Au cours de l’histoire américaine, plusieurs présidents ont échappé à des tentatives d’assassinat, mais un seul incident connu a eu lieu après la fin de leur mandat à la Maison-Blanche. George H.W. Bush, 41e président des États-Unis, fut en effet la cible d’un complot criminel seulement trois mois après avoir quitté ses fonctions.
Le 13 avril 1993, la veille d’une visite officielle au Koweït destinée à célébrer sa victoire lors de la guerre du Golfe contre l’Irak, les autorités koweïtiennes ont déjoué une tentative d’attentat à la voiture piégée visant George H.W. Bush. Plus d’une douzaine de suspects, principalement des ressortissants irakiens, furent arrêtés. Le lendemain, une énorme bombe dissimulée dans un véhicule fut découverte à Koweït City.
Une enquête approfondie révéla que plusieurs scénarios élaborés par les services irakiens visaient à éliminer l’ancien président pendant son séjour koweïtien. Selon le ministère koweïtien de la Défense, les conspirateurs avaient planifié trois attaques distinctes : une explosion de voiture télécommandée à l’aéroport international lors de son arrivée, une autre bombe près du théâtre de l’Université du Koweït, où il devait recevoir un doctorat honorifique, et enfin une attaque-suicide consistant à faire exploser un poseur de bombe à proximité du président.
Après l’interrogatoire des suspects et l’analyse minutieuse des dispositifs, le FBI conclut que l’ordre venait des services de renseignement irakiens. Un tribunal koweïtien condamna la quasi-totalité des accusés impliqués.
La réponse officielle des États-Unis fut immédiate : le président nouvellement élu, Bill Clinton, qualifia d’évidence les preuves de l’implication directe de l’Irak dans cette tentative d’assassinat et ordonna une frappe punitive le 26 juin 1993 contre les quartiers généraux de l’agence de renseignement irakienne à Bagdad. Vingt-trois missiles Tomahawk furent lancés depuis le USS Peterson et le USS Chancellorsville dans la mer Rouge et le golfe Persique, détruisant le bâtiment et causant plusieurs victimes civiles selon les récits irakiens.
Clinton déclara dans une allocution télévisée : « Ce plan élaboré, mené par le gouvernement irakien, visait un ancien président des États-Unis en raison de ses actions pendant son mandat. Par conséquent, cette attaque contre le président Bush était une attaque contre notre pays et tous les Américains. »
Cependant, une analyse secrète des services de renseignement américains suggéra que le gouvernement koweïtien aurait pu exagérer ou manipuler la découverte de ce complot pour rappeler à l’administration Clinton la menace persistante de Saddam Hussein. Ce document, daté du 13 mai et produit par le Centre de lutte contre le terrorisme de la CIA, laissa entendre qu’il pourrait s’agir d’une mise en scène politique, fondée sur la découverte d’un projet irakien indépendant pour mettre en garde les États-Unis.
Malgré ces doutes initiaux, l’administration Clinton maintint que les enquêtes ultérieures n’avaient laissé quasiment aucun doute sur la responsabilité du régime irakien. La CIA se montra alors « très confiante » que les plus hautes sphères du gouvernement irakien avaient ordonné à leurs services secrets d’organiser cet attentat.
