Les clubs de motards hors-la-loi — souvent appelés MC ou gangs de motards — ont émergé en Californie à la fin des années 1940, après la Seconde Guerre mondiale. Ils ont rapidement fait parler d’eux au niveau national pour leur comportement tumultueux et violent lors des rassemblements de passionnés de moto. En 1948, le terme « outlaw » (hors-la-loi) a été utilisé pour désigner une certaine catégorie de motards semant le chaos en provoquant bagarres, émeutes et actes de destruction, parfois même mortels, selon le Département de la Justice de Californie.
Au fil du temps, ces clubs ont étendu leurs activités à différentes villes, chaque groupe local étant appelé un chapitre. De nouveaux gangs se sont créés, et à la fin des années 1960, les clubs MC étaient présents partout aux États-Unis. Les forces de l’ordre ont alors identifié les quatre plus importants : les Hells Angels originaires de Californie, les Pagans dans le Maryland, les Outlaws dans l’Illinois, et les Bandidos au Texas. Les Nomads, quant à eux, étaient des membres choisis par la direction pour aller implanter de nouveaux chapitres dans différentes régions, participant ainsi à cette expansion. Leur rôle au sein des clubs est devenu essentiel au fil des années. Voici ce que signifie être un biker Nomad.
Le mode de vie Nomad : un choix imposé, pas une liberté
Les Nomads agissent en solitaires : aucun d’eux n’appartient officiellement à un chapitre précis au sein d’un club de motards. Par exemple, un Hells Angel basé en Californie peut être Nomad, ne s’engageant loyalement envers aucune ville ou chapitre local, mais uniquement envers les dirigeants nationaux ou internationaux. En même temps, ils sont accueillis dans tous les chapitres de leur club, devenant ainsi membres universels au sein de l’organisation.
Comme l’explique Sose the Ghost, ancien Nomad déclaré sur Instagram, ce statut s’acquiert généralement après des années de démonstration de loyauté et de courage. Parfois, ce rôle est attribué à quelqu’un qui, bien que compétent, ne s’intègre pas parfaitement à sa structure locale. Ce n’est pas un choix personnel dicté par la soif de liberté ou l’envie d’éviter les responsabilités d’un chapitre : c’est une mission décernée par la hiérarchie comme une récompense pour la fidélité. Cette fonction demande de gérer une certaine autorité et une autonomie considérables, tout en étant capable de s’adapter à de nouveaux environnement et personnes inconnues. Selon Sose, un Nomad « agit selon les besoins du club lorsque la situation devient critique. »
Les missions des biker Nomads
De nos jours, les Nomads sont toujours en charge de repérer des emplacements et de recruter des membres pour établir de nouveaux chapitres. Mais leur rôle est plus large. Ils peuvent agir comme médiateurs lors de tensions internes entre membres d’un chapitre. Ils sont parfois chargés de contrôler les antécédents ou la fiabilité de certains candidats quand des rumeurs circulent au sein du club. En cas de conflit sérieux avec un chapitre, le président national peut envoyer un ou plusieurs Nomads pour enquêter sur place, comprendre l’origine du problème et indiquer les mesures à prendre. En dernier recours, un Nomad a le pouvoir d’« ajuster la situation » pour rétablir l’ordre.
Les Nomads existent notamment dans les clubs outlaw reconnus comme les Pagans, qui s’adonnent à des activités illicites telles que des réseaux de drogue clandestins. Ils ont également leur place dans les 99 % restants des clubs, comme les Countrymen, fondés en 2016 pour rassembler des vétérans militaires et des premiers intervenants. Ce type de club vise surtout à créer une communauté entre personnes parfois « rugueuses mais attachantes », partageant une passion commune pour la moto et des valeurs similaires.
La fonction de Nomad est unique dans la structure et la hiérarchie des clubs de motards. Ce mode de vie n’est pas simple et ne convient pas à tout le monde. Comme le souligne Sose the Ghost, être Nomad offre une certaine liberté, mais implique aussi « une grande responsabilité sans filet de sécurité ».