
Le nom de Martin Luther King Jr. est sans doute l’un des plus étroitement associés au mouvement des droits civiques des années 1950 et 1960. Six décennies après son assassinat, une fête fédérale porte encore son nom. Pourtant, King ne s’est jamais battu seul pour l’égalité raciale et sociale. Des figures telles que Rosa Parks, Claudette Colvin ou le groupe des Little Rock Nine ont également marqué cette période. Parmi ces militants, un homme reste souvent dans l’ombre : Ralph Abernathy.
Ralph Abernathy fut l’un des compagnons les plus proches de King. Il était à ses côtés lors du célèbre discours « I’ve Been to the Mountain Top », où King le désigna comme « le meilleur ami que j’aie au monde ». Pourtant, après la mort de King en 1968, le nom d’Abernathy a progressivement été relégué aux marges de l’histoire.
Malgré cet oubli relatif, Abernathy poursuivit inlassablement le combat pour les droits civiques, organisant marches et manifestations initiées par King lui-même.
Une figure effacée de l’Histoire

Ralph Abernathy partagea avec King de nombreuses nuits blanches à préparer manifestations et stratégies pour faire avancer le mouvement des droits civiques. Ils furent parfois même emprisonnés ensemble. Mais qu’est-ce qui a mené à l’effacement quasi complet du nom d’Abernathy dans l’histoire récente ?
Une des causes majeures fut la publication de son autobiographie en 1989, And The Walls Came Tumbling Down. Ce livre, riche en détails sur le Sud ségrégationniste et la lutte pour les droits civiques, révèle aussi des aspects controversés de la vie personnelle de King, notamment ses infidélités conjugales. En brisant le mythe du « saint » King, Abernathy fut perçu par beaucoup comme un traître et un renégat.
À l’époque, le révérend Jesse Jackson critiqua vivement Abernathy, estimant qu’il alimentait les forces opposées au mouvement des droits civiques en offrant un prétexte pour discréditer cette lutte historique.
Ralph Abernathy s’éteignit en 1990 des suites d’une crise cardiaque, laissant derrière lui un héritage complexe, à la fois celui d’un militant dévoué et celui d’un homme dont les révélations ont bouleversé la mémoire collective.
