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Origines et réputation

En 2011, l’ancien opérateur militaire Howard E. Wasdin déclarait lors d’une interview promotionnelle que le SEAL Team Six était «la meilleure unité antiterroriste au monde». Cette appréciation résume la perception publique d’une formation à la fois mythique et opaque, connue officiellement sous le nom de Naval Special Warfare Development Group (DEVGRU).
Créée à la suite de l’échec de la mission de sauvetage de 1980, Operation Eagle Claw, l’unité a été conçue pour répondre vite, partout dans le monde, et avec une létalité assumée. Son histoire est marquée par des raids audacieux qui ont façonné la dynamique des opérations spéciales modernes, le plus célèbre étant l’assaut qui a conduit à la neutralisation d’Oussama ben Laden.
Le SEAL Team Six se distingue par plusieurs caractéristiques récurrentes :
- opérations classifiées visant des objectifs de haute valeur ;
- missions de sauvetage et d’exfiltration en environnement hostile ;
- capacité d’intervention rapide et projection mondiale.
Malgré ses succès médiatisés, l’unité suscite également des controverses et une curiosité publique persistante sur sa structure, ses règles d’engagement et les critères d’intégration. Beaucoup de ses actions restent dissimulées derrière des portes closes, ce qui alimente mythes et spéculations.
Pour appréhender pleinement l’impact historique du SEAL Team Six sur la guerre moderne, il convient maintenant d’examiner plus en détail ses opérations emblématiques et le parcours requis pour y accéder.
DEVGRU : une unité d’ombre dont le gouvernement parle rarement

Crédit photo : Francesco Sgura/Shutterstock
Dans le paysage militaire où abondent les missions classifiées et les opérations clandestines, DEVGRU se distingue par le voile de secret que semblent entretenir les autorités autour de cette unité. Cette discrétion est paradoxale : l’existence du groupe n’est pas niée publiquement, mais son activité demeure rarement reconnue dans les déclarations officielles.
À l’occasion toutefois, des responsables américains ont attribué certaines opérations à DEVGRU. Mais, le plus souvent, le Pentagone évite de confirmer les détails et la Maison-Blanche se garde de toute mention directe, même lorsque des membres se retrouvent sous les projecteurs. Exemple marquant : le Navy SEAL Edward Byers, décoré de la Medal of Honor pour une mission de libération d’otages en Afghanistan en 2012 — la presse a rapporté l’événement tandis que les autorités refusaient de préciser son appartenance à SEAL Team Six (The Washington Post).
Cette réserve s’explique par des raisons stratégiques évidentes. Reconnaître publiquement qu’un opérateur appartient à une unité d’élite, et qu’il est encore en mission, peut entraîner :
- des risques accrus pour la sécurité nationale ;
- des menaces pour la sécurité personnelle des opérateurs et de leurs proches ;
- la compromission d’opérations en cours ou futures.
Ainsi, si certaines histoires sur le SEAL Team Six filtrent parfois par des canaux non officiels ou par des déclarations publiques de prétendus membres, la position officielle reste généralement inchangée : « pas de commentaire (sauf quand il y en a) ». Cette retenue contribue à l’aura de mystère qui entoure DEVGRU et explique en grande partie la difficulté à reconstituer avec précision son histoire et ses missions.

Dans la continuité de notre exploration des forces spéciales, il faut distinguer le simple fait d’obtenir le trident de Navy SEAL et l’accès à DEVGRU, l’unité souvent désignée sous le nom de SEAL Team Six. Devenir SEAL est déjà l’une des épreuves les plus éprouvantes des forces armées américaines ; rejoindre DEVGRU impose toutefois une sélection encore plus exigeante.
Avant même d’entamer la formation et le processus de sélection spécifiques à DEVGRU, un candidat doit être un SEAL expérimenté pour être pris en considération. Cette exigence contraste avec d’autres unités spécialisées : par exemple, l’accès à Delta Force est ouvert aux membres de l’armée de terre américaine qui remplissent certaines conditions de grade et disposent d’au moins deux ans et demi de service restants.
DEVGRU, en revanche, n’accepte apparemment pas de recrues provenant d’autres régiments ou unités de l’armée. Seuls les opérateurs de Naval Special Warfare ayant déjà accompli au moins cinq ans de service en tant que SEAL et effectué deux déploiements semblent être éligibles.
- Expérience préalable : être un Navy SEAL confirmé.
- Durée de service : généralement au moins cinq ans comme SEAL.
- Expérience opérationnelle : au moins deux déploiements effectués.
Cette sélection sévère s’explique par la nature des missions confiées à DEVGRU, qui exigent des compétences techniques et opérationnelles particulièrement affinées. À titre de comparaison, la formation initiale des SEALs — le Basic Underwater Demolition/SEAL (BUD/S) — voit environ quatre candidats sur cinq abandonner au cours de son déroulement, ce qui illustre à quel point le vivier de candidats aptes à prétendre ensuite à DEVGRU est restreint.
La rareté et l’exigence de ces critères expliquent pourquoi SEAL Team Six demeure une force d’élite au profil très spécifique, formée d’opérateurs déjà éprouvés par des années de service et de déploiements.
Photo : Suney Munintrangkul/Getty Images
Les candidats du DEVGRU poussés à l’extrême

Poursuivant notre plongée dans l’univers des forces d’élite, il faut garder à l’esprit qu’être Navy SEAL ne suffit pas pour intégrer le DEVGRU : c’est seulement un premier pas. Pour franchir la porte, les candidats doivent affronter un processus de sélection long et secret, supervisé par la cellule d’entraînement et d’évaluation connue sous le nom de Green Team.
Cette étape, appelée Operators Training Course, est conçue pour pousser au-delà des limites même des SEAL les plus chevronnés. L’objectif n’est pas seulement d’éprouver l’endurance physique, mais surtout de révéler toute faiblesse mentale, émotionnelle ou tactique susceptible de compromettre l’équipe en opération.
De manière générale, les éléments accessibles au public décrivent un entraînement similaire à celui des SEALs, mais intensifié au maximum. On peut schématiquement distinguer plusieurs phases marquantes :
- Close Quarters Battle (CQB) : exercices de combat rapproché où les candidats s’entraînent au tir et à la neutralisation d’adversaires dans des espaces confinés, en pratiquant notamment le dégagement de « kill houses » de la taille d’entrepôts.
- Sauts en haute altitude : parachutisme depuis des altitudes extrêmes — jusqu’à 35 000 pieds — avec attente volontaire d’une altitude basse (environ 2 000 pieds) avant d’ouvrir la voile, afin de simuler des insertions discrètes et risquées.
- Survie, Évasion, Résistance et Évasion (SERE) : formation aux techniques de survie en situations extrêmes et aux procédures pour résister ou s’échapper en cas de capture.
Selon les rapports disponibles, environ la moitié des candidats qui entament l’Operators Training Course n’en voient pas la fin. La durée typique de cette phase se situe entre six et huit mois, une période au terme de laquelle seuls les plus résilients rejoindront les rangs du DEVGRU.
Enfin, pour ceux qui échouent, il existe la possibilité de retenter l’expérience ultérieurement — un dernier point qui rappelle l’exigence et la persévérance requises pour accéder à ce niveau d’élite, notamment au sein des formations liées au SEAL Team Six.
Les membres de DEVGRU s’entraînent régulièrement avec les meilleures unités étrangères

Rejoindre DEVGRU — souvent connu sous l’appellation SEAL Team Six — n’est que la première étape. Une fois admis, les opérateurs doivent maintenir un niveau d’exigence physique et opérationnel exceptionnel tout au long de l’année pour rester au sein de l’unité.
Contrairement aux unités SEAL conventionnelles, les membres de DEVGRU sont tenus d’atteindre des standards bien supérieurs aux tests de condition physique habituels. On attend d’eux qu’ils sachent « opérer dans des environnements complexes et en évolution rapide », ce qui exige un entraînement continuel, tant en force et endurance qu’en techniques de combat avancées.
Pour affiner ces compétences, DEVGRU s’entraîne régulièrement aux côtés d’autres forces d’élite internationales. Parmi les partenaires connus de ces échanges figurent :
- Delta Force (forces spéciales américaines)
- Australian Special Air Service Regiment (SASR)
- British Special Air Service (SAS) et Special Boat Service (SBS)
- Joint Task Force 2 (JTF2) du Canada
Les modalités précises de ces programmes conjoints restent, sans surprise, largement confidentielles. Ces échanges multis nationaux permettent toutefois aux opérateurs de DEVGRU d’éprouver leurs méthodes dans des scénarios variés et de tirer parti des savoir-faire étrangers.
En plus de la formation continue, les membres suivent des cycles spécifiques destinés à préparer des missions particulièrement sensibles ou complexes. En 2024, des rapports ont indiqué que DEVGRU avait consacré une année de préparation à des scénarios impliquant une intervention en soutien à Taïwan en cas d’invasion. Face à ces questions, le Pentagone s’en tient à la formulation générale selon laquelle les forces américaines « se préparent et s’entraînent pour un large éventail de contingences ».
Ces pratiques d’entraînement international et ciblé expliquent en partie pourquoi le SEAL Team Six demeure l’une des unités spéciales les plus polyvalentes et redoutées au monde, capable de répondre à des contextes opérationnels très divers.
En 2012, DEVGRU a démontré son savoir-faire mondial en libération d’otages

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Pour prolonger l’examen des opérations emblématiques, cette section relate une intervention de 2012 qui illustre pourquoi DEVGRU est souvent considéré comme l’élite des forces navales américaines.
Le 25 janvier 2012, une mission de sauvetage clandestine — nommée Operation Octave Fusion — a été lancée en Somalie. Les opérateurs ont sauté de nuit pour atteindre Jessica Buchanan, travailleuse humanitaire américaine, et son collègue danois Poul Thisted, enlevés en octobre 2011 dans la ville de Galkayo. Les ravisseurs, présentés comme des pirates somaliens, réclamaient 45 millions de dollars pour leur libération.
Face à l’urgence — des éléments indiquant que Buchanan souffrait d’une infection rénale potentiellement grave — les troupes armées ont débarqué dans une localité voisine et ont rejoint à pied l’emplacement des otages. L’affrontement qui s’en est suivi a entraîné la mort de neuf ravisseurs, sans pertes militaires, et sans qu’aucun des otages ne soit blessé.
- Date : 25 janvier 2012
- Opération : Octave Fusion
- Lieu : Galkayo, Somalie
- Victimes : Jessica Buchanan et Poul Thisted — libérés indemnes
- Résultat : neuf ravisseurs tués, aucune perte côté sauveurs
Selon une déclaration officielle, l’équipe de sauvetage réunissait des forces d’opérations spéciales issues de plusieurs unités militaires. Des sources anonymes auprès des autorités américaines ont toutefois confirmé que les opérateurs engagés faisaient partie de SEAL Team Six (DEVGRU). Le groupe était prêt, si nécessaire, à capturer les ravisseurs vivants.
La participation de SEAL Team Six a été par la suite corroborée de manière informelle ; le frère de Jessica Buchanan, Stephen, a publiquement remercié l’unité pour la libération de sa sœur, apportant une confirmation humaine à cette opération spectaculaire.
Cette intervention reste un exemple marquant des capacités de sauvetage d’otages de haut niveau, et éclaire la nature des missions auxquelles le SEAL Team Six est régulièrement affecté.
Prête à frapper à tout moment

Poursuivant l’exploration de son rôle opérationnel, SEAL Team Six — souvent désignée DEVGRU — n’est pas pensée pour des patrouilles de routine mais pour des frappes rapides et létales lorsque l’urgence l’exige. L’unité maintient un rythme de déploiement mondial quasi permanent, capable d’intervenir presque n’importe où avec peu d’avertissement.
Même si les autorités confirment rarement publiquement l’ensemble de ses missions, il est généralement admis que SEAL Team Six peut être activée à tout instant pour conduire des raids à très haut risque ayant des enjeux nationaux.
Plusieurs critiques ont souligné un phénomène d’« utilisation intensive » de ces forces spéciales. Parmi les points saillants :
- la propension à recourir aux mêmes unités d’élite pour les crises les plus délicates ;
- la tendance à faire des forces spéciales le dernier recours quand les options disponibles sont toutes lourdes de conséquences ;
- les interrogations éthiques et politiques soulevées par certaines opérations à hauts coûts humains.
Comme l’a résumé l’ancien sénateur et ex-opérateur SEAL Bob Kerrey : « Ils sont devenus une sorte de numéro vert dès que quelqu’un veut que quelque chose soit fait », soulignant que les forces spéciales sont souvent sollicitées pour des choix où « l’on n’a pas d’autres options ».
Un exemple controversé est le raid de Yakla, le 28 janvier 2017, mené par SEAL Team Six au centre du Yémen. La mission visait un complexe d’al-Qaïda censé abriter des renseignements et des militants de haut rang. Si des membres d’al-Qaïda ont été tués, l’opération a également coûté la vie au Chief Petty Officer William « Ryan » Owens ainsi qu’à plusieurs civils, dont une fillette de huit ans. Pour des précisions sur le déroulé et les réactions politiques de l’époque, voir le compte rendu d’ABC News : https://abcnews.go.com/US/us-service-member-killed-raid-al-qaeda-yemen/story?id=45122929.
En 2011, l’équipe aurait éliminé Oussama ben Laden en moins de 40 minutes

Le 2 mai 2011, dans un compound d’Abbottabad, au Pakistan, des membres du Red Squadron de DEVGRU ont mené l’une des opérations antiterroristes américaines les plus célèbres. L’opération, nom de code « Neptune Spear », visait l’homme ayant revendiqué les attentats du 11 septembre et, d’après la chronologie confirmée, ne dura pas plus d’une heure.
Points saillants de l’opération :
- Forces engagées : 79 militaires américains, dont 23 SEALs, un chien de travail et des hélicoptères Black Hawk spécialement modifiés.
- Déroulement : pénétration nocturne dans le compound, progression et sécurisation étage par étage malgré l’atterrissage brutal d’un des hélicoptères à l’intérieur de l’enceinte.
- Résultats : en moins de 40 minutes, Oussama ben Laden a été neutralisé, des matériaux sensibles ont été saisis et l’équipe s’est repliée avant qu’une force locale ne puisse riposter efficacement.
Cette rapidité d’exécution s’explique en grande partie par des répétitions intensives menées dans les semaines précédant la mission. Selon la CIA, l’équipe s’était entraînée sur une maquette grandeur nature du compound, avec des cloisons intérieures modulables pour préparer différentes configurations internes (source).
Transition : ce raid, par son tempo et sa précision, a durablement marqué l’histoire des forces spéciales américaines et a contribué à la légende contemporaine du SEAL Team Six.
Black Squadron : l’unité secrète au sein de l’unité secrète

Au-delà des unités plus connues de SEAL Team Six — celles axées sur le recrutement, l’assaut ou la mobilité — existe une formation qui opère sur un niveau de confidentialité encore supérieur : Black Squadron. Présentée comme une cellule à l’intérieur même d’une cellule, elle a évolué au fil du temps pour répondre à des besoins opérationnels très spécifiques.
Ses attributions se sont considérablement élargies après les attentats du 11 septembre. Plutôt que de se limiter au tir de précision, Black Squadron s’est orientée vers des « opérations de force d’avance » — un terme englobant :
- la collecte de renseignements et la surveillance discrète ;
- la préparation et l’ouverture de voies pour les raids menés par d’autres équipes ;
- la mise en place de conditions favorables avant l’intervention des effectifs d’assaut.
On peut assimiler cette cellule au dispositif de visée d’une arme puissante : si SEAL Team Six est l’outil d’action, Black Squadron en assure la précision en amont. Autre singularité notable : la présence d’opératrices féminines, rare dans le parcours traditionnel des SEALs, ce qui permet d’élargir les options tactiques sur le terrain.
Sur le terrain, ces équipes conduisent aussi des missions d’allure « espionnage » : façonnage de profils pour faciliter l’infiltration, prise d’apparence locale et insertion discrète dans des villages afin de poser des dispositifs de surveillance avant des frappes. Selon des rapports, Black Squadron comptait plus d’une centaine de membres vers 2015 et opère généralement en coordination avec d’autres acteurs du renseignement.
Cette unité, discrète et polyvalente, illustre la transformation des forces spéciales contemporaines vers des missions d’intelligence et de pénétration silencieuse, complétant ainsi les capacités d’action directe de SEAL Team Six.
Opérations mondiales, entraînement et équipement de pointe

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Poursuivant l’examen de leurs capacités, le United States Special Operations Command déclarait au New York Times en 2015 que les forces armées « ont été impliquées dans des dizaines de milliers de missions et d’opérations dans plusieurs théâtres géographiques » et maintiennent des standards d’excellence très élevés. Au vu de l’ampleur et de l’urgence des opérations prises en charge, il est raisonnable de considérer que les membres du SEAL Team Six (DEVGRU) se trouvent souvent en première ligne de ces interventions internationales, équipés d’armements et de matériels sophistiqués.
Peu de détails officiels filtrent sur la nature exacte de la formation de DEVGRU, mais l’essentiel ressort clairement : l’unité est préparée pour dominer tout type d’environnement. Que ce soit :
- les régions glaciales de l’Arctique,
- les jungles tropicales étouffantes,
- les zones urbaines denses,
- ou les déserts isolés.
Ces opérateurs sont entraînés pour composer avec des conditions environnementales extrêmes et imprévisibles, afin d’assurer l’exécution rapide et efficace de leurs missions.
Leur supériorité ne repose pas uniquement sur l’entraînement : l’équipement joue un rôle déterminant. Les configurations exactes des chargements et des technologies embarquées restent majoritairement classifiées, mais des aperçus ont parfois émergé. Un exemple notable remonte au raid de 2011 contre Oussama ben Laden : quand un hélicoptère Black Hawk modifié pour la furtivité s’est écrasé et a été partiellement détruit, des spécialistes de l’aviation ont relevé des composants absents des appareils militaires connus.
Parmi les éléments identifiés figuraient un pare-brise doté de traitements destinés à brouiller les radars, des dispositifs avancés d’isolation acoustique et des modifications spécifiques de la cellule. Ces indices laissent penser qu’il s’agissait d’un aéronef conçu sur mesure pour les besoins opérationnels de DEVGRU, illustrant la combinaison de précision technologique et de secret qui confère au SEAL Team Six son avantage tactique.
Ces observations éclairent la façon dont formation intense et matériel ultra-spécialisé se conjuguent pour permettre des frappes efficaces presque partout sur la planète, un point qui se raccorde directement aux analyses développées dans la section suivante.
Les membres sont découragés de chercher la lumière

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Dans la continuité des récits sur l’unité, un épisode illustre parfaitement la culture discrète du SEAL Team Six. L’ancien opérateur Robert O’Neill a affirmé publiquement avoir tiré sur Oussama ben Laden et « l’avoir vu expirer ». Son témoignage, largement relayé par la presse, a suscité une vive attention du grand public.
Cependant, au sein des forces, cette mise en avant a été perçue très différemment. Les responsables ont rappelé l’importance d’un mode de vie de « professionnels discrets » propre à DEVGRU, insistant sur un principe central de leur éthique : ne pas divulguer la nature de son travail ni rechercher la reconnaissance pour ses actions.
Cette posture est plus qu’une simple réserve morale : elle répond à des impératifs concrets.
- Protection des opérations et des collègues : dévoiler des détails peut compromettre la sécurité d’équipes et d’opérations en cours.
- Respect des accords de confidentialité et du droit : les membres signent des engagements stricts concernant la divulgation d’informations sensibles.
- Préservation de l’efficacité et de la cohésion : l’obsession de la gloire individuelle est contraire à l’esprit d’équipe nécessaire dans des missions à haut risque.
Les chroniques et enquêtes journalistiques ont soulevé que, en se mettant en avant, certains opérateurs peuvent enfreindre ces accords. Don Mann, ancien membre de DEVGRU et auteur de l’ouvrage « Inside SEAL Team Six », résume la logique interne : ces sujets doivent rester tus pour de nombreuses raisons, et parler ainsi va à l’encontre du tissu même de leur communauté.
Cette retenue, profondément ancrée, explique en grande partie pourquoi le SEAL Team Six reste tantôt mystère, tantôt légende dans l’imaginaire public.
Malgré sa réputation, DEVGRU n’est pas une unité d’intervention parfaite

Dans l’imaginaire collectif, SEAL Team Six — souvent désigné par son acronyme DEVGRU — incarne l’efficacité et la précision des forces spéciales américaines. Pourtant, plusieurs affaires publiques rappellent que compétence ne rime pas avec perfection : erreurs de jugement, incidents tragiques et tensions internes ont également marqué son histoire.
Un épisode particulièrement cité remonte à octobre 2010, lors d’une opération de sauvetage en Afghanistan visant à libérer la bénévole britannique Linda Norgrove. La mission a tourné au drame : Norgrove a été grièvement blessée par une explosion. Si les premiers rapports évoquaient la présence supposée d’un kamikaze, des éléments ultérieurs ont indiqué qu’une grenade lancée pendant l’assaut pourrait en être la cause. L’enquête qui a suivi a mis en lumière des manquements de communication de la part de certains opérateurs et abouti à des mesures disciplinaires.
Au-delà des erreurs tactiques, DEVGRU a aussi été confronté à des affaires internes graves. En 2017, la mort du Staff Sergeant Logan Melgar au Mali a suscité une enquête pour homicide. L’autopsie a conclu à une asphyxie, et l’enquête a révélé des actes visant à dissimuler les circonstances réelles de la mort. Plusieurs membres des forces spéciales furent impliqués, entraînant des poursuites pénales.
- Octobre 2010 — Afghanistan : opération de sauvetage de Linda Norgrove ayant abouti à des blessures mortelles et à un examen critique des conditions de l’assaut.
- 2017 — Mali : décès du Staff Sergeant Logan Melgar, avec autopsie concluant à une asphyxie et à des tentatives de dissimulation, provoquant des poursuites contre des militaires impliqués.
Ces épisodes illustrent que, malgré son statut d’unité d’élite, SEAL Team Six a connu des revers et des controverses qui ont façonné son récit historique et soulevé des questions sur la responsabilité et le commandement — une réalité à garder à l’esprit en explorant la suite de son histoire.
