Dans une affaire digne des intrigues imaginées par Sir Arthur Conan Doyle pour Sherlock Holmes, le mystère de la bicyclette verte reste l’un des crimes non résolus les plus célèbres d’Angleterre. Cet énigmatique dossier, souvent appelé le « Mystère de la bicyclette verte » ou encore le « Meurtre de la bicyclette verte », remonte à 1919.
Le 5 juillet de cette année, Bella Wright, une jeune ouvrière d’usine, fut vue pour la dernière fois en train de rouler à vélo aux côtés d’un homme. Son corps fut retrouvé le soir même sur un chemin près de Little Stretton.

Au départ, sa mort fut considérée comme un accident, et son corps fut transporté dans une maison. Pourtant, un policier de la région retourna sur le lieu et découvrit des empreintes ensanglantées d’un oiseau, du sang sur une porte proche ainsi qu’une balle sur la route. En examinant à nouveau le corps de Bella Wright et après avoir nettoyé son visage, il constata une perforation par balle sous son œil gauche. Il fut vite clair que sa mort n’était pas un simple accident.
La recherche de preuves et d’un suspect
Les autorités, selon la police du Leicestershire, lancèrent rapidement une enquête afin de retrouver l’homme aperçu avec Bella ce jour fatidique. Un détail crucial était que cet individu roulait sur une bicyclette verte. En retraçant le parcours de la victime, ils apprirent que la jeune femme de 21 ans avait commencé sa journée tard après une nuit de travail dans une usine de pneus. Elle avait écrit une lettre destinée à son petit ami soldat avant de partir la poster.
Dans la soirée, Bella s’était arrêtée chez son oncle à Gautby, accompagnée de cet homme inconnu sur la fameuse bicyclette verte. L’oncle remarqua qu’il l’appelait par son prénom, et un cousin supposait qu’ils se connaissaient, bien que Bella ait affirmé qu’il s’agissait d’un étranger. Elle quitta la maison de son oncle un peu avant 21 heures.

À mesure que l’enquête progressait, le portrait de cet homme se précisait : « un peu négligé », d’après la BBC. Mais son identité demeurait inconnue pendant sept mois, jusqu’à ce qu’une bicyclette verte soit retrouvée près d’une péniche sur la rivière Soar. Malgré une tentative pour effacer le numéro de série du vélo, la police parvint à identifier son propriétaire : Ronald Light.
Ce dernier, initialement niant connaître Bella Wright, fut formellement identifié par plusieurs témoins comme l’homme aperçu à ses côtés. Instituteur de mathématiques de 34 ans et ancien soldat, Ronald Light semblait perturbé. Une holster à revolver lui appartenant fut également découverte dans le canal Grand Union.
Ronald Light, jugé pour meurtre
Les balles retrouvées dans le holster correspondaient à celle qui avait tué Bella Wright, ce qui conduisit à l’arrestation de Ronald Light. Son procès déclencha une véritable sensation médiatique. Défendu par Edward Marshall Hall, un avocat célèbre surnommé « Le Grand Défenseur », Light monta à la barre et admit ouvertement posséder un revolver datant de son service militaire, avoir accompagné Bella sur sa bicyclette verte et un bout du chemin menant chez elle.
Malgré ces aveux, l’avocat parvint à semer le doute sur la culpabilité de son client, remettant en question les preuves balistiques et soulignant l’absence de mobile pour ce meurtre.
Le 11 juin 1920, Ronald Light fut acquitté. Aucun autre suspect ne fut jamais arrêté, et l’affaire resta non résolue. Light réinventa sa vie, déménagea et adopta un nouveau nom. La famille de Bella Wright était convaincue qu’il avait échappé à la justice ; un sentiment renforcé lorsque, après le procès, Light aurait confié à un inspecteur qu’il avait tué la jeune femme, mais que c’était un accident — confession découverte des années plus tard dans des archives policières.
La vérité complète sur ce qui s’est passé ce soir du 5 juillet 1919 demeure donc un mystère, d’autant plus que Ronald Light est décédé en 1975 à l’âge de 89 ans.
