
Charles Curtis est une figure historique souvent méconnue qui mérite d’être redécouverte. Né le 25 janvier 1860 dans le territoire du Kansas, il fut le premier Amérindien élu au Congrès américain et devint plus tard vice-président des États-Unis. Sa mère appartenait à la Nation Kaw, tandis que son père était d’origine européenne. Charles Curtis, inscrit officiellement comme membre de la Nation Kaw, avait également des ascendances Osage et Potawatomi.
En 1873, le gouvernement américain força la Nation Kaw à se déplacer vers ce qui est aujourd’hui l’Oklahoma. Cependant, la grand-mère de Curtis, issue de la Nation Kanza, l’encouragea à rester auprès de ses grands-parents paternels afin de poursuivre sa scolarité. Adolescent, Curtis travailla comme concierge chez un avocat de Topeka, A.H. Case, où, à ses heures perdues, il étudia le droit. En 1881, il réussit l’examen du barreau du Kansas et intégra le cabinet de son employeur, se spécialisant en droit pénal.
Sa carrière politique débuta avec son élection au poste de procureur du comté de Shawnee. Très apprécié pour son charisme personnel et son ardeur au travail, Curtis fut souvent cité comme un exemple d’autodidacte s’élevant par ses propres efforts.

Malgré ses origines amérindiennes, les positions politiques de Curtis reflétaient une tendance assimilationniste. Comme le souligne Mark Brooks de la Kansas Historical Society, Curtis, au teint clair et au charme indéniable, conquit aisément ses interlocuteurs, bien que ses relations avec le racisme restent complexes. Élu représentant en 1893 puis sénateur jusqu’en 1926, il soutint des causes telles que les prestations aux anciens combattants, les droits des femmes et l’assimilation culturelle des populations amérindiennes.
À la tête du Comité des Affaires Indiennes du Sénat, Curtis rédigea le Curtis Act de 1898, qui modifia la loi Dawes. Cette législation favorisa l’intégration de l’Oklahoma comme État et restreignit davantage la souveraineté des cinq principales nations amérindiennes locales : Cherokee, Chocktaw, Muscogee, Chickasaw et Seminole. Par ailleurs, Curtis appuya la création d’écoles résidentielles destinées à séparer les enfants amérindiens de leur famille, dans le but d’accélérer leur assimilation à la culture dominante.
En 1924, il devint leader de la majorité au Sénat. Quatre ans plus tard, il fut choisi pour être le colistier d’Herbert Hoover lors de l’élection présidentielle de 1928, devenant ainsi le premier homme de couleur à occuper la fonction de vice-président des États-Unis. Après la défaite de Hoover en 1932 face à Franklin Delano Roosevelt, Curtis retourna exercer le droit à Topeka, où il demeura jusqu’à sa mort en 1936.
