Une blague classique fait souvent mouche : combien d’économistes faut-il pour changer une ampoule ? La réponse est zéro, car ils attendent tous que la mystérieuse « main invisible » du marché rééquilibre l’éclairage. Une caricature qui illustre bien la nature presque ésotérique de cette discipline, à mi-chemin entre science molle et une sorte de pseudo-religion, portée par un langage obscur et un sentiment constant d’incertitude.
Cette fascination et cette inquiétude prennent toute leur ampleur lorsque la Bourse s’effondre. C’est ce qui s’est produit au début de l’année 2020, lorsque la peur du coronavirus a provoqué quatre interruptions historiques des échanges en deux semaines. Face à cet effondrement, certains redoutaient une dépression économique, tandis que d’autres, plus pragmatiques, anticipaient une récession rapide. Quelle est alors la réelle différence entre ces deux phénomènes ?
Tout d’abord, il faut se souvenir que l’économie repose parfois plus sur l’intuition que sur des certitudes mathématiques. Il n’existe pas de frontière nette et universelle entre récession et dépression. Ce constat peut surprendre, mais la définition précise varie selon le contexte.
Selon une analyse de Fortune, la différence essentielle réside dans la gravité et la durée de la contraction économique. Une dépression se caractérise par un affaiblissement beaucoup plus marqué et prolongé que celui d’une récession. En pratique, ce n’est qu’au stade avancé d’une crise que l’on peut affirmer qu’il s’agit d’une dépression économique.
Historiquement aux États-Unis, les six derniers épisodes communément identifiés comme des dépressions ont eu lieu entre 1893 et 1933. Chacun a duré plus d’un an et entraîné une baisse du produit intérieur brut (PIB) d’au moins 14 %. La Grande Dépression, la plus célèbre, a quant à elle duré 43 mois avec une contraction totale de 26,7 % du PIB. À l’inverse, les récessions sont plus courtes et causent des pertes économiques moins sévères : la plus longue récession américaine récente, de décembre 2007 à juin 2009, a provoqué une chute d’environ 5 % du PIB.
