
Qui est véritablement l’inventeur du cinéma ? Certains évoquent le photographe anglais Eadweard Muybridge, célèbre pour ses clichés séquentiels démontrant que les quatre sabots d’un cheval s’élèvent simultanément du sol lors de sa course. En 1879, il crée également un projecteur photographique qui restitue ses images dans une séquence animée.
D’autres citent le physiologiste français Étienne-Jules Marey, pionnier dans l’étude des mouvements animaux et inventeur d’une caméra capable de capturer 12 images par seconde, permettant une analyse détaillée du déplacement.
Plus tard, l’inventeur américain Thomas Edison, aidé par William Dickson, développe le Kinetographe en 1891, une caméra cinématographique rudimentaire, suivie en 1892 par le Kinetoscope, une machine de projection. En France, les frères Lumière innovent avec le Cinématographe en 1895, appareil polyvalent de prise de vue et de projection.
Toutes ces figures ont contribué à l’évolution de la technologie cinématographique. Pourtant, un autre personnage mérite une reconnaissance particulière : Louis Le Prince, artiste français dont les recherches similaires ont pris fin brusquement en 1890 après une disparition mystérieuse, encore inexpliquée aujourd’hui.
Des chevaux au galop aux premières séquences filmiques

Louis Le Prince nourrit très tôt un intérêt pour l’image. Ami de la famille du photographe Jacques-Louis Daguerre, inventeur du daguerréotype, il fréquente son atelier durant son enfance. En 1869, avec son épouse Elizabeth, il fonde une école d’art appliqué. C’est cette année-là qu’il découvre les photos séquentielles de Muybridge et se passionne pour la projection d’images animées.
Vers 1886, il dépose aux États-Unis un brevet pour une caméra équipée de seize lentilles, capable de capturer seize images par seconde, une prouesse technique destinée à créer un film animé. Il développera ensuite une version à objectif unique. Son brevet britannique de 1888 comprend une clause spécifique évoquant cette innovation.
Il poursuit ses expérimentations et réalise des films dans sa ville natale, notamment des scènes de circulation sur le pont de Leeds ainsi que dans la propriété familiale de son épouse à Roundhay. Ces films sont parmi les plus anciens jamais réalisés. Selon certaines sources, Elizabeth se prépare à présenter ces films au public dans leur demeure new-yorkaise, mais Louis Le Prince ne pourra jamais assister à cette projection.
En effet, en septembre 1890, alors qu’il se rend à Paris depuis Dijon pour régler des affaires familiales, Le Prince disparaît mystérieusement après avoir dit au revoir à son frère Albert. Depuis ce jour, sa trace se perd et demeure une énigme.
Une bataille judiciaire pour la paternité du cinéma

Plusieurs théories conspiratives entourent la disparition de Le Prince. Certains évoquent la possible implication de Thomas Edison, alors en concurrence directe avec Le Prince, tandis que d’autres suspectent le frère Albert ou même une fuite volontaire pour échapper à des dettes. Le mystère n’a jamais été élucidé.
En 1897, Edison conteste les travaux de Le Prince devant un tribunal des brevets et obtient finalement la reconnaissance officielle comme pionnier du cinéma. Cependant, des historiens continuent de souligner l’importance cruciale de Louis Le Prince dans cette invention. Selon l’expert Richard Howells, il aurait réussi à animer des images au moins sept ans avant les frères Lumière et Edison.
Pour les passionnés désireux de découvrir cet héritage oublié, la caméra de Le Prince ainsi que ses films sont conservés dans un musée spécialisé en Angleterre. Ces pièces témoignent d’un mécanisme qui a fortement inspiré toutes les caméras de cinéma inventées par la suite. En cela, Louis Le Prince pourrait être considéré comme le véritable précurseur du cinéma.
