
Vous êtes-vous déjà demandé d’où vient le nom « Alcatraz » ? Ou pensé que, malgré sa réputation, plusieurs détenus avaient sans doute réussi à s’échapper de cette île-prison ? Tout commence en 1775 avec Juan Manuel de Ayala, un explorateur espagnol. Il fut le premier Européen à cartographier la baie qui deviendra San Francisco. Selon les archives historiques, il donna à l’une de ces îles rocheuses le nom « Alcatraces », qui s’est transformé en « Alcatraz » — un terme probablement lié aux pélicans présents dans la région.
Au-delà de son nom, l’emplacement de l’île en faisait un emplacement stratégique idéal pour une forteresse destinée à protéger la ville portuaire. Dès 1850, un projet prévoyait l’installation d’une centaine de canons, ce qui en faisait une forteresse redoutable. L’île accueillit également le premier phare sur la côte Ouest des États-Unis. Dans les années 1850, elle fut utilisée comme prison militaire avant de devenir une prison à part entière en 1911. En 1933, le ministère de la Justice prit le relais pour en faire une prison fédérale high-security, où furent notamment incarcérés des criminels célèbres comme Al Capone et Machine-Gun Kelly. Ce lieu strict hébergeait surtout des détenus connus pour refuser l’ordre et la discipline des autres établissements pénitentiaires. Le séjour moyen y était d’environ cinq ans, souvent vécu comme une expérience marquante avant de rejoindre une prison plus classique sur le continent.

L’emplacement même de la prison, au centre de la baie, rendait toute tentative d’évasion extrêmement risquée. L’accès était restreint et la surveillance nettement plus stricte que dans d’autres prisons. Si un détenu parvenait à franchir les murs de pierre, il lui restait à affronter les eaux glacées et puissantes du Pacifique. La traversée des 2 kilomètres jusqu’à San Francisco s’annonçait périlleuse : le courant pouvait emporter la personne en mer avant même qu’elle ne puisse rejoindre la rive — sans compter les légendes urbaines sur la présence de requins, finalement infondées.
Pourtant, cela n’a pas dissuadé plusieurs prisonniers de tenter leur chance. Entre 1936 et 1962, quatorze tentatives d’évasion furent recensées. La première, menée par Joe Bowers, se solda par une chute mortelle après qu’il ait été abattu en tentant de grimper une clôture. Plusieurs fugitifs furent tués, d’autres disparurent en mer, supposés noyés. Certains furent repris dès le rivage. La dernière tentative, en 1962, échoua également, mais un événement particulier cette même année garde encore une part de mystère.

En effet, comme le rappelle l’histoire transmise par plusieurs sources, trois détenus — Frank Morris et les frères John et Clarence Anglin, tous condamnés pour braquage de banque — disparurent à bord d’un radeau artisanal. Des rames et un gilet de sauvetage furent retrouvés, mais aucun corps ni trace d’eux. L’affaire fut close par le FBI en 1979. Pourtant, en 2018, une lettre attribuée à John Anglin, datée de 2013 et adressée au FBI, refit surface. Dans ce courrier, l’auteur revendiquait une survie marathonienne, malgré son âge avancé et une santé déclinante, demandant des soins médicaux en échange d’une reddition. Selon ses dires, les trois hommes auraient survécu, à peine, et lui serait le dernier en vie. L’analyse de la lettre resta inconclusive.
Le service des Marshals américains reste prudent quant à l’authenticité de cette correspondance, mais maintient son dossier ouvert tant que les hommes ne sont pas formellement retrouvés, leurs décès confirmés, ou qu’ils n’atteignent l’âge de 99 ans. Cette énigme alimente depuis des décennies un des mystères les plus captivants entourant la prison d’Alcatraz, qui demeure un emblème historique autant qu’un symbole culturel.
