Les Histoires Légendaires des Bushrangers Australiens

par Zoé
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Les Histoires Légendaires des Bushrangers Australiens
Australie
Ned Kelly, bushranger

L’histoire peut parfois prendre des tournures étonnantes. Avec le temps et une bonne dose de nostalgie, même les criminels les plus brutaux et sanguinaires finissent par se transformer en figures presque héroïques.

C’est précisément ce qui s’est produit pour plusieurs des bushrangers les plus célèbres d’Australie. Certes, ces hommes et femmes violents ont semé terreur et désolation au fil de leurs braquages et violences dans l’Outback. Pourtant, il subsiste un élément particulier dans leurs récits. Selon National Geographic, la célébration des bushrangers s’appuie en partie sur l’idée qu’ils ont souvent été perçus non comme de simples criminels, mais plutôt comme des victimes du système.

Un grand nombre des hors-la-loi australiens les plus célèbres étaient en réalité des fugitifs évadés de la prison. Souvent originaires d’Angleterre ou d’Irlande, ces hommes et ces femmes avaient été condamnés à la déportation pour de petits délits. Face à une vie extrêmement dure en colonie pénale, marquée par les travaux forcés et des châtiments sévères, certains ont choisi de fuir l’enfer carcéral pour tenter leur chance dans l’arrière-pays sauvage. C’est ainsi qu’ils sont devenus ces bushrangers redoutés, figures emblématiques et controversées de l’histoire australienne.

Qu’on les admire ou qu’on les déteste, les récits autour des bushrangers australiens sont restés gravés dans la légende, symboles d’une époque où survivalisme et rébellion faisaient loi dans la nature hostile du continent.

Ned Kelly, le bushranger invulnérable aux balles

Ned Kelly en 1880

Ned Kelly était l’un des huit enfants d’Ellen Kelly. Lorsque sa mère s’est mise avec James Quinn, des soupçons pesaient déjà sur le beau-père, accusé de vols de chevaux et de bétail.

Quant à Ned Kelly, sa première confrontation sérieuse avec la justice remonte à 1869, sur une charge d’agression. Bien que les accusations aient finalement été abandonnées, ce fut le début d’une spirale descendante. Arrestations répétées pour réception de chevaux volés et complicité présumée avec un autre bushranger, les faits étaient avérés, mais Kelly et sa famille se mirent à penser qu’ils étaient victimes d’une persécution injustifiée.

Cette impression n’était peut-être pas dénuée de fondement. En 1878, lorsqu’un policier tenta d’arrêter le frère de Ned, Dan, il affirma plus tard avoir été blessé par une balle tirée par Kelly — une accusation jamais officiellement prouvée. Tandis qu’une partie de la famille était arrêtée, Ned et son frère prirent la fuite, marquant le début d’une véritable traque sanglante contre les forces de l’ordre.

Vint alors une période d’intenses exactions : braquages de banques, attaques de trains et exécutions des policiers tentant de les appréhender, tout cela sous la protection d’armures pare-balles fabriquées à partir de pièces de charrues en fer. Après un échange de tirs dans un hôtel qui coûta la vie à plusieurs innocents, Kelly fut blessé aux jambes, capturé, puis finalement pendu.

Captain Thunderbolt et Mary Ann Bugg : amants en fuite

Captain Thunderbolt

Dans l’univers des hors-la-loi, un nom percutant fait souvent toute la différence. Captain Thunderbolt, un sobriquet aussi évocateur qu’inoubliable, s’est inscrit dans l’histoire des bushrangers australiens. Pourtant, derrière ce nom légendaire se cache une collaboration inattendue : celle de Frederick Ward et de sa compagne, Mary Ann Bugg.

Mary Ann Bugg, issue d’une mère aborigène et d’un bagnard, débute une vie somme toute ordinaire avant que son destin ne bascule en 1861. Après plusieurs relations et environ six enfants, elle rencontre Frederick Ward, un homme qui prendra bientôt l’identité de Captain Thunderbolt.

À partir de 1863, tandis que Ward s’illustre dans ses activités de brigand – avec vols, fusillades et courses-poursuites avec la police –, Mary Ann joue un rôle crucial. Elle devient à la fois espionne et lien avec les populations aborigènes locales, qui méprisaient la loi coloniale. Grâce à son intelligence et ses réseaux, elle guide les opérations clandestines de Ward, identifie des cibles, et offre refuge et soins médicaux lorsque la situation l’exige.

La relation de ce couple atypique ne dura toutefois pas jusqu’à la mort. Captain Thunderbolt trouva la mort en 1870 lors d’un échange de tirs, son corps exposé au public – un fait témoignant de la fascination qu’il suscitait. Mary Ann, quant à elle, s’était déjà séparée de lui trois ans plus tôt. Elle poursuivit sa vie avec courage, donnant naissance à plusieurs enfants supplémentaires, devenant infirmière, et s’installant sur une terre qu’elle put appeler la sienne.

La légende de Moondyne Joe : un hors-la-loi insaisissable

Portrait de Moondyne Joe

Joseph Bolitho Johns, connu sous le nom de Moondyne Joe, est né au Royaume-Uni, mais c’est en Australie que sa vie bascule dans le crime en 1848. Cette année-là, il est condamné au transport pour vol, marquant le début d’une série d’aventures judiciaires qui allaient forger sa réputation de bushranger insaisissable.

Tout au long de sa vie, Moondyne Joe multiplie les délits : en 1861, après sa libération, il est arrêté pour avoir volé un cheval. Il purge sa peine, puis, à peine dehors, il est de nouveau emprisonné, cette fois accusé d’avoir tué un bœuf — accusation qu’il n’a cessé de nier jusqu’à la fin. Ce qui distingue Joe, ce n’est pas tant sa criminalité, mais sa capacité hors du commun à échapper à la justice.

Son talent d’évasion atteint son apogée en 1867, lors d’une condamnation à des travaux forcés consistant à casser des pierres dans la cour de la prison. Profitant du fait que les pierres brisées n’étaient pas éliminées, Joe les utilise pour tailler un passage dans le mur d’enceinte et s’échappe. Cette fois, il reste fugitif pendant deux ans en survivant grâce au vol de poulets et en trouvant refuge dans des maisons de transition.

Moondyne Joe est finalement un personnage atypique parmi les bushrangers australiens : peu violent, souvent respectueux des lois hormis ses escapades, et surtout victime de circonstances malheureuses. Son histoire se finit tristement en 1900, lorsque, septuagénaire, il est retrouvé errant à South Perth. Envoyé dans un centre de soins, il s’en échappe encore à trois reprises avant de mourir dans un asile, d’où il réussit à s’évader une dernière fois.

Portrait de Martin Cash

Pour la plupart des individus qui choisissaient la vie de bushranger, il n’y avait pas de retour possible. Pourtant, Martin Cash fait figure d’exception remarquable. Son histoire s’achève paisiblement en 1877, lorsqu’il s’éteint dans son lit, emporté par la vieillesse, environ trente ans après avoir été condamné à la pendaison.

L’aventure de Cash du côté de la légalité commence en Irlande, où il travaillait comme ouvrier agricole. Une confrontation dramatique survient lorsqu’il surprend sa compagne en train de le tromper; il tire alors sur le rival, ce qui lui vaut une peine de sept ans de transport. Une fois sa sentence purgée, il se laisse entraîner dans un petit trafic de vol à l’étalage et de vol de bétail. Sa carrière est longue, rythmée par des séjours dans le bush, plusieurs arrestations et autant d’évasions.

Ce qui distingue Martin Cash des autres bushrangers, c’est son aversion pour la violence gratuite et sa cible privilégiée : les riches colons. Cette posture lui valut le surnom de « bushranger gentleman ». Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il cherchait à éviter les effusions de sang inutiles, privilégiant un code d’honneur étonnant pour cette époque trouble.

Toutefois, son destin bascule à nouveau, à cause d’une femme nommée Bessie Clifford. Lorsque celle-ci le quitte pour un autre homme, Cash décide que cet affront justifie un acte violent. Accompagné d’un complice, il se rend à Hobart Town, mais les forces de l’ordre les attendent. La poursuite tourne au drame avec un mort, et Cash est arrêté puis jugé. Par chance, il bénéficie d’un sursis in extremis. Sorti de prison, il choisit une nouvelle voie et devient chapelier, quittant ainsi définitivement la vie de hors-la-loi.

Ben Hall, le hors-la-loi australien le plus prolifique

Portrait de Ben Hall en cowboy

Originaire d’Australie, Ben Hall a commencé sa vie de manière ordinaire, travaillant de longues années comme stockman et épousant la fille de son employeur. Cependant, sa trajectoire a rapidement pris une tournure plus complexe.

Selon la Bibliothèque d’État de Nouvelle-Galles du Sud, quelques années seulement après son mariage, sa femme entama une liaison avec un autre homme. Lorsque Ben Hall était absent, elle quitta le domicile avec leur fils. C’est aussi à cette période que le nom de Hall commença à être associé aux bushrangers de la région, une évolution qui n’était pas si étonnante. En effet, sa belle-sœur était la maîtresse d’un autre bushranger célèbre, Frank Gardiner.

Entre 1863 et 1865, Ben Hall et son groupe furent liés à plus de 100 actes de brigandage. Ce qui distingue toutefois Hall des simples criminels, c’est sa sympathie manifeste pour les opprimés. Le groupe ciblait essentiellement les représentants de la loi et veillait à ne pas nuire aux populations locales. Par exemple, lors d’un braquage à Canowindra en Nouvelle-Galles du Sud, ils offrirent nourriture et divertissements aux habitants et prirent en charge les frais d’hébergement des voyageurs à l’auberge locale.

Cette générosité envers la communauté locale lui valut un large soutien et l’affection des habitants. Néanmoins, cette popularité ne suffit pas à protéger Ben Hall de la justice. En 1865, il trouva la mort lors d’un affrontement avec la police.

Portrait d’Edward Davis, bushranger australien

Edward Davis, né en Angleterre sous le nom de George Wilkinson, est entré dans l’histoire australienne comme un bushranger aux airs de Robin des Bois. Condamné à sept ans de transportation pour avoir tenté de voler une caisse enregistreuse, il choisit dès son arrivée en Australie de fuir plutôt que purger sa peine dans le calme. Plusieurs tentatives d’évasion le mèneront à fonder un petit groupe de hors-la-loi radicalement différent des autres.

Contrairement aux gangs classiques, Davis et ses compagnons se limitaient à dérober uniquement aux riches qu’ils jugeaient capables de supporter leurs pertes. Leur code moral s’apparentait à une forme de redistribution des richesses : on pourrait presque qualifier leurs actions de justes, à la manière d’un Robin des Bois australien. Ils faisaient preuve d’une politesse remarquable envers les femmes, et le meurtre ne faisait pas partie de leurs pratiques hormis dans des situations extrêmes.

Un autre trait qui les distinguait était leur apparence flamboyante : ils portaient des vêtements colorés et ornaient leurs chevaux de rubans roses, annonçant leur présence au lieu d’opérer dans l’ombre. Cette singularité renforçait leur légende et leur présence inoubliable sur les routes australiennes.

Malheureusement, en 1840, l’un des membres de la bande commit un meurtre lors d’un braquage dans une épicerie. Bien qu’Edward Davis ne fût pas présent au moment des faits, il fut capturé et accusé de complicité. Malgré une forte mobilisation publique contre la sentence, il fut condamné à mort. Sa mise à mort marqua la fin de cette figure emblématique, qui fut enterrée dans un cimetière juif local. Selon le Australian Dictionary of Biography, son sens aigu de la morale était étroitement lié à sa foi profonde.

Portrait de Dan 'Mad Dog' Morgan

Dan Morgan, né sous le nom de Jack Fuller, fit sa première incursion dans la criminalité par un vol à main armée en 1854. Sorti de prison, il ne nourrissait pas seulement une haine envers les forces de l’ordre, mais envers tous ceux qu’il rencontrait.

Contrairement à certains bushrangers célèbres qui se rapprochaient d’une figure de Robin des Bois, Morgan incarnait la cruauté pure. De nombreuses histoires relatent ses actes sanglants et sans pitié. Par exemple, la Bibliothèque d’État de Victoria rapporte un épisode où, apprenant qu’un contremaître se rapprochait trop des policiers, Morgan se rendit chez lui. L’homme était absent, mais sa femme ne le fut pas : il la força à s’appuyer contre un feu et la contraignit à rester là alors que ses vêtements brûlaient. Ce n’est qu’après avoir jeté de l’eau sur elle qu’il éteignit finalement les flammes.

Le surnom « Mad Dog » (Chien Fou) lui vient de ses accès de violence imprévisibles et intenses. La torture faisait partie intégrante de sa vie, et il affectionnait particulièrement l’emprise qu’il exerçait sur ses victimes jusqu’à leur dernier souffle. Pourtant, Morgan pouvait parfois faire preuve d’une mansuétude surprenante : lorsqu’une femme s’interposa pour protéger son mari en suppliant de lui épargner la vie, Morgan lui permit de survivre, bien qu’il lui ordonna d’abord de lever les mains avant de lui tirer dessus à l’une d’elles.

La fin de ce bushranger légendaire fut aussi brutale que sa vie. Il fut finalement tué par balle lors d’un affrontement dans une ferme. Après sa mort, son corps subit un sort macabre : il fut décapité, dépecé, et des mèches de ses cheveux ainsi que de sa barbe furent distribuées en souvenirs morbides.

Jessie Hickman, la Dame des Bushrangers

Jessie Hickman

L’histoire de Jessie Hickman est remarquable dès ses débuts. À l’âge de huit ans, ses parents la confient à un cirque itinérant. Elle y trouve un père de substitution en la personne du propriétaire du cirque, mais à la suite de la mort tragique de ce dernier, elle tombe dans l’addiction au jeu.

Cette pente glissante l’amène rapidement au vol afin de rembourser ses dettes, et elle devient peu à peu une bushranger accomplie, figure emblématique des hors-la-loi australiens qui sévissaient dans les régions sauvages et isolées.

En 1913, après avoir abandonné son bébé et purgé plusieurs peines de prison, Jessie s’engage dans le vol de bétail, pratique courante chez les bushrangers. Officiellement, elle travaillait comme domestique pour un homme nommé John Fitzgerald, qu’elle appelait parfois son mari. Cependant, leur relation fut tragique : dans un accès de violence, elle le tua avec un pied de chaise après qu’il l’eut agressée.

La carrière de Jessie Hickman s’étendit sur une période étonnamment longue. En 1928, elle avait déjà connu mariage et divorce, tout en menant des troupeaux de bétail volé à travers certains des terrains les plus rudes d’Australie. À cette époque, elle attirait autour d’elle des hommes qu’elle surnommait ses « jeunes bucks », désireux de partager ses aventures hors-la-loi.

Finalement arrêtée en 1928, elle bénéficia d’une libération faute de preuves, après que son bétail volé eut été dérobé par la police. Elle s’éteignit en 1936, victime d’une tumeur au cerveau, et fut inhumée dans une tombe de pauvre, laissant derrière elle une légende profondément ancrée dans l’histoire des bushrangers australiens.

Harry Power

Les débuts de Harry Power reflétaient le parcours typique d’un hors-la-loi australien du XIXe siècle, mêlant vols de chevaux et affrontements avec les forces de l’ordre. Après plusieurs années passées dans un bateau-prison, il fut transféré, parvint à s’évader, et croisa alors la route d’une figure familière de l’histoire australienne : Ned Kelly.

À seulement 13 ans, Ned Kelly rencontra brièvement Power, comme le relate le Australian Dictionary of Biography. Cette rencontre eut un impact significatif, au point d’entraîner temporairement l’arrestation de Kelly, même si les chefs d’accusation furent finalement abandonnés. Selon News.com.au, c’est l’influence de Power qui aurait semé en Kelly la graine de la rébellion.

Cependant, Ned Kelly ne fréquenta pas Power assez longtemps pour découvrir son côté plus humain. En effet, Power est souvent décrit comme un homme relativement respectable, évitant la violence sauf si elle était nécessaire, et connu pour son sens de l’humour. Une anecdote célèbre raconte qu’attaqué par trois hommes, il préféra se laisser faire. Profitant de leur inattention, il vola leurs armes et leurs vêtements, les laissant repartir à pied, complètement nus.

La fin de cette aventure fut marquée par une trahison inattendue : c’est le grand-père de Ned Kelly qui participa à sa capture. Après une mobilisation de ses admirateurs réclamant sa libération, Harry Power obtint un poste de guide touristique sur le même navire où il avait été emprisonné. Quelques mois plus tard, il trouva la mort en tombant à la mer.

Alexander Pearce, le bushranger cannibale

Né en Irlande, Alexander Pearce n’aurait jamais pu imaginer le destin sombre qui l’attendait après avoir été condamné à la déportation pour le vol de six paires de chaussures. Son histoire appartient aux récits les plus sombres des bushrangers australiens.

Selon des archives historiques, Pearce s’évade à plusieurs reprises avant d’être finalement envoyé à Macquarie Harbor, l’une des pires prisons de l’époque. C’est là qu’il réussit à s’enfuir avec sept compagnons. Pendant près de cent jours, ce groupe survit dans l’âpre brousse australienne, jusqu’à ce que les autorités retrouvent leur piste. À ce moment-là, Pearce est le seul survivant, porteur d’une histoire terrifiante.

Au huitième jour de leur fuite, la faim devient insoutenable. Le groupe tue Alexander Dalton, un compagnon qui, selon la rumeur, infligeait des coups aux autres prisonniers. Les récits font état d’un épisode de cannibalisme, un acte désespéré que qualifient les historiens comme une tragédie née du désespoir. Deux hommes disparaissent dans la nuit, fuyant la scène, mais reviennent peu après pour mourir, officiellement d’épuisement, bien que leurs corps portent les marques d’une lutte acharnée.

Pearce lui-même contredit plusieurs fois son récit et le sort exact de certains prisonniers reste flou. Il rapporte cependant qu’au final, seuls lui et un marin nommé Robert Greenhill restent en vie, et que c’est lui qui tue Greenhill. Lorsqu’il est retrouvé en Tasmanie, les autorités le surprennent en train de manger un homme, un acte qui condamnera définitivement sa réputation.

Après avoir été renvoyé à Macquarie, Pearce s’évade à nouveau. Lors de sa recapture, il est retrouvé avec des morceaux de chair humaine dans ses poches, ce qui mènera à son exécution sans surprise.

John Black Caesar, bushranger

Chaque histoire a un point de départ, et celle des bushrangers australiens débute avec John Black Caesar, considéré comme le tout premier d’entre eux. Ses origines exactes restent mystérieuses, mais selon le Australian Dictionary of Biography, il serait originaire d’Afrique, probablement de Madagascar.

Engagé comme serviteur en Angleterre, John Black Caesar fut condamné à la déportation avec la célèbre Première Flotte, l’ensemble des navires à l’origine de la fondation des colonies pénitentiaires australiennes en 1788. À son arrivée, il était parmi les bagnards les plus respectés, en raison notamment de sa rigueur et de son sens du travail.

Pourtant, après avoir été jugé à nouveau pour vol et condamné à la perpétuité, il choisit la fuite en s’enfonçant dans la nature sauvage. Sa vie d’évasion fut marquée par plusieurs captures et échappées, ainsi qu’un séjour forcé sur l’île Norfolk. Au cours d’un affrontement avec des guerriers aborigènes locaux, il prit la décision de s’enfuir une dernière fois.

John Black Caesar passa environ une année à vivre en plein bush avant d’être finalement abattu pour une récompense d’une valeur étonnante : cinq gallons de liqueur. Son destin tragique incarne à la fois l’audace et la dureté de la vie des premiers bushrangers australiens.

Portrait de deux cowboys dans l’outback australien

Andrew George Scott, connu sous le nom de Capitaine Moonlite, compte parmi les bushrangers australiens dont le destin sort des sentiers battus. Son histoire, dévoilée au grand public seulement après sa mort grâce à la publication de ses correspondances personnelles, offre une perspective inédite sur ses années passées hors-la-loi.

Initialement braqueur de banques, Scott envisageait de fuir avec un yacht acheté grâce aux fonds volés, mais fut rapidement capturé et emprisonné. C’est à la prison de Pentridge qu’il fit la rencontre de James Nesbitt. Libérés, ils devinrent conférenciers itinérants, prônant la réforme pénitentiaire. Cependant, poursuivis sans relâche par la police, leur vie prit une tournure tragique lorsque Nesbitt trouva la mort lors d’un échange de tirs.

Scott, emprisonné en attente de son exécution, rédigea alors des lettres poignantes à propos de son ami, révélant une relation empreinte de profonde affection. Son dernier vœu était que leurs tombes soient proches l’une de l’autre. S’il est difficile de certifier la nature exacte de leur lien, les témoignages laissent transparaître une dimension amoureuse : Scott pleurait en tenant Nesbitt mourant, portait une bague confectionnée avec des mèches de ses cheveux, et exprimait son amour dans ses lettres.

Ce n’est qu’en 1995 que ce souhait de sépulture commune fut exaucé, lorsque les corps furent exhumés et réinhumés côte à côte, respectant ainsi une histoire d’amour née dans les terres sauvages de l’Outback.

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