Pourquoi vous ne survivriez pas comme soldat pendant la Seconde Guerre mondiale

par Zoé
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Pourquoi vous ne survivriez pas comme soldat pendant la Seconde Guerre mondiale
États-Unis, Japon, Allemagne, France, Union soviétique

Croix dans un cimetière militaire avec un petit drapeau américain et français

Votre cours d’histoire au lycée ne vous a probablement pas tout appris sur la Seconde Guerre mondiale. Au-delà des récits de batailles cauchemardesques que peu ont entendus, souvent jugés inadaptés aux enfants, il y avait aussi de nombreuses règles étranges auxquelles les soldats devaient se conformer. Mais si un point essentiel n’a sans doute pas été assez souligné, c’est celui-ci : si vous aviez combattu pendant la Seconde Guerre mondiale, il y a de fortes chances que vous n’en soyez pas revenu vivant.

Il est facile d’imaginer que nous aurions fait partie des héros courageux, revenant victorieux de la guerre. Certes, beaucoup de combattants ont accompli des actes d’héroïsme remarquables, mais la réalité crue est qu’ils sont morts, tout comme ceux qui ont succombé aux accidents, maladies, conditions météorologiques extrêmes, voire attaques animales. Pendant le plus grand conflit international de l’histoire, les causes de mortalité étaient innombrables, et ceux qui rentraient en vie avaient simplement eu beaucoup de chance.

Ainsi, peu importe votre niveau de préparation mentale ou physique, voici pourquoi il était hautement improbable de survivre en tant que soldat durant cette guerre mondiale.

Des millions de soldats périrent au combat

Des troupes américaines marchant à travers un champ enneigé lors de la bataille des Ardennes

Si l’on juge de la tragédie d’une guerre au nombre de morts au combat, aucune ne rivalise avec la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit fut un massacre à grande échelle, coûtant la vie à des millions de combattants. Parmi les innombrables risques auxquels les soldats étaient exposés, la cause de décès la plus fréquente restait les pertes directes sur le champ de bataille, plus nombreuses que dans n’importe quel autre conflit de l’histoire.

Les batailles les plus meurtrières durèrent souvent plusieurs mois, causant la mort de centaines de milliers de soldats. Globalement, on estime à 15 millions le nombre de militaires tués au cours de la guerre. Pour les forces américaines, la plus sanglante fut la bataille des Ardennes, qui dura plusieurs semaines. On déplore environ 19 000 soldats américains tués au combat lors de cet affrontement, sans compter les dizaines de milliers de blessés et disparus ultérieurement décédés.

Certains morts sur le terrain survinrent de façons inattendues. Dans le Pacifique, quand la situation s’aggrava pour l’armée japonaise, les attaques kamikazes se multiplièrent drastiquement. Le destroyer USS Laffey, par exemple, fut frappé par au moins six avions-suicides japonais en un seul jour. Ces assauts causèrent un incendie meurtrier, provoquant la mort de 32 marins.

Soldat blessé transporté en civière

Même si vous aviez la chance de survivre aux combats acharnés de la Seconde Guerre mondiale, cela ne signifiait pas pour autant que votre vie était sauvée. La probabilité d’être blessé au combat était très élevée, et avec la médecine de terrain souvent rudimentaire comparée aux soins hospitaliers que l’on connaît aujourd’hui, mourir des suites de ses blessures restait une menace réelle.

Les chiffres de l’époque fournissent un aperçu saisissant de ce danger. Selon les données de l’armée américaine, sur l’ensemble des théâtres d’opération, près de 593 000 soldats furent blessés. Parmi eux, environ 27 000 succombèrent à leurs blessures, soit un taux de mortalité de près de 5 % chez les blessés au combat.

Plusieurs facteurs déterminaient les chances de survie d’un soldat blessé. La localisation de la blessure sur le corps et la nature de l’agent blessant jouaient un rôle majeur. Toutefois, le critère le plus décisif restait la rapidité d’accès à des soins médicaux adéquats. Si l’aide arrivait dans l’heure qui suivait la blessure, le taux de survie était de l’ordre de 90 % ; passé huit heures, ce taux chutait dramatiquement à seulement 25 %.

D’autre part, les probabilités de survie variaient selon le front sur lequel le soldat combattait. En général, ceux engagés sur le théâtre européen bénéficiaient d’un meilleur taux de survie que ceux dans le Pacifique, en raison notamment des conditions médicales et logistiques différentes.

Soldats allemands le visage couvert de neige et de glace

La Seconde Guerre mondiale fut un conflit véritablement mondial, exposant les soldats à des environnements extrêmement variés et hostiles selon leur affectation. Qu’ils combattent dans les steppes glaciales de l’Union soviétique, les déserts arides d’Afrique du Nord ou les jungles humides des îles du Pacifique, chaque théâtre de guerre présentait ses propres défis climatiques souvent mortels.

En Europe, les principaux ennemis étaient le froid et l’humidité. Les tranchées, largement utilisées, devenaient des pièges lorsque de fortes pluies s’abattaient, obligeant les soldats à rester debout dans l’eau stagnante pendant des jours, voire des semaines. Cette exposition prolongée entraînait une affection grave : le « pied de tranchée », provoquant parfois gangrène et décès. En hiver, la neige remplaçait la pluie, et le froid intense causait des gelures tout aussi dangereuses, avec des conséquences souvent fatales pour les combattants.

Dans les théâtres d’opérations du Pacifique, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, c’était la chaleur extrême qui exerçait la menace la plus sévère. Les températures élevées forçaient les armées à modifier leurs horaires de travail, afin de réduire les cas de coups de chaleur et d’épuisement. À certaines heures de la journée, toute activité physique pouvait devenir mortelle, une expérience inconnue pour beaucoup de soldats venus de climats plus tempérés.

Destruction après les explosions de Port Chicago

Tous les soldats décédés en service militaire ne se trouvaient pas forcément sur le front au moment de leur mort. Certains n’avaient même pas encore quitté leur pays d’origine. Aux États-Unis, le front intérieur ne risquait pas d’être attaqué à grande échelle, ce qui laissait croire à ceux en formation de base ou affectés à des postes domestiques qu’ils étaient en sécurité. Pourtant, la réalité montrait que des accidents tragiques pouvaient survenir n’importe où.

Le métier le plus périlleux dans l’armée durant la Seconde Guerre mondiale était sans doute celui de pilote ou membre d’équipage aérien. Si l’on pouvait s’attendre à perdre la vie en étant abattu au-dessus d’un champ de bataille, peu étaient préparés au nombre alarmant d’accidents mortels liés au pilotage même. En effet, bien plus de pilotes et d’équipages sont morts dans des crashs ou incidents techniques que par l’ennemi direct.

Sur terre, même le travail dans les chantiers navals présentait de graves dangers. Les soldats et marins étaient chargés de charger et décharger des explosifs et munitions sur les navires, un travail où la moindre erreur pouvait provoquer des destructions massives. Le 17 juillet 1944, la catastrophe de Port Chicago en Californie a été le résultat direct de conditions de sécurité insuffisantes. Une explosion colossale a ravagé plusieurs navires, projeté des débris à plus d’un mile à la ronde et tué instantanément 320 marins.

Soldats américains chargeant un mortier avec des obus

Le chaos de la guerre engendre souvent des décisions hâtives ou mal informées. En tant que soldat, l’espoir réside dans le bon choix des armes qui vous sont confiées, choisies sans négligence ni défaut. Pourtant, la réalité de la Seconde Guerre mondiale révèle que certains combattants se sont retrouvés en première ligne avec des armes non testées, voire délibérément défaillantes, ce qui constitue l’une des tragédies méconnues du conflit.

L’exemple le plus marquant concerne le torpille Mark 14. À l’entrée en guerre des États-Unis, cette arme représentait la pointe de la technologie navale dans le Pacifique. Cependant, les marins découvrirent rapidement que ces torpilles échouaient souvent à exploser : un cas rapportait huit tirs à blanc consécutifs. Ce problème, connu depuis un moment, traduisait un taux d’échec d’environ 80 %. Malgré cela, les sous-marins continuaient à partir en mission avec ces munitions défectueuses, exposant ainsi les équipages à un risque mortel lié à une arme dont les défauts étaient bien connus.

Même les armes censées fonctionner parfaitement pouvaient présenter des dangers imprévus. Les obus de mortier, largement utilisés par les Alliés et réputés pour leur sécurité relative, ont tout de même causé la mort de 38 soldats américains durant la guerre à cause d’explosions prématurées. Ce fait illustre à quel point la survie d’un soldat était toujours soumise à une part d’aléa, même avec des équipements considérés comme fiables.

Les prisonniers de guerre souvent massacrés

Prisonniers soviétiques escortés par des soldats allemands

En théorie, un soldat capturé par l’ennemi durant un conflit bélique doit bénéficier d’un traitement humain minimal, réglementé par des règles internationales. Cependant, les souffrances des prisonniers de la Première Guerre mondiale avaient révélé que ces règles étaient insuffisantes. Après plusieurs années d’élaboration, le Comité international de la Croix-Rouge présenta en 1929 une nouvelle convention relative au traitement des prisonniers de guerre, adoptée à Genève et entrée en vigueur en 1931. Malgré cela, pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux prisonniers furent soumis à des traitements inhumains et souvent tués.

Les armées japonaise, allemande et soviétique pratiquaient régulièrement des massacres de masse de prisonniers de guerre, recourant à diverses méthodes. On observe tantôt le refus ou la limitation de médicaments vitaux en cas d’épidémie dans les camps, tantôt des exécutions directes. Par exemple, en 1944, lors de la reconquête des Philippines par les Alliés, les troupes japonaises incendièrent un bunker où elles retenaient 139 prisonniers américains, abattant ceux qui tentaient de s’échapper.

Les forces de l’Axe connurent également de telles atrocités, comme en témoigne la fusillade massive de prisonniers militaires italiens en 1943. Par ailleurs, même en l’absence d’une politique systématique, certains gardiens s’illustraient par des actes cruels et meurtriers :

  • les soldats allemands laissaient souvent les prisonniers soviétiques mourir de froid ou de faim ;
  • d’autres les frappaient jusqu’à la mort ou tiraient sur eux sans raison apparente.

Ces exemples illustrent la dure réalité vécue par les prisonniers de guerre durant le second conflit mondial, accentuant les risques déjà extrêmes auxquels étaient confrontés les soldats.

Les tirs amis, un danger terrifiant

Bombardier allié le jour J peint avec des bandes pour éviter les tirs amis

Enrôlé dans la Seconde Guerre mondiale, un soldat devait d’abord comprendre un aspect fondamental : distinguer clairement amis et ennemis sur le champ de bataille. Pourtant, la réalité du combat s’avérait souvent confuse, et les erreurs tragiques, inévitables. Il arrivait que certains soldats ne rentrent pas chez eux non pas à cause des forces adverses, mais du fait d’actions menées par leurs propres alliés.

Ce phénomène, connu sous le nom de « tirs amis », fut malheureusement plus fréquent qu’on ne l’imagine. On estime qu’entre 12 et 14 % des pertes militaires américaines durant le conflit furent dues à ces tirs accidentels, un chiffre qui surprend encore. Durant la guerre, les soldats étaient informés d’un taux bien plus faible, de seulement 2,2 %, inscrit dans le manuel de l’École d’infanterie de l’armée américaine, un chiffre loin d’être scientifiquement exact.

Les récits de ces incidents sont glaçants : des troupes se réfugient pendant que leurs propres avions les bombardent, des pilotes assistent impuissants au mitraillage d’appareils alliés, et 53 navires en mer Pacifique perdent au total 186 marins victimes de tirs amicaux. Fait paradoxal, ces événements tragiques décuplèrent à mesure que le conflit avançait, posant un défi supplémentaire aux soldats déjà confrontés à l’enfer des combats.

Affiche de répulsif contre les insectes durant la Seconde Guerre mondiale

Les médecins militaires sur le champ de bataille ne se limitaient pas à soigner les terribles blessures des combats de la Seconde Guerre mondiale. Un ennemi bien plus insidieux et omniprésent se cachait partout, quel que soit le théâtre d’opérations : les micro-organismes, virus et bactéries capables d’infecter les soldats de multiples façons, semant souffrances et parfois la mort.

De la dysenterie au typhus, du choléra au paludisme, des millions de soldats ont succombé à ces maladies pendant la guerre. Dans le Pacifique, les moustiques transmettaient le paludisme aux troupes des deux camps, provoquant une véritable épidémie qui compromettait leur capacité à combattre. Ce fléau était aggravé par la rareté de la quinine, principale molécule utilisée pour traiter la maladie. Les prisonniers de guerre (POWs) recevaient des soins encore plus limités dans les camps, où les décès dus au paludisme se chiffraient en centaines, voire en milliers chaque mois.

La dysenterie, maladie intestinale sévissant dans les camps, touchait presque tous les prisonniers à un moment ou un autre, en raison de conditions d’hygiène déplorables et de la contamination des sources d’eau par des matières fécales. Cette maladie provoquait des diarrhées répétées, affaiblissant considérablement les malades. Le lieutenant-colonel A.E. Coates relatait que dans les camps alliés en Birmanie et Thaïlande, les baraquements remplis de malades souffrant de dysenterie étaient surnommés la « Maison des morts », car très peu d’entre eux en ressortaient vivants.

Soldat allié en pleurs après une bataille

Comme le dit le fameux adage, la guerre est un enfer. Il est difficile pour quiconque n’ayant jamais fait face, jour après jour, au canon d’une arme, de mesurer le poids psychologique imposé à un soldat. Ces derniers doivent non seulement affronter la menace constante de leur propre mort, mais aussi supporter le fardeau moral d’avoir ôté la vie à d’autres. Peu importe leur conviction de combattre pour la juste cause, il arrive un moment où tout devient insupportable.

Pourtant, la Seconde Guerre mondiale se distingue par un nombre étonnamment faible d’incidents tragiques liés au désespoir suicidaire. Le taux de suicides parmi les soldats américains en service actif fut le plus bas jamais enregistré durant ce conflit. Cependant, le stress, la peur et les traumatismes ne laissèrent pas tous indemnes, certains soldats choisissant de mettre fin à leurs jours, avec une estimation d’environ cinq suicides pour 100 000 militaires entre 1944 et 1945. Le fait que ce conflit fut la première guerre où l’armée américaine mit en place des mesures préventives contre le suicide a sans doute contribué à limiter les cas.

En revanche, du côté des Alliés victorieuses, les troupes subirent parfois l’épreuve d’une défaite écrasante, menant à des actes suicidaires dans d’autres contextes. Ce fut particulièrement marqué au sein des soldats japonais, qui incitèrent ou forcèrent des civils à se suicider. Sur l’île d’Okinawa, près d’un tiers des habitants mirent fin à leurs jours dans ce climat de désolation.

Des animaux mortels sur le champ de bataille

Il est déjà terrifiant de savoir que des milliers d’hommes de l’autre côté des lignes ennemies cherchent à vous éliminer. Pourtant, pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats devaient parfois redouter des ennemis moins intelligents, mais tout aussi mortels : les animaux. Si les moustiques et autres insectes sont tristement connus pour avoir propagé des maladies fatales, ce sont surtout les rencontres avec de plus gros animaux qui ont donné lieu à des drames aussi surprenants que tragiques.

Une histoire de guerre glaçante, issue des récits oculaires de soldats américains, continue de hanter. Lors de la reconquête de l’île de Ramree, située au large de la Birmanie, des troupes japonaises se seraient réfugiées dans des marais infestés de crocodiles. Que ce soit pour se cacher ou chercher de la nourriture, ces soldats ont été attaqués par ces prédateurs, qui auraient causé la mort de la majeure partie d’entre eux. Ce récit, bien que sujet à débat parmi certains historiens, illustre l’ampleur des dangers inattendus sur les champs de bataille.

Même les animaux domestiques pouvaient représenter une menace. C’est notamment le cas des chiens dressés par l’Armée soviétique pour porter des charges explosives capables de détruire les chars ennemis. Ces chiens, équipés de véritables « gilets suicides », étaient entraînés à s’approcher des blindés adverses. Toutefois, en plein combat, leur peur les poussait souvent à faire demi-tour, ce qui provoqua plusieurs explosions au sein même des tranchées soviétiques. Au moins six chiens explosifs ont ainsi causé des pertes du côté des leurs, tandis qu’environ 300 chars ennemis furent détruits grâce à cette méthode.

Soldats soviétiques avec des chiens anti-chars

Les troupes recouraient à la consommation d’alcool frelaté

Soldats riant en regardant un autre soldat verser une bière dans sa bouche

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la consommation d’alcool de mauvaise qualité représentait un danger réel pour les soldats. Une histoire célèbre concerne l’acteur Lee Powell, qui avait incarné le Lone Ranger et est mort pendant le conflit, apparemment après avoir bu du saké empoisonné lors d’une célébration. Bien que cette anecdote ne soit pas confirmée, il est avéré que les marins consommaient ce qu’ils appelaient le « torpedo juice » et que les soldats buvaient divers types d’alcool artisanal, parfois mortels.

Entre janvier et juin 1945, 188 soldats américains engagés en France et en Allemagne sont morts à cause de ces alcools frelatés. Cependant, le plus grand problème provenait du Pacifique, où le fameux « torpedo juice », un liquide éthylique extrait des torpilles, causait de nombreux empoisonnements. Ce problème était bien connu sur le terrain. Lorsque l’ancienne Première Dame Eleanor Roosevelt visita le théâtre d’opérations du Pacifique en 1943, elle rapporta : « La nuit dernière, quatre hommes sont morts après avoir bu un distillat de vernis à ongles. » (Le « vernis » en question était probablement ce « torpedo juice ».)

Le corps médical de la marine, représenté par le soldat Norton Lund, se souvient : « Certains buvaient cet alcool qu’ils appelaient torpedo juice. On a eu plusieurs cas de personnes ayant consommé du mauvais produit. Ça peut entraîner la cécité et la mort. C’était un vrai problème. »

Thomas Duncan, engagé dans la marine après Pearl Harbor, relate un drame : un jeune marin de 22 ans but ce breuvage artisanal avant de se coucher et mourut dans son sommeil. Les risques liés à ces alcools de fortune accentuaient encore la précarité de la survie des soldats au-delà du champ de bataille, ajoutant une menace invisible mais mortelle au tableau déjà catastrophique de leur quotidien.

Des prisonniers de guerre alliés fouillant les cendres à la recherche de nourriture

L’adage attribué à Napoléon Bonaparte et Frédéric le Grand, « Une armée marche sur son estomac », illustre parfaitement une réalité incontournable de la guerre. Peu importe la formation ou la qualité des armes, une armée affamée est une force amoindrie, incapable de combattre efficacement. La faim devient ainsi une arme stratégique, redoutable mais moralement ambiguë.

La campagne de Bataan fut une catastrophe pour les Alliés et vit des milliers de soldats mourir de faim. Les prisonniers alliés souffraient également de la faim dans les camps, à l’image de cette photo où certains fouillent les cendres à la recherche d’une quelconque nourriture.

Dans le théâtre d’opérations du Pacifique, les États-Unis utilisèrent aussi la famine comme tactique de guerre. On estime que jusqu’à 1,4 million de soldats japonais périrent de faim sur les lignes de front, une conséquence directe des blocus américains isolant leurs positions insulaires. Privés de ravitaillement parfois pendant des mois, ces soldats durent se nourrir de tout ce qui était comestible, allant jusqu’à manger serpents et rats. Lorsque ces sources s’épuisèrent, ils tentèrent de survivre en broutant de l’herbe.

Ce calvaire frappa plus durement les soldats de rang inférieur, qui mouraient en nombre plus élevé et plus rapidement que les officiers. Une telle famine minait le moral, souvent déjà brisé, et affaiblissait encore davantage ceux qui devaient pourtant tenir le combat. La malnutrition les rendait par ailleurs plus vulnérables aux maladies, aggravant leurs chances de survie.

Un pont ferroviaire détruit par des ingénieurs français lors d'une retraite

Une idée reçue pourrait laisser penser que, face aux nombreux dangers de la Seconde Guerre mondiale, certains soldats auraient facilement survécu. Pourtant, faire partie des troupes d’occupation en Europe impliquait une menace constante très spécifique : le sabotage perpétré par les populations locales. Ces dernières, farouchement opposées à l’occupation, agissaient souvent pour ralentir ou déstabiliser les forces de l’Axe en détruisant des infrastructures clés, notamment durant la nuit ou en utilisant des méthodes retardées, permettant une exécution plus discrète et sécurisée des actes de résistance.

Il est important de noter que la plupart des sabotages ne visaient pas nécessairement à tuer directement les soldats ennemis. Leur efficacité résidait souvent dans la perturbation des réseaux administratifs ou l’interruption de l’alimentation électrique, ce qui entravait le fonctionnement des forces occupantes de manière indirecte, mais tout aussi stratégique. Toutefois, certains sabotages entraînaient bel et bien des pertes humaines.

Un exemple marquant est celui des groupes de la Résistance française qui s’attaquaient régulièrement aux voies ferrées. Ces actions allaient de la simple dépose de boulons à l’explosion des rails sous le passage de convois. En 1942, deux attaques successives sur les voies d’Airan, en France, provoquèrent le déraillement de trains et causèrent la mort de 38 soldats allemands. En représailles, les autorités nazies infligèrent des sanctions terribles aux résistants et aux civils impliqués : plusieurs dizaines furent exécutés, d’autres arrêtés, et 80 personnes déportées vers le camp d’Auschwitz.

Les snipers, silencieux et redoutables

Snipers soviétiques en uniformes blancs lors d'une tempête de neige

Au cœur des combats de la Seconde Guerre mondiale, la mort sur le champ de bataille demeure implacable quel que soit l’assaillant. Cependant, la perspective d’être éliminé par un tireur d’élite, ou sniper, ajoute une dimension particulièrement terrifiante à cette fatalité.

Contrairement à une idée reçue, même si les snipers étaient déjà employés lors du premier conflit mondial, nombre de soldats et instructeurs militaires, au début de la Seconde Guerre mondiale, pensaient que le tir de précision n’était qu’un phénomène limité à la guerre des tranchées, et ne se répéterait pas. Le lieutenant-colonel N.A.D. Armstrong rappelait en 1942 cette méfiance envers la tactique du sniper, perçue comme un artifice dépassé.

Pourtant, durant cette guerre, la plupart des armées ont fait appel à des snipers, qui se sont révélés d’une efficacité redoutable. Les snipers soviétiques se sont notamment illustrés par leur précision et leur impact stratégique. Leur rôle fut décisif dans des batailles clés comme celle de Stalingrad, où leur contribution est aujourd’hui reconnue comme une composante majeure de la victoire soviétique.

Singulièrement, l’Union soviétique a également intégré des femmes dans ses rangs de tireurs d’élite. Lyudmila Pavlichenko, surnommée « la Dame de la Mort », demeure l’un des snipers les plus meurtriers de l’Histoire avec 309 victimes officielles. Blessée au combat, elle fut retirée du front afin de ne pas fragiliser le moral des troupes en cas de sa disparition.

Par ailleurs, du côté finlandais, Simo Häyhä, surnommé « la Mort blanche », s’est illustré lors de la Guerre d’Hiver (1939-1940) contre les forces soviétiques. En quelques mois, il revendiqua plus de 500 éliminations, laissant une trace indélébile dans l’histoire militaire par son incroyable efficacité dans des conditions hivernales extrêmes.

Soldats japonais courant lors d’une bataille en Chine

La Première Guerre mondiale a marqué l’usage massif des armes chimiques sur les champs de bataille, notamment avec le gaz toxique. Ces armes ont causé la mort de milliers de soldats et infligé des blessures atroces à ceux qui survivaient, parmi lesquelles la cécité. Face à l’horreur engendrée, aussi bien Franklin D. Roosevelt qu’Adolf Hitler s’opposèrent à leur emploi durant la Seconde Guerre mondiale.

Il est important de distinguer cette interdiction sur le front militaire de l’utilisation nazie des armes chimiques, telles que le Zyklon B, destinées à exterminer des millions de civils dans les camps de concentration. Pour un soldat allié, la menace d’être envoyé dans un camp comme Auschwitz et d’y périr sous l’effet d’armes chimiques restait heureusement marginale.

En revanche, dans le cadre du conflit sino-japonais, les forces japonaises recoururent ponctuellement à des armes chimiques sur le terrain. Ainsi, les soldats chinois furent les seuls largement exposés à ce danger durant la guerre. Cette utilisation, très controversée, fut en grande partie dissimulée par la destruction des archives militaires japonaises après la fin du conflit.

Ce n’est qu’en 2019 qu’un rapport détaillé fut révélé, recensant le nombre d’obus contenant des agents vésicants tirés contre les troupes chinoises. Si le nombre exact de victimes demeure inconnu, il est probable que ces armes chimiques aient provoqué de nombreuses morts parmi les soldats.

Soldat allié portant un blessé pendant la marche de la mort de Bataan

Malgré l’existence de règles visant à protéger les prisonniers de guerre (POW) contre les mauvais traitements, ces derniers furent souvent victimes de souffrances atroces. L’un des épisodes les plus terrifiants fut celui des marches de la mort, imposées aux prisonniers de chaque camp. Ces transferts forcés, effectués sur des dizaines de kilomètres à travers des terrains difficiles et par des conditions climatiques extrêmes, conduisirent à la mort de milliers de soldats épuisés et blessés, souvent avant même d’atteindre leur destination.

La tristement célèbre marche de la mort de Bataan illustre cette brutalité : 78 000 soldats philippins et américains furent contraints de traverser la jungle sur 105 kilomètres vers un camp de prisonniers. Après plusieurs semaines de combats, beaucoup étaient malades, affamés ou épuisés. Pendant ce calvaire, ils furent battus sans raison, reçurent à peine de quoi se nourrir et étaient abattus s’ils demandaient de l’eau.

Les marches de la mort de Sandakan renvoient à un autre supplice, où des prisonniers australiens durent parcourir plus de 240 kilomètres dans la jungle de Bornéo. Les morts en chemin étaient abandonnés sur place, et ceux incapables de continuer étaient assassinés. Un officier britannique survivant de la marche de Lamsdorf décrivit des conditions glaciales, une faim extrême, une peur constante et une mortalité élevée tout au long de ce périple qui dura plusieurs mois. Il raconta également qu’un groupe de prisonniers russes avait tenté de s’échapper par une marche autonome, mais fut abattu par des avions de leur propre pays.

Du côté soviétique, les Allemands capturés à Stalingrad subirent à leur tour une marche de la mort durant l’hiver rigoureux. Privés de nourriture et exposés à un froid écrasant, de nombreux prisonniers allemands périrent sur le chemin.

Le fragging, un phénomène rare mais tragique

Soldat Army Ranger tenant une grenade et un fusil en souriant

Durant la guerre du Vietnam, un problème inédit est apparu au sein de l’armée : sous la pression extrême du conflit, certains soldats cassaient l’ordre militaire en tuant leurs officiers supérieurs. Ce phénomène fut baptisé « fragging », en référence au type de grenade utilisée pour commettre ces assassinats — des soldats lançaient des grenades à fragmentation dans les tentes de leurs supérieurs.

Bien que ce terme ait été inventé durant la guerre du Vietnam, ces actes tragiques ne sont pas totalement étrangers à la Seconde Guerre mondiale. Des assassinats d’officiers par des soldats, souvent motivés par des conflits personnels, se sont parfois produits, quoique de façon beaucoup plus rare. Dans quelques cas isolés, des grenades furent également utilisées, mais en nombre très limité comparé au Vietnam.

Voici quelques exemples poignants :

  • Le lieutenant Harold Cady fut tué en Birmanie par l’angoissé soldat Herman Perry. Ce dernier, afro-américain, craignait de retourner en prison et réagit violemment lorsqu’il fut menacé d’une punition physique, tirant sur Cady avant de prendre la fuite. Capturé, il fut finalement pendu.
  • En France, le soldat George Green Jr. assassina sans raison apparente le caporal Tommie Lee Garrett. Green, en pleine crise, voulait simplement faire du mal ce jour-là. Il prétendit que Garrett l’avait accusé d’avoir renversé de l’urine par terre et l’avait saisi en exigeant qu’il nettoie, avec un couteau en main selon un témoin. Green fut reconnu coupable et exécuté.

Ces épisodes témoignent des tensions extrêmes que subissaient les soldats, où la peur, la répression et les conflits internes aboutissaient parfois à des drames parmi les rangs.

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