Pourquoi il était quasi impossible de survivre comme soldat en WWII

par Zoé
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Pourquoi il était quasi impossible de survivre comme soldat en WWII
États-Unis, Japon, Allemagne, Union soviétique, France, Philippines

Pourquoi la survie des soldats était un défi monumental durant la Seconde Guerre mondiale

Croix dans un cimetière militaire avec un drapeau américain et français

Beaucoup d’aspects de la Seconde Guerre mondiale n’ont jamais été pleinement abordés dans les cours d’histoire au lycée. Parmi eux, les récits cauchemardesques de batailles peu connus du grand public, souvent trop violents pour être enseignés aux enfants, ainsi que les règles strictes et parfois étranges que devaient suivre les soldats durant cette période.

Ce qui ressort sans doute comme le point le plus marquant, c’est que la probabilité de survie d’un soldat durant la Seconde Guerre mondiale était extrêmement faible. On aime tous imaginer que nous aurions été des héros courageux, rentrant chez nous après avoir combattu pour la bonne cause. Pourtant, même les actes de bravoure n’ont pas toujours suffi à sauver ces hommes, dont beaucoup sont morts sur le champ de bataille.

Il ne faut pas oublier non plus les nombreux soldats victimes d’accidents, de maladies, des conditions climatiques extrêmes ou même d’attaques animales. Le conflit le plus vaste et meurtrier de l’histoire a multiplié les dangers bien au-delà des combats directs.

Ainsi, peu importe votre niveau d’entraînement ou votre préparation mentale, la réalité est que survivre en tant que soldat pendant la Seconde Guerre mondiale relevait d’un combat quotidien contre des menaces mortelles multiples.

Des millions de soldats périrent au combat

Soldats américains traversant un champ enneigé lors de la bataille des Ardennes

Si l’on évalue la tragédie et l’horreur d’une guerre au nombre de soldats tombés au combat, aucune autre n’égale la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit fut un massacre à grande échelle, coûtant la vie à des millions de combattants. Parmi les innombrables dangers mortels auxquels étaient confrontés les soldats, la cause principale de décès restait les combats sur le champ de bataille, qui firent plus de victimes que dans toute autre guerre de l’Histoire.

Les batailles les plus meurtrières de la Seconde Guerre mondiale ont causé la mort de centaines de milliers de soldats. Ces affrontements ne se résumaient pas à une seule journée sanglante, mais s’étendaient parfois sur plusieurs mois, amplifiant le carnage de façon presque inimaginable. Au total, on estime que 15 millions de combattants ont perdu la vie pendant cette guerre.

Pour les troupes américaines, la bataille la plus meurtrière fut celle des Ardennes, qui dura plusieurs semaines. On estime que 19 000 soldats américains y succombèrent sur le terrain, sans compter les dizaines de milliers blessés, portés disparus ou capturés, dont certains seraient morts ultérieurement suite à leurs blessures.

Certaines morts étaient aussi imprévues que terribles. Par exemple, pour les soldats alliés engagés dans le Pacifique, la situation s’aggrava au fil du conflit face à la détermination japonaise, notamment via les attaques suicides kamikazes. Le USS Laffey fut ainsi la cible d’au moins six attaques de kamikazes en une seule journée, provoquant des incendies meurtriers et la perte de 32 marins.

Un soldat blessé transporté en civière de l'ambulance à l'hôpital

Survivre aux combats de la Seconde Guerre mondiale ne signifiait pas forcément être hors de danger. Même si un soldat avait la chance d’échapper aux tirs ennemis, une blessure sur le champ de bataille pouvait rapidement devenir mortelle. La médecine militaire de l’époque, loin des standards modernes et des hôpitaux stériles, offrait des soins souvent précaires, faisant des blessures un risque majeur de décès.

Selon les archives de l’armée américaine, plus de 590 000 soldats furent blessés au combat durant la guerre, et près de 27 000 d’entre eux succombèrent à leurs blessures. Cela représente environ 5 % des combattants blessés, une proportion alarmante qui témoigne des dangers persistants même après le choc initial des combats.

Plusieurs facteurs déterminaient les chances de survie d’un soldat : la localisation de la blessure, la nature de celle-ci, mais surtout la rapidité des soins. Recevoir une assistance médicale adéquate dans l’heure suivant la blessure augmentait les chances de survie à 90 %. En revanche, après huit heures sans traitement, elles chutaient brutalement à 25 %. Selon le théâtre des opérations, les taux de survie variaient également : les soldats blessés en Europe bénéficiaient souvent de meilleures aides médicales que ceux engagés dans le Pacifique.

Visages de soldats allemands couverts de neige et de glace

La Seconde Guerre mondiale fut un conflit véritablement mondial, ce qui exposa les soldats à des environnements extrêmement variés et souvent mortels selon les régions où ils combattaient. Ils durent affronter des conditions climatiques radicalement différentes, des steppes glaciales de l’Union soviétique aux déserts brûlants d’Afrique du Nord, en passant par les jungles humides des îles du Pacifique. Chacun de ces milieux présentait ses propres dangers liés aux éléments naturels.

En Europe, les soldats enduraient principalement le froid et l’humidité. Les affrontements souvent statiques dans les tranchées s’accompagnaient fréquemment de pluies incessantes, obligeant les hommes à rester debout dans l’eau pendant plusieurs jours, voire semaines. Cette immersion prolongée provoquait une affection redoutable appelée « pied de tranchée », qui pouvait dégénérer en gangrène et entraîner la mort. Quand l’hiver arrivait, la pluie laissait place à la neige, et le danger principal se transformait en gelures, dont les conséquences étaient tout aussi dramatiques.

Dans les théâtres d’opérations du Pacifique, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, c’était au contraire la chaleur extrême qui représentait une menace mortelle. Les températures élevées contraignirent les armées à modifier les heures auxquelles les tâches les plus ardues étaient réalisées, dans le but de limiter les cas de coup de chaleur et de déshydratation sévère. Ainsi, certains moments de la journée devenaient inadaptés à tout effort physique, une réalité que la plupart des soldats américains, habitués à des climats tempérés, découvraient avec stupeur.

Les accidents militaires sur le front et à l’arrière

Destruction après les explosions de Port Chicago

Tous les soldats morts pendant la Seconde Guerre mondiale n’étaient pas nécessairement au front. Certains n’avaient même pas quitté leur pays d’origine. Aux États-Unis, le territoire national semblait préservé de toute attaque de grande ampleur, ce qui donnait une illusion de sécurité aux recrues en formation ou aux militaires affectés à des fonctions domestiques.

Cependant, la guerre n’épargnait aucun lieu ni aucune tâche, y compris à l’arrière. Des accidents tragiques sur le sol américain ont coûté la vie à de nombreux soldats, indépendamment des combats contre les puissances de l’Axe.

Le métier le plus périlleux au sein des forces armées était sans doute celui de pilote ou de membre d’équipage aérien. Les risques d’être abattu au-dessus d’un champ de bataille étaient bien connus, mais de nombreux aviateurs sont également morts dans des accidents de vol, souvent dus à des circonstances techniques ou humaines.

Le travail dans les chantiers navals se révélait également extrêmement dangereux. Soldats et marins étaient chargés du chargement et du déchargement des munitions et explosifs sur les navires, une activité où la moindre erreur pouvait provoquer une catastrophe. Le 17 juillet 1944, l’accident de Port Chicago en Californie a marqué les esprits : une immense explosion, due à des conditions de travail jugées dangereuses, a détruit plusieurs navires, projeté des débris sur plus d’un kilomètre et causé la mort instantanée de 320 marins.

Soldats américains chargeant un mortier avec des obus

La « brume de guerre » conduit souvent à des décisions précipitées ou mal informées. En tant que soldat, il fallait espérer que les responsables du choix des armes ne négligeaient aucun détail et n’envoyaient pas au combat des équipements défectueux. Pourtant, en dépit des précautions, la Seconde Guerre mondiale a vu des soldats envoyés en première ligne avec des armes insuffisamment testées, voire délibérément défaillantes, un fait tragique et méconnu de ce conflit.

L’un des exemples les plus marquants est celui de la torpille Mark 14. Lorsqu’ils entrèrent en guerre, les États-Unis disposaient de cette arme comme principal moyen de détruire les navires ennemis dans le Pacifique. Cependant, les marins découvrirent rapidement que ces torpilles échouaient fréquemment à exploser. Un officier rapporta avoir tiré huit torpilles « mortes » consécutives à ses supérieurs. Ce problème n’était pas isolé : environ 80 % de ces torpilles présentaient un dysfonctionnement, pourtant les sous-marins continuaient à partir en mission avec ces munitions défectueuses. Ce manque de fiabilité coûta ainsi la vie à de nombreux soldats.

Même les armes réputées sûres pouvaient réserver des surprises funestes. Les obus de mortier, largement utilisés par les Alliés et considérés comme relativement fiables, restèrent malgré tout responsables d’accidents tragiques. En effet, au moins 38 soldats américains perdirent la vie durant la guerre à cause d’explosions prématurées de ces projectiles, illustrant la dangerosité constante à laquelle étaient exposés les combattants, bien au-delà des seuls tirs ennemis.

Des prisonniers de guerre soviétiques escortés par des soldats allemands

En théorie, tout soldat capturé pendant un conflit armé devrait bénéficier d’un traitement humain minimum, encadré par des règles internationales. Après les sévices subis par les prisonniers durant la Première Guerre mondiale, la Croix-Rouge internationale prit l’initiative d’élaborer un traité plus strict. La Convention Relative au Traitement des Prisonniers de Guerre fut signée à Genève en 1929 et entra en vigueur en 1931.

Cependant, durant la Seconde Guerre mondiale, ces principes furent largement bafoués, et les prisonniers subissaient des atrocités terrifiantes. Les armées japonaise, allemande et soviétique pratiquaient régulièrement des massacres de masse parmi les captifs.

Ces exactions prenaient plusieurs formes :

  • dans certains camps, la privation de médicaments essentiels lors d’épidémies faisait des ravages parmi les prisonniers ;
  • parfois, les prisonniers étaient tout bonnement assassinés, comme lors de l’incendie d’un bunker aux Philippines, où les troupes japonaises tuèrent 139 soldats américains en 1944, tirant sur ceux qui tentaient de fuir ;
  • d’autres massacres, comme celui des militaires italiens en 1943, témoignent d’une brutalité organisée contre certains groupes prisonniers.

En dehors des exécutions massives, la cruauté pouvait aussi se manifester individuellement. De nombreux gardiens allemands laissaient mourir de froid ou de faim des prisonniers soviétiques, tandis que certains n’hésitaient pas à battre ou abattre leurs détenus sans raison.

Ce climat de terreur et de violence systématique illustre l’une des raisons majeures pour lesquelles la survie comme soldat captif durant la Seconde Guerre mondiale était extraordinairement précaire et souvent tragique.

Bombardier allié le Jour J peint avec des rayures pour éviter le feu ami

Lorsqu’un soldat partait au combat durant la Seconde Guerre mondiale, il ne connaissait pas toujours l’ampleur des dangers qu’il allait affronter. Pourtant, une vérité fondamentale aurait dû être claire : distinguer les camarades des ennemis. Or, la guerre est une situation chaotique où les erreurs sont inévitables. Parfois, ce sont ces erreurs qui provoquaient des tragédies insoutenables, avec des soldats ne revenant pas du front non pas à cause de l’ennemi, mais victimes d’un tir ami.

Cette menace était bien plus fréquente qu’on ne l’imagine. On estime que 12 à 14 % des pertes militaires américaines durant le conflit résultaient du feu ami, aussi appelé fratricide ou amicicide. Ces chiffres auraient surpris les soldats de l’époque, car les manuels officiels de l’Armée américaine ne mentionnaient que 2,2 % de décès dus à ce phénomène, un chiffre établi sans base mathématique rigoureuse.

Les récits de ces incidents sont glaçants : des troupes prises par surprise, attaquées par leurs propres avions. Des pilotes témoins impuissants d’appareils alliés abattus par leurs propres forces. En mer Pacifique, 53 navires ont perdu 186 marins au profit du feu ami. Pire encore, la fréquence de ces tragédies a augmenté pour les troupes américaines au fil des années de guerre.

Les maladies, un fléau omniprésent

Affiche de répulsif anti-insectes durant la Seconde Guerre mondiale

Les médecins sur le champ de bataille ne se contentaient pas de gérer les terribles blessures infligées lors des combats de la Seconde Guerre mondiale. Une menace plus insidieuse, invisible à l’œil nu, sévissait partout : virus et bactéries proliféraient, mettant en péril les soldats dans tous les théâtres d’opérations.

Ces agents pathogènes s’infiltraient par de multiples voies, causant une souffrance intense, et parfois la mort. Des maladies comme la dysenterie, le typhus, le choléra ou encore le paludisme ont emporté des millions de soldats. Dans le Pacifique, les moustiques véhiculant le paludisme propageaient une épidémie qui affectait gravement la capacité de combat des troupes des deux camps, aggravée par la pénurie de quinine, médicament clé pour traiter cette maladie.

Les prisonniers de guerre, eux, étaient encore plus exposés à ces fléaux. Privés de soins adéquats dans les camps, beaucoup succombaient au paludisme, parfois par centaines, voire milliers, chaque mois.

La dysenterie, liée à des conditions sanitaires catastrophiques, frappait également durement les prisonniers. L’absence d’hygiène suffisante rendait quasi impossible la consommation d’eau propre, ce qui conduisait à des épisodes diarrhéiques violents et récurrents, affaiblissant considérablement les malades. On estime qu’à peu près chaque prisonnier de guerre en souffrait à un moment donné.

Le lieutenant-colonel A.E. Coates décrivait ainsi la situation des prisonniers alliés en Birmanie et en Thaïlande : « Une cahute remplie de malades atteints de dysenterie était surnommée la ‘Maison des Morts’ — rares étaient ceux qui en ressortaient vivants ».

Un soldat allié en larmes après une bataille

Comme le dit l’expression célèbre, la guerre est un enfer. Pour quiconque n’a jamais affronté la menace constante d’une arme pointée, jour après jour, semaine après semaine, il est difficile de mesurer le poids psychologique que cela impose. Un soldat ne doit pas seulement faire face à la perspective de sa propre mort, mais aussi au traumatisme d’avoir tué des hommes. Même convaincu d’être du bon côté de l’Histoire, il arrive que cette charge mentale devienne insupportable.

Fait surprenant, la Seconde Guerre mondiale comptabilise relativement peu d’incidents tragiques liés à ces souffrances psychologiques. Les taux de suicide parmi les soldats américains en service actif furent parmi les plus bas jamais enregistrés lors de ce conflit. Pourtant, le stress extrême, la peur et les traumatismes poussèrent certains soldats au désespoir. On estime qu’environ cinq soldats sur 100 000 se sont suicidés entre 1944 et 1945. L’introduction dans l’armée américaine de mesures spécifiques visant à prévenir les suicides a vraisemblablement contribué à limiter ces chiffres.

Toutefois, contrairement aux Alliés victorieux, les troupes subissant une défaite écrasante pouvaient être tentées par le suicide. Ce phénomène fut particulièrement marqué chez les soldats japonais, qui incitaient, voire forçaient, les civils à en faire autant. Sur l’île d’Okinawa, un tiers de la population mit fin à ses jours dans ce contexte.

Soldats soviétiques avec des chiens anti-chars

Survivre face à une armée ennemie déterminée à vous éliminer représentait déjà un défi colossal pour les soldats de la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, ces combattants devaient aussi parfois se méfier d’ennemis bien moins intelligents mais tout aussi mortels : les animaux.

Si les moustiques et autres insectes porteurs de maladies ont souvent provoqué des pertes humaines considérables, certaines rencontres avec des animaux plus imposants ont révélé un caractère tout aussi tragique et souvent surprenant.

L’un des récits les plus glaçants provient des témoignages de soldats américains lors de l’opération sur l’île de Ramree, près de la Birmanie. Alors que les forces japonaises se repliaient dans des marécages infestés de crocodiles, ces derniers ont causé la mort de nombreux soldats. Certains historiens restent sceptiques quant à l’exactitude de ce récit, mais plusieurs vétérans américains affirment que les crocodiles ont dévoré une majorité des troupes japonaises tentant de s’échapper.

Même les animaux domestiques furent détournés en armes redoutables. Les Soviétiques mirent au point une tactique consistant à entraîner des chiens à porter des charges explosives — sortes de gilets suicides — destinés à détruire les chars ennemis en s’introduisant sous eux. Cependant, la peur dominante en pleine bataille poussait souvent ces chiens à s’enfuir… vers leurs propres tranchées. Au moins six chiens anti-chars provoquèrent l’explosion de positions soviétiques, tandis qu’environ 300 chars ennemis furent renversés grâce à cette méthode.

Ces anecdotes illustrent à quel point la survie d’un soldat durant la Seconde Guerre mondiale allait bien au-delà des combats humains, englobant aussi bien les dangers de la nature que les risques liés à des stratégies militaires audacieuses mais parfois imprévisibles.

Les soldats contraints de boire de l’alcool frelaté

Soldats riant tandis qu'un autre verse une bière dans sa bouche

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il était courant que les soldats et marins consomment des boissons alcoolisées souvent dangereuses. Parmi elles, le célèbre « torpedo juice », une boisson fabriquée à partir de l’éthanol contenu autour des torpilles, causait de sérieux problèmes de santé et plusieurs morts.

Le comédien Lee Powell, connu pour avoir incarné le Lone Ranger, est décédé durant le conflit. Selon certaines rumeurs, sa mort serait liée à la consommation de saké empoisonné lors d’une célébration, bien que cela reste non confirmé. En revanche, il est avéré que bon nombre de militaires buvaient des alcools artisanaux impropres à la consommation, appelés moonshine, qui ont causé de nombreuses victimes.

Rien qu’au cours des six premiers mois de 1945, 188 soldats américains déployés en France et en Allemagne ont trouvé la mort en buvant ce type d’alcool frelaté. Dans le théâtre du Pacifique, le « torpedo juice » constituait une menace encore plus sérieuse. Tous en étaient conscients : lors de sa visite en 1943, Eleanor Roosevelt relatait ainsi que « la nuit dernière, quatre hommes sont morts après avoir bu de la shellac distillée » — la sacrifice réelle étant probablement due au « torpedo juice ».

Le corps médical de la marine, représenté notamment par Norton Lund, témoignait : « Certains hommes buvaient vraiment ce qu’ils appellent torpedo juice. Nous avons eu plusieurs cas où des soldats ont consommé la mauvaise substance. Cela peut entraîner la cécité, voire la mort. Ce problème était bien réel. » De son côté, Thomas Duncan, engagé dans la marine après l’attaque de Pearl Harbor, racontait l’histoire tragique d’un marin de 22 ans qui succomba dans son sommeil après avoir ingéré ce breuvage mortel.

Cette réalité met en lumière un danger souvent sous-estimé pour les soldats confrontés aux rigueurs de la guerre, où la soif et l’isolement conduisaient à des décisions fatales. La consommation de ces alcools frelatés s’ajoutait aux innombrables périls auxquels ils devaient faire face, renforçant l’idée que la survie du soldat durant la Seconde Guerre mondiale était une lutte constante contre de multiples menaces mortelles.

Des millions de soldats victimes de la famine

Des prisonniers de guerre alliés cherchant dans des cendres des restes comestibles

L’adage attribué à Napoléon Bonaparte et Frédéric le Grand, « Une armée marche sur son estomac », reflète une réalité incontestable. Peu importe la formation d’une troupe ou la sophistication de ses armes : la faim affaiblit irrémédiablement la capacité de combat. Ainsi, la privation alimentaire s’est révélée être une arme redoutable, bien que moralement discutable, durant la Seconde Guerre mondiale.

La campagne de Bataan, sur les Philippines, fut un désastre pour les Alliés, provoquant la mort de milliers de soldats par famine. Les prisonniers de guerre alliés enduraient aussi des jeûnes forcés dans les camps, contraints de fouiller les cendres pour tenter de trouver des restes comestibles, comme en témoigne l’image ci-dessus.

Les États-Unis, dans le théâtre du Pacifique, ont eux-mêmes exploité la famine comme stratégie de guerre. On estime qu’environ 1,4 million de soldats japonais sont morts de faim sur le front, en grande partie à cause des blocus américains isolant leurs avant-postes insulaires. Ces troupes pouvaient rester des mois sans ravitaillement, les obligeant à consommer des sources alimentaires de plus en plus désespérées : serpents, rats, puis même de l’herbe.

Les soldats de rang inférieur furent particulièrement exposés à la famine, avec des taux de mortalité plus élevés et plus précoces comparés aux officiers. Cette pénurie nutritionnelle dévastatrice minait non seulement le moral des troupes mais réduisait aussi leur endurance physique et augmentait leur vulnérabilité aux maladies.

Un pont ferroviaire détruit par des ingénieurs français lors d'une retraite

Un des risques majeurs pour les troupes occupantes durant la Seconde Guerre mondiale venait des actes de sabotage menés par les populations locales. En effet, dans les pays européens sous domination des forces de l’Axe, les habitants insatisfaits organisaient fréquemment des actions pour entraver les opérations ennemies. Le sabotage, souvent réalisé sous le couvert de la nuit ou différé dans le temps, permettait de minimiser les risques pour les résistants tout en créant d’importantes perturbations.

La priorité de ces actions n’était pas toujours de faire des victimes parmi les soldats ennemis, mais plutôt de compliquer la logistique et la gestion des occupants. Par exemple, ralentir l’administration militaire ou couper l’électricité pouvait avoir autant d’impact que l’élimination physique d’un adversaire. Cependant, certains sabotages visaient explicitement à causer des pertes humaines.

Parmi les formes les plus meurtrières de sabotage, les groupes de résistance français se sont illustrés par la destruction des voies ferrées. Cela pouvait aller de la simple suppression de boulons à des explosions synchronisées au passage des trains. En 1942, deux attaques survenues en l’espace de deux semaines près d’Airan, en France, ont provoqué des déraillements ayant coûté la vie à 38 soldats allemands. En représailles, les puissances occupant ont infligé des peines sévères : des dizaines de résistants ont été exécutés, beaucoup d’autres arrêtés et 80 envoyés au camp d’Auschwitz.

Snipers soviétiques en uniformes blancs pendant une tempête de neige

Être touché mortellement au combat aboutit inévitablement à la même issue, mais rien n’est plus terrifiant que l’idée d’être la cible silencieuse d’un tireur d’élite. Durant la Seconde Guerre mondiale, la plupart des armées ont massivement recruté et formé des snipers, une approche longtemps sous-estimée. En 1942, le lieutenant-colonel N.A.D. Armstrong observait d’ailleurs que les troupes de mousquetaires avaient tendance à mépriser le tireur d’élite, le considérant comme un phénomène propre à la guerre de tranchées de la Première Guerre mondiale, et qu’il serait peu probable qu’il réapparaisse.

Pourtant, les snipers du second conflit mondial se sont révélés extraordinairement meurtriers. Parmi eux, les tireurs d’élite soviétiques ont particulièrement marqué l’Histoire, et leur rôle fut crucial dans la victoire âprement disputée de la bataille de Stalingrad. Alors que la majorité des snipers étaient des hommes, l’Union soviétique autorisait également les femmes à combattre dans ce rôle spécifique. Lyudmila Pavlichenko, surnommée la « Dame de la mort », demeure la sniper féminine la plus redoutable, créditée de 309 éliminations avant d’être blessée et retirée du front. Son héroïsme était tel qu’on la considérait comme un atout moral précieux, la protéger devenant une priorité impérative.

De leur côté, les Finlandais ont également laissé une empreinte indélébile à travers Simo Häyhä, surnommé la « Mort blanche ». Active pendant la Guerre d’Hiver (1939-1940) opposant la Finlande à l’Union soviétique, cette figure célèbre aurait abattu plus de 500 adversaires en quelques mois, exploit qui souligne à quel point la survie d’un soldat pouvait dépendre d’un regard affûté et d’une patience implacable.

Usage limité des armes chimiques sur le champ de bataille

Soldats japonais en fuite pendant une bataille en Chine

La Première Guerre mondiale a marqué l’introduction tragique des armes chimiques, comme les gaz toxiques, provoquant des milliers de morts et des blessures terrifiantes, notamment la cécité, chez les survivants. L’horreur suscitée par ces armes fut telle que des personnalités majeures telles que Franklin D. Roosevelt et Adolf Hitler se sont opposées à leur emploi massif durant la Seconde Guerre mondiale.

Cependant, il ne faut pas confondre l’usage militaire et l’utilisation génocidaire des armes chimiques. Des substances comme le Zyklon B ont tristement servi à l’extermination de millions de Juifs et d’autres populations dans les camps de concentration nazis. Pour un soldat allié, cependant, la probabilité d’être déporté dans un camp et d’y mourir par arme chimique restait très faible.

À l’inverse, les forces japonaises ont utilisé des armes chimiques de façon limitée durant le conflit, notamment en Chine lors de la guerre sino-japonaise. Ce sont donc principalement les soldats chinois qui furent exposés à ce danger mortel.

L’emploi de ces substances fit l’objet d’une vive controverse, accentuée par la destruction des archives correspondantes par le Japon après la guerre. Néanmoins, la découverte en 2019 d’un rapport détaillé a mis en lumière l’utilisation d’agents vésicants, avec un comptage des obus chimiques tirés contre les troupes chinoises. Bien que le nombre exact de victimes reste inconnu, il est probable que plusieurs soldats aient succombé à ces attaques toxiques.

Soldat allié portant un blessé lors de la marche de la mort à Bataan

Malgré l’instauration de règles visant à empêcher les mauvais traitements envers les prisonniers de guerre, ceux-ci ont souvent subi des souffrances atroces. Parmi les actes les plus cruels figuraient les marches de la mort, auxquelles les prisonniers des deux camps étaient fréquemment contraints. Ces transferts forcés obligeaient les soldats blessés et épuisés à parcourir des dizaines de kilomètres à travers des terrains difficiles et sous des conditions météorologiques éprouvantes. Le résultat : des milliers de morts avant même d’atteindre les camps de détention.

La tristement célèbre marche de la mort de Bataan illustre parfaitement cette réalité. Environ 78 000 soldats philippins et américains y furent forcés de traverser la jungle sur près de 105 kilomètres pour rejoindre un camp de prisonniers. Après des semaines de combats, ils étaient affaiblis, souvent malades, et proches de la famine. En chemin, ils furent battus sans raison, nourris insuffisamment et abattus s’ils réclamaient de l’eau.

Plus à l’ouest, les marches de la mort de Sandakan obligèrent des prisonniers australiens à parcourir plus de 240 kilomètres à travers la jungle de Bornéo. Les soldats tombant en chemin étaient simplement abandonnés. Ceux incapables de continuer étaient exécutés. Un officier britannique ayant survécu à la marche de Lamsdorf témoigna des températures glaciales, de la faim extrême, de la peur constante et de la mort omniprésente qui marquaient ces longs déplacements. Il évoqua également le sort tragique d’un groupe de prisonniers russes qui, ayant tenté leur propre marche, furent abattus par des avions de leur propre pays.

Du côté soviétique, les Allemands capturés à Stalingrad furent eux aussi soumis à une marche de la mort durant un hiver rigoureux, avec une nourriture quasi inexistante. De nombreux prisonniers allemands périrent ainsi dans ces conditions inhumaines.

Soldat tenant une grenade et une arme, souriant

Le phénomène connu sous le nom de « fragging » s’est tristement illustré durant la guerre du Vietnam, lorsque des soldats, sous une pression extrême, ont parfois assassiné leurs officiers supérieurs. Le terme vient du « frag grenade », une grenade utilisée pour commettre ces actes en visant souvent la tente de l’officier ciblé.

Si le terme lui-même est apparu plus tard, des actes similaires se sont produits lors de la Seconde Guerre mondiale, bien que beaucoup plus rares et souvent motivés par des conflits personnels. Quelques cas impliquant des grenades eurent lieu, mais leur fréquence était bien moindre comparée à la guerre du Vietnam.

Ces épisodes sont surtout marqués par des drames personnels. Par exemple, en Birmanie, le lieutenant Harold Cady fut tué par le soldat Herman Perry, qui craignait le retour en prison et voulait éviter toute punition physique. Perry, un soldat noir ayant déjà des démêlés, a tiré sur Cady avant de fuir, mais il fut capturé et exécuté par la suite.

En France, le soldat George Green Jr. tua le caporal Tommie Lee Garrett pour des raisons obscures, motivé par une colère soudaine. Garrett lui aurait reproché d’avoir uriné au sol et s’en serait pris à lui avec un couteau, selon un témoin. Green fut reconnu coupable et exécuté pour ce crime.

Ces histoires illustrent une facette tragique et méconnue des conflits armés, soulignant les tensions extrêmes qui pouvaient mener à des affrontements internes entre soldats durant la Seconde Guerre mondiale.

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