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Le rappeur Mo Chara, membre du trio nord-irlandais Kneecap, est jugé le mercredi 18 juin 2025 devant un tribunal de Londres pour une « infraction terroriste ». Il est accusé d’avoir brandi un drapeau du Hezbollah, mouvement islamiste pro-iranien classé organisation terroriste au Royaume-Uni, lors d’un concert à Londres le 21 novembre 2024.
Un groupe politiquement engagé
Kneecap, groupe de rap doté d’une énergie punk et originaire de Belfast, se distingue par sa provocation et revendique un engagement marqué en faveur de la cause palestinienne. Selon la police britannique, le geste de Mo Chara pourrait « faire raisonnablement soupçonner qu’il soutient une organisation interdite, à savoir le Hezbollah », ce qui constitue un délit selon la législation locale.
Mo Chara, âgé de 27 ans et de son vrai nom Liam O’Hanna (Liam Og O Hannaidh en gaélique), a été inculpé le 21 mai 2025. Il devait comparaître à 10 heures, heure locale, au tribunal de Westminster, où Kneecap a invité ses fans à venir nombreux pour le soutenir.
« Ils essaient de nous réduire au silence »
Le groupe nie fermement avoir commis cette infraction et rejette tout soutien au Hezbollah, dénonçant une manœuvre « politique ». Lors d’un festival à Londres fin mai 2025, Mo Chara a dénoncé cette accusation en déclarant que les autorités tentent « de nous réduire au silence, d’annuler nos concerts, de m’enlever ma liberté de voyager ».
Móglaí Bap, autre membre de Kneecap, a lancé un appel à rassemblement pour soutenir Mo Chara devant le tribunal de Westminster le 18 juin 2025.
Un succès croissant et un engagement affirmé
Le trio nord-irlandais a gagné en notoriété en 2024 grâce à son album Fine Art et à un docu-fiction énergique, Kneecap, qui a notamment été primé au festival de Sundance. Ce film est d’ailleurs sorti en France le 18 juin 2025. Fondé en 2017 et composé de DJ Próvaí en plus de Mo Chara et Móglaí Bap, le groupe rappe en anglais et en irlandais et milite pour la réunification de l’île d’Irlande. Il défend aussi la langue irlandaise, qu’il considère comme un cri « anticolonialiste » face à la domination britannique.
Le nom du groupe fait référence à une pratique des groupes paramilitaires durant le conflit nord-irlandais, qui consistait à tirer dans les genoux de leurs victimes (« kneecap » signifie littéralement « bris de rotule »).
Enquête de la police antiterroriste
Kneecap a suscité la controverse en avril 2025 en affichant lors du festival californien Coachella des messages accusant Israël de « génocide contre le peuple palestinien » à Gaza. Des vidéos anciennes ont été ressorties sur les réseaux sociaux, dont une où un membre semble inciter en criant « Allez le Hamas ! Allez le Hezbollah ! ». La police antiterroriste britannique a précisé mener une enquête sur plusieurs de ces vidéos.
Une popularité toujours croissante malgré les polémiques
Le groupe a récemment présenté des excuses après la diffusion d’une vidéo datant de 2023, où un membre s’en prenait violemment à des députés conservateurs britanniques. Malgré les controverses, le réalisateur du docu-fiction Kneecap, Rich Peppiatt, souligne que ce type de scandale n’a fait que renforcer la popularité du groupe.
Le film offre un regard sur la jeunesse de Belfast, née après le conflit qui opposa jusqu’en 1998 les républicains catholiques aux unionistes protestants, attachés au maintien de l’Irlande du Nord dans le Royaume-Uni.
Censure et soutiens
Suite à l’enquête, Kneecap a été exclu d’un festival dans le sud de l’Angleterre et plusieurs concerts ont été annulés, notamment en Allemagne. Néanmoins, le groupe a reçu le soutien de figures majeures de la musique, telles que Massive Attack, Pulp ou Fontaines D.C., qui dénoncent une « répression politique » et une « tentative claire et concertée de censure et de déprogrammation ».
Kneecap est toujours programmé au célèbre festival anglais de Glastonbury, le 28 juin 2025, en dépit des pressions de responsables conservateurs et du Conseil des représentants des juifs britanniques qui demandent son déprogrammation.
