Savoir : ce que disent les chiffres sur l’intelligence des auteurs de meurtres en série
Pour comprendre le mythe entourant le QI des tueurs en série, il faut d’abord reconnaître notre besoin de classer l’angoisse. Nous aimons ranger l’inconnu dans des cases rassurantes : les monstres sont soit des génies machiavéliques, soit des brutes quasi primitives. Ce besoin de simplification alimente l’idée reçue selon laquelle les auteurs de meurtres en série seraient systématiquement très intelligents ou, au contraire, irrémédiablement limités.

En réalité, les données montrent une large variabilité : les QI des tueurs en série couvrent tout le spectre, de niveaux exceptionnels proches de ceux des membres de sociétés savantes à des scores indiquant des difficultés d’apprentissage. Autrement dit, il n’existe pas de profil intellectuel unique. Le facteur le plus révélateur n’est souvent pas le QI isolé, mais la méthode privilégiée par l’auteur pour commettre ses crimes.

Une large base de données, constituée depuis le début des années 1990, compile des centaines voire des milliers de cas et permet quelques constats chiffrés :
- Les poseurs de bombes affichent, en moyenne, les scores les plus élevés, autour d’un QI de 140.
- Les meurtriers qui frappent leurs victimes à coups répétés forment le groupe présentant les scores moyens les plus bas, avec une moyenne proche de 79,1.
- La plupart des autres catégories restent proches de la moyenne générale de la population.
Des exemples concrets illustrent cette diversité : certains auteurs très médiatisés ont obtenu des scores supérieurs à la moyenne, tandis que d’autres se situent nettement en dessous. Toutefois, ces chiffres doivent être interprétés avec prudence. Des facteurs procéduraux et psychologiques peuvent altérer les résultats des tests : certains individus peuvent feindre une déficience, d’autres refuser ou saboter l’évaluation, et les personnes réellement très intelligentes capables d’échapper longtemps aux enquêteurs ne figurent pas dans ces bases.
Ces observations offrent un éclairage utile sur le QI des tueurs en série : plutôt que d’adhérer à des stéréotypes, il est plus pertinent d’envisager une large gamme de capacités intellectuelles et d’examiner le comportement concret et les méthodes comme des indicateurs plus fiables.
