Au cours de la préhistoire, l’aurochs peuplait les plaines d’Europe, d’Afrique et d’Asie. Dès le Pléistocène, il y a environ 270 000 ans, ce bovidé surpassait nettement les races actuelles : sa hauteur au garrot dépassait celle d’un humain, son poids pouvait excéder une tonne et son corps massif, athlétique, était surmonté de cornes impressionnantes orientées vers l’avant. Le mâle adulte n’avait guère de prédateurs naturels ; seuls ses congénères représentaient une menace lors des luttes pour la dominance. Même des meutes de loups eurasiens ou de grands félins, pourtant plus nombreuses à l’époque, évitaient généralement d’attaquer un aurochs adulte en bonne santé. La disparition de l’aurochs s’explique par une combinaison de facteurs humains et écologiques.
Une espèce peu à peu repoussée
L’expansion des populations humaines a fortement réduit l’habitat traditionnel de l’aurochs. Au fil des millénaires, l’extension de l’agriculture a poussé l’espèce hors de ses pâturages pour la confiner dans des zones de plus en plus reculées. Dès 10 000 avant notre ère, l’élevage s’était largement développé et les aurochs avaient déjà fait l’objet de domesticaton, formant parfois des troupeaux de 80 individus ou davantage.
La chasse, bien qu’importante, n’a pas été le facteur unique de l’extinction finale. En Grande-Bretagne, l’aurochs avait déjà disparu à l’âge du fer, et au XIIIe siècle ses populations s’étaient principalement réfugiées en Europe de l’Est. Devenu gibier rare, l’aurochs fut d’abord chassé par la noblesse, puis la pratique de la chasse fut progressivement réservée à la royauté — un privilège qui n’a pourtant pas empêché son déclin progressif jusqu’à la disparition complète.
Quand a-t-il été vu pour la dernière fois ?
Selon le relevé d’un garde-chasse polonais au service de la cour royale, seuls 38 aurochs subsistaient en 1564. Moins d’un siècle plus tard, l’espèce avait totalement disparu. Le dernier individu connu s’éteignit de causes naturelles en 1627, dans la forêt de Jaktorów en Pologne.
Aujourd’hui, certaines races bovines primitives évoquent encore l’apparence de l’aurochs, comme le taureau de combat espagnol. D’autres tentatives de recréer son aspect ont abouti aux bovidés dits « aurochs de Heck », des hybrides élaborés au début du XXe siècle dans l’espoir de retrouver les traits de cet ancien géant.