Comme le disait William Shakespeare, « Tourmentée est la tête qui porte une couronne ». Ce dicton illustre parfaitement le poids du pouvoir royal à travers les âges. La reine Élisabeth II, actuelle souveraine du Royaume-Uni, incarne à ce jour un modèle de longévité au trône. Mais qui fut sa prédécesseure la plus proche en termes de durée de règne ? Il s’agit de la reine Victoria, dont le mandat, récemment dépassé, demeure un symbole majeur de stabilité.
Victoria est montée sur le trône à seulement 18 ans, débutant un règne qui allait profondément marquer le XIXe siècle. Petite de taille — mesurant seulement 1,50 mètre — elle possédait cependant un caractère déterminé et combatif. C’est aussi cette ténacité qui lui a permis de gouverner un pays en pleine transformation industrielle et sociale, malgré sa jeunesse.
Environ trois ans après son accession au pouvoir, Victoria épouse son cousin, le prince Albert de Saxe-Cobourg et Gotha. Ce type d’union consanguine était courant parmi les familles royales de l’époque, bien qu’il ait favorisé la transmission de maladies telles que l’hémophilie. Leur mariage fut heureux et fructueux, donnant naissance à neuf enfants.
La mort prématurée d’Albert, à l’âge de 42 ans, plongea la reine dans un deuil profond. Elle adopta alors le deuil noir permanent, une marque visible de son attachement indéfectible. Victoria, célèbre pour son appétit aussi bien pour les repas copieux que pour la vie, voyait pourtant sa santé décliner lentement à mesure que les années passaient.
Son règne fut témoin d’un essor économique et technologique considérable, tout en laissant en héritage les contrastes sociaux et la persistance de la pauvreté décrite par des contemporains comme Charles Dickens. Malgré les difficultés, son influence et son image façonnèrent durablement l’Angleterre victorienne.
Dans ses dernières années, la reine Victoria perdit presque totalement la vue et connut plusieurs accidents vasculaires cérébraux. Elle fut aussi accablée par le décès de plusieurs de ses enfants adultes, ce qui contribua à une perte d’appétit progressive. Elle s’éteignit paisiblement le 22 janvier 1901, à 81 ans, entourée de ses proches et de son personnel fidèle.
Son règne exceptionnel de près de 64 ans posa un défi inédit : personne encore vivant ne connaissait précisément le protocole à suivre pour l’enterrement d’un monarque d’une telle longévité, marquant ainsi la fin d’une ère.