Le Mythe des Furies : Justice ou Vengeance ?

par Zoé
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Le Mythe des Furies : Justice ou Vengeance ?
Grèce, Rome

Vous êtes-vous déjà imaginé l’existence d’êtres tout-puissants qu’on pourrait interpeller d’un simple geste en disant : « Voilà l’homme qui m’a lésé ! Fais-lui payer son crime » ? Dans les civilisations de la Grèce et de Rome antiques, ces entités existaient bel et bien. Connu sous le nom des Furies — ou Erinyes chez les Grecs, et Dirae chez les Romains — ces redoutables divinités n’étaient cependant pas au service de quiconque, si ce n’est de la notion de justice, bien loin d’être une justice expéditive. Plutôt que de s’abattre soudainement sur un coupable, elles le pourchassaient sans relâche, le tourmentant éternellement.

Furies attaquant un couple

L’idée de ces femmes divines — parfois monstrueuses —, chargées de voir le mal et le péché châtiés, est une conception profondément ancienne. Selon The Eclectic Light Company, elles ont été immortalisées dans l’art pendant des siècles. Ces représentations sombres métamorphosaient souvent le coupable en victime, offrant ainsi une vision où la vengeance prédominait parfois sur la justice elle-même.

Qui étaient exactement ces figures redoutables, et jouissaient-elles d’un culte comparable à celui des grandes divinités ? Assurément. Leur présence dans la mythologie n’était pas seulement symbolique, mais reflétait une profonde conception de la justice dans la société antique — une justice implacable, mais nécessaire.

Les Furies, les plus anciennes de la mythologie grecque

Cronus portant un de ses enfants

Presque toutes les religions et systèmes de croyances partagent des mythes cosmogoniques — des récits qui tentent d’expliquer la genèse du monde. Dans la mythologie grecque, plusieurs versions de ce récit se succèdent, notamment celles des écrivains Homère et Hésiode. Malgré quelques variations, les points essentiels restent les mêmes. Parmi les premières entités primordiales, aux côtés de Gaïa (la Terre), Ouranos (le Ciel) et Nyx (la Nuit), figurent également les Furies.

C’est au VIIe siècle avant notre ère qu’Hésiode rédige « La Théogonie », une œuvre fondamentale qui décrit la création du monde. Il y narre notamment l’histoire du Titan Cronos, père de Zeus. Ce dernier se révolte contre son propre père Ouranos, qu’il renverse en le castrant. Les testicules tranchés tombent alors sur Gaïa, l’incarnation même de la Terre.

De ce geste violente naissent deux groupes distincts : d’une part, les Géants (ou Gigantes), futurs adversaires redoutables des dieux olympiens ; d’autre part, les Érinyes, personnifications implacables de la vengeance et de la justice. Fait intrigant, ce même acte est également à l’origine de la déesse Aphrodite, qui devient étonnamment la demi-sœur des Furies, tissant ainsi un lien complexe entre beauté et châtiment dans la mythologie grecque.

Trois Furies poursuivant un meurtrier, peinture d'Arnold Böcklin

À l’origine, le nombre exact des Furies n’était pas fixé. Ces redoutables divinités, nées de l’acte ultime de rébellion d’un fils contre son père, symbolisaient une force plurielle plutôt qu’un groupe restreint. Ce n’est que lorsque le poète Virgile, vers 38-37 av. J.-C., réduisit leur nombre à trois dans son œuvre majeure, L’Énéide, que leur identité prit une forme plus concrète.

Virgile décrit ces trois figures terrifiantes avec une précision saisissante :

  • Tisiphone, postée à la porte des Enfers, perchée au sommet d’une tour dominant le « Rivière de Feu » de Tartare. Toujours éveillée, elle veille sans relâche, enveloppée d’un linceul ensanglanté, incarnant la vigilance implacable de la justice divine.
  • Allecto, surnommée la « mère des douleurs », est détestée même de ses sœurs. Lorsqu’elle descend sur terre, elle insuffle la folie et la destruction, comme elle le fait en perçant la poitrine de la reine Latinus avec un serpent arraché de ses cheveux. Impassible face à la douleur, elle entraîne toute une maison vers la ruine dans un tourbillon de chaos.
  • Mégaera, quant à elle, choisit de s’incarner sous la forme d’un oiseau minuscule dont le chant ensorcelle et emplit d’angoisse quiconque l’écoute, même les âmes les plus courageuses. Sa menace est aussi insidieuse que pernicieuse, saisissant la peur au plus profond du cœur de sa victime.

Ces Furies, figures emblématiques de la justice implacable et de la vengeance dans la mythologie grecque, illustrent la complexité des forces en jeu entre culpabilité, châtiment et folie.

Trois Furies tenant des serpents

Les premières descriptions des Furies laissaient peu de doute sur la terreur qu’elles inspiraient à quiconque croisait leur regard. Déjà au Ve siècle av. J.-C., le dramaturge Eschyle les décrivait comme entièrement vêtues de noir et couvertes de serpents rampants. Il les comparait aux Gorgones, ces démons ailés dont la chevelure était faite de serpents, à l’instar de la célèbre Méduse, la seule mortelle parmi elles.

Plus tard, Strabon compléta cette représentation en précisant qu’elles portaient de longues tuniques ceinturées et des manteaux jusqu’au sol, se déplaçant avec l’aide de bâtons. Ovide, dans ses Métamorphoses, offrit une description saisissante : il fit ressortir les cheveux blancs de Tisiphone, sa torche trempée de sang et ses robes maculées de chair et de sang. Il dépeignit les serpents non seulement comme partie intégrante de leur apparence, mais aussi comme des créatures vivantes, crachant leur venin, certaines errant librement sur leurs corps, d’autres enchevêtrées dans leur chevelure. Ces terribles entités étaient également associées à la chouette effraie et au if.

Fait intéressant, Pausanias, dans son ouvrage du IIe siècle apr. J.-C., Description de la Grèce, souligna que, bien que les textes les décrivent comme des démons sanglants et ornés de serpents, leurs représentations artistiques liées à leur culte les montrent souvent sous une forme humaine, dotées d’ailes imposantes. Elles y apparaissent fréquemment vêtues de bottes et d’une courte tunique de chasse, rappelant le costume des adeptes d’Artémis, déesse de la chasse.

Chouette effraie aux yeux écarquillés

Les Furies sont souvent réduites à de simples agents de vengeance, mais leur rôle dépasse largement cette fonction. Elles incarnaient certes la justice implacable — ou la vengeance, selon les perspectives — mais elles étaient également perçues comme les protectrices des innocents.

Selon les sources historiques, elles se préoccupaient tout particulièrement de la protection des membres les plus âgés de la famille, notamment les parents et l’aîné des frères et sœurs. Lorsqu’un père, une mère ou un aîné lançait une malédiction contre quelqu’un, les Furies s’en faisaient les ardentes défenseuses. Ce qui n’est guère surprenant quand on considère leur mythe d’origine, né du geste violent d’un fils tranchant les parties génitales de son propre père.

Férocement protectrices des exclus ou des marginalisés, elles jouaient aussi un rôle sacré en garantissant la sincérité des serments prononcés entre individus. Toute personne manquant à sa parole se voyait rapidement confrontée à leur justice implacable.

On associe également les Furies à l’apparition de mauvais présages. Des écrivains antiques comme Hésiode et Virgile décrivaient le « cinquième jour » comme un jour maudit, lié à la naissance de Horkos — dieu du serment — à laquelle les Furies assistaient toujours. On disait que le cri perçant de la chouette annonçait leur venue imminente, tandis qu’une éclipse solaire traduisait leur passage, lorsqu’elles venaient voiler le ciel de leur sombre silhouette en vol.

Oreste : la victime la plus célèbre des Furies

Oreste attaqué par les Furies

Le récit d’Oreste figure parmi les histoires les plus représentées dans l’art classique, illustrant parfaitement la nature implacable des Furies. Cette triade de personnages, figures de la justice et de la vengeance, révèle à travers ce mythe leur pouvoir redoutable.

La trilogie d’Eschyle consacrée à Orestes — composée des pièces Agamemnon, Les Choéphores (Libation Bearers) et Les Euménides — s’inscrit dans le contexte de la guerre de Troie. Avant que les Grecs ne puissent partir pour cette guerre, ils devaient apaiser la déesse Artémis. Selon certaines sources, la solution fut le sacrifice d’Iphigénie, la fille d’Agamemnon, bien que les raisons précises restent obscures.

Le récit démarre avec le retour d’Agamemnon de la guerre. Sa femme, Clytemnestre, expédie leur fils Orestes loin de la maison avant de tuer son mari en représailles du sacrifice de leur fille. La deuxième partie relate la maturation d’Orestes, désormais adolescent, qui, sur ordre d’Apollon, doit venger son père en tuant sa propre mère. En accomplissant cet acte, il attire sur lui la colère des Furies.

Ces divinités sont particulièrement offensées par les crimes perpétrés au sein même de la famille et plongent Orestes dans la folie. Même Apollon ne peut les arrêter, mais il soutient Orestes en l’emmenant à Athènes où Athena préside son procès. Le verdict est partagé, et c’est finalement le vote d’Athena qui acquitte Orestes. Toutefois, cela ne suffit pas à apaiser les Furies, qui ne consentent à la clémence que si elles sont honorées parmi les sanctuaires athéniens. Acceptant cette condition, elles prennent une nouvelle identité : celle des « Bienveillantes ».

Les Furies et Cerbère aux portes des enfers

Les Furies ne se limitaient pas à tourmenter les vivants. Leur rôle s’étendait également à la surveillance des âmes damnées, qu’elles conduisaient vers leur lieu de châtiment éternel dans l’au-delà. Ainsi, elles assuraient que chaque âme subisse les tourments appropriés pour l’éternité.

Contrairement à l’image fréquente où elles déchaînent leur courroux sur les mortels, les Furies passaient la majeure partie de leur temps dans le monde souterrain, reposant ou accomplissant leurs devoirs infernaux. De nombreux chefs-d’œuvre artistiques classiques, notamment ceux de Jan Brueghel, illustrent leur présence aux Enfers, tandis qu’elles occupent également une place marquante dans l’Enfer de Dante. Dans le Cinquième Cercle, leur apparition marque un tournant où Virgile, guide de Dante, se révèle moins invincible qu’on le croyait.

Selon les mythes antiques, les âmes des défunts comparaissaient devant un trio de juges chargés de décider de leur destinée éternelle. Quelle que soit la sentence, ce sont les Furies qui l’exécutaient, escortant les damnés vers leur supplice dans le Tartare. Platon, quant à lui, relaté par diverses sources antiques, ajoute que ces entités guidaient aussi les âmes neutres vers le lac Akhéron. Ce lieu, comparable au Purgatoire chrétien, servait à purifier leurs fautes avant de leur permettre de progresser vers un au-delà plus serein.

Dans la mythologie grecque, les Furies n’agissaient pas seules dans leur quête de justice et de vengeance. Face à l’étendue des crimes et des injustices, il leur fallait un véritable cortège d’assistants pour punir les coupables.

Harpies dans la forêt

Parmi ces auxiliaires figuraient les harpies, des esprits tempétueux mi-femmes, mi-oiseaux. Leur représentation oscillait entre de magnifiques jeunes femmes blondes et d’horribles créatures monstrueuses. Associées à Zeus en tant que ses séides, elles étaient aussi au service des Furies. Selon Homère, ce sont elles qui auraient enlevé les filles orphelines de Pandareus pour les remettre aux Furies comme servantes, empêchant ainsi leur destinée heureuse voulue par Aphrodite.

Outre ces créatures, plusieurs demi-dieux et démons accompagnaient les Furies pour tourmenter les malfaiteurs. Ovide décrit Tisiphone, l’une des Furies, voyageant souvent en compagnie des personnifications de la douleur, de la terreur, de la folie et de l’effroi. De même, Quintus Smyrnaeus évoque un « démon cauchemar de la folie » qui lutte à leurs côtés.

Un lien étroit existe également avec Poine, un esprit vengeur incarnant la rétribution et le châtiment, cher aux Furies. Parfois considérée comme leur mère, Poine se chargeait des crimes hors des liens familiaux, tandis que les Furies se concentraient principalement sur les crimes intrafamiliaux, appliquant une justice impitoyable au nom des victimes.

Les Furies ne se souciaient ni du libre arbitre, ni des circonstances, ni du statut

Foule assistant à la naissance d'Adonis

Il est bien connu que les dieux grecs aimaient manipuler les mortels, comme le montre le chaos de la guerre de Troie, déclenchée par la demande de trois déesses de désigner la plus belle d’entre elles. Ce simple concours de beauté n’a amené rien de bon et illustre parfaitement l’ingérence divine dans le destin humain.

Pour les Furies, entités chargées de rendre justice, ces considérations telles que le libre arbitre ou les manipulations divines étaient sans importance. Ovide évoque dans ses récits le cas tragique de Myrrha, punie par les Furies pour avoir aimé son propre père, alors même que cet amour n’était qu’une conséquence directe d’une intervention d’Éros. Myrrha, transformée en arbre, donnera ensuite naissance à Adonis, selon certaines interprétations mythologiques.

Un crime commis par accident ne vous épargne pas non plus l’emprise des Furies. Par exemple, lorsque l’amazone Penthésilée tua sa sœur lors d’une chasse, elle fut hantée par ces esprits vengeurs tout au long de sa vie. De même, posséder un statut divin ne mettait pas à l’abri des représailles : durant la guerre de Troie, Zeus soutenait les Grecs, tandis que d’autres dieux, dont son frère Poséidon, s’alliaient aux Troyens. Homère rapporte que Poséidon fut averti qu’il risquait la fureur des Furies, protectrices des parents et des aînés.

Le rôle des Furies dans l’équilibre naturel du monde

Automédon tenant les chevaux d'Achille

L’ »Iliade » d’Homère est l’un de ces récits intemporels qui fascinent encore aujourd’hui, malgré le fait que l’histoire de la guerre de Troie ait été maintes fois racontée. Au cœur de ce mythe se cache un détail aussi discret que captivant : selon les sources telles que Theoi, les Furies (ou Erinyes) ne se limitaient pas à exercer une vengeance aveugle, elles avaient également pour mission essentielle de préserver l’ordre naturel du monde.

Dans un univers où les dieux interviennent fréquemment pour troubler le destin des mortels, perturbant l’équilibre de leurs vies, la présence des Furies s’impose comme un contrepoids indispensable.

Ce rôle se manifeste notamment dans un épisode clé, lorsque Achille attelle ses chevaux de guerre — des cadeaux divins offerts à ses parents par Poséidon — à son char pour rejoindre le combat. Soudain, l’un des chevaux, Xanthos, reçoit de Héra le don de la parole et prédit à Achille qu’il ne mourra pas dans cette bataille, mais qu’un destin fatal l’attend, mêlant l’intervention d’un dieu et d’un mortel.

Cette prophétie dérange Achille, qui s’interroge sur la raison pour laquelle son cheval profère de telles prédictions mortelles. Cependant, les Furies interviennent rapidement pour retirer ce don accordé par Héra. Par cet acte, elles démontrent non seulement leur rôle de gardiennes de l’équilibre, mais aussi que même la reine des dieux n’échappe pas à leur influence.

Furies s'envolant dans l'Enfer de Dante

L’invocation des Furies était une pratique entourée de mystère, souvent perçue comme une forme interdite de nécromancie. Selon certaines légendes, ces divinités de la vengeance apparaissaient spontanément, parfois lorsque des crimes odieux se commettaient sous leurs yeux. Par exemple, Apollonius de Rhodes rapporte qu’elles furent témoins directes du meurtre du frère de Médée, Apsyrtos, orchestré par Jason et Médée, notant avec précision cet acte abominable.

À d’autres moments, ce sont les victimes elles-mêmes qui les invoquaient, cherchant à attirer leur justice implacable. Aeson, le père de Jason, appela l’une des Furies alors qu’il était contraint au suicide par son demi-frère. Dans ce cas, comme dans bien d’autres, le recours à ces entités était associé à la nécromancie, une pratique sombre et interdite visant à communiquer avec les forces de l’au-delà.

Le poète Stace décrit même le rituel typique de leur invocation, révélant l’aspect profondément obscur et sanglant de la cérémonie. Des moutons noirs et des bœufs étaient rassemblés, tandis que du vin, du lait et du miel étaient versés en offrandes. Puis, trois feux sacrés étaient allumés et les animaux sacrifiés. Leur sang, mêlé à des « tissus à moitié morts et des entrailles encore vivantes », était présenté aux Furies, qui émergeaient ainsi des profondeurs infernales.

Valerius Flaccus relate la conclusion macabre du rite : « Le chef des Furies se tenait près de lui, posant sa main lourde sur la coupe fumante de venin mortel ; avides, elles burent et vidèrent le sang de la coupe. » Ce récit souligne à quel point leur invocation était empreinte de noirceur et de gravité, reflétant la nature redoutable de ces figures mythologiques chargées de faire régner la justice ultime.

Furies peintes sur une poterie antique

Bien que les Furies fussent représentées comme des entités implacables, d’une violence extrême, capables d’infliger une vengeance éternelle, ceux qui provoquaient leur courroux la méritaient amplement. C’est ce qui explique que ces déesses étaient aussi appelées les Semnai, signifiant « les honorables », ainsi que Euminedes, « les bienveillantes ». Elles ne poursuivaient que les coupables de crimes particulièrement graves, ce qui leur conférait un rôle proche d’une force divine chargée non seulement de punir, mais aussi de protéger la justice.

Ce rôle leur valut d’établir un culte spécifique, localisé à Athènes, près de l’Areopagus, une colline sacrée. Elles y étaient associées à Déméter, déesse des moissons et mère de Perséphone, reine des Enfers, et vénérées conjointement dans des sanctuaires dédiés aux deux divinités. Parmi les offrandes habituelles figuraient des cochons, des moutons noirs, ainsi que de l’eau fraîche. À Thèbes, elles bénéficiaient également d’un culte en compagnie de Déméter et Perséphone dans un bois sacré où étaient immolés des porcelets.

Leur lien avec le serment est également notable. Lors des procédures judiciaires qui nécessitaient un engagement solennel, le serment était souvent prêté sur l’autel des Furies, en présence de dignitaires revêtus de pourpre, la couleur traditionnelle des déesses, appelées alors les Semnai Theai. Ainsi, elles incarnèrent non seulement la vengeance divine mais aussi la garantie sacrée de la justice publique dans la Grèce antique.

Oreste poursuivi par les Furies

Il est difficile d’analyser les civilisations antiques avec la perspective des connaissances actuelles, mais les spécialistes estiment que les Furies représentaient, d’une certaine manière, une tentative d’explication des troubles mentaux.

William V. Harris, professeur d’histoire et directeur du Centre pour la Méditerranée antique à l’Université de Columbia, note qu’au sein d’un monde où de nombreux phénomènes complexes, comme les maladies mentales, échappaient à une explication claire, les caprices des dieux constituaient souvent la justification ultime. Il illustre cela avec l’histoire d’Oreste, qui subit la colère des Furies après avoir tué sa mère pour venger son père. Selon la tragédie Les Choéphores d’Eschyle, Oreste est hanté par des démons vêtus de noir et portant des serpents, appelés « les chiens de la colère », ainsi que par le fantôme de sa mère.

D’autres récits mentionnent sa « folie » et sa « démence », interprétant aujourd’hui ce châtiment divin comme une métaphore de troubles psychiques. Cette vision divine coexistait avec la reconnaissance progressive, par les premiers médecins, de la maladie mentale en tant qu’état pathologique nécessitant des soins.

Curieusement, selon Harris, considérer les maladies mentales comme une punition divine comportait moins de stigmatisation que dans notre société moderne, ce qui invite à repenser la manière dont ces notions ont évolué à travers l’histoire.

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