japonaise, Detroit gardait les voitures volumineuses mais les construisait avec une carrosserie d’une fine épaisseur, presque comme du papier aluminium. « En gros, vous ne pouviez pas dépasser les 130 km/h sans que le véhicule ne devienne ingérable », expliquait-il.

Dans un contexte politique où des détails aussi futiles que les costumes beiges ou la moutarde de Dijon pouvaient susciter des polémiques, ces propos d’Obama provoquèrent des réactions mitigées dans certains médias. Le magazine conservateur The National Review critiqua son commentaire, arguant que s’il tentait vraiment de rouler à plus de 130 km/h alors que la limite légale était de 89 km/h, il enfreignait la loi. Ils soulignaient aussi que la Granada avait rencontré un grand succès commercial, avec des centaines de milliers d’exemplaires vendus chaque année. Toutefois, même eux durent reconnaître la pertinence de l’image que donnait Obama, celle d’une voiture fragile et peu fiable, semblable à une canette sur roues.

Donald Trump – une Lamborghini Diablo personnalisée

Lamborghini Diablo jaune 1997 lors d'un salon automobile

Avant de devenir homme politique, Donald Trump était célèbre pour son style de vie luxueux et ses démonstrations ostentatoires de richesse, ou du moins l’apparence d’en posséder. Cette image correspondait parfaitement à celle associée à Lamborghini, qui a choisi Trump comme ambassadeur de marque dans les années 1990.

Durant cette période, Lamborghini lui prêtait des voitures, qu’il utilisait comme véritable vitrine ambulante. Trump était régulièrement photographié au volant, renforçant l’idée qu’il était un acheteur potentiel d’exotiques automobiles, tandis que la marque bénéficiait d’une publicité gratuite. Il n’hésitait pas à vanter les mérites des modèles, citant notamment la Lamborghini Diablo lors d’une interview au magazine Robb Report en 1996, affirmant avoir voté pour ce modèle dans leur enquête “Best of the Best”.

Lamborghini fut visiblement satisfait de ce partenariat, au point que lorsque la version très limitée de la Diablo ’97 fut lancée, Trump ne se contenta pas d’en acquérir une. Il obtint également le privilège de commander sa voiture dans une couleur exclusive — le bleu Le Mans — faisant de son exemplaire le seul de cette teinte parmi les 132 Diablo vendues aux États-Unis entre 1997 et 1999.

Le véhicule fut vendu par Trump en 2002, changea ensuite de mains à deux reprises avant d’être mis aux enchères en 2024. Bien que déjà rare en soi, c’est la provenance présidentielle qui explosa sa valeur sur le marché : les offres dépassèrent largement les estimations, pour finalement s’envoler à 1,1 million de dollars.

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