Coquilles Saint-Jacques : Une saison prometteuse malgré des quotas

par Olivier
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Coquilles Saint-Jacques : Une saison prometteuse malgré des quotas
France

C’est un exemple concret d’une bonne manière de préserver la ressource. Menacée par la pêche, la coquille Saint-Jacques a fini par se refaire la cerise au large des côtes normandes et bretonnes. Grâce aux efforts de la profession, les stocks sont aujourd’hui très élevés, permettant à l’Ifremer de décrire « une situation très confortable ». Alors que la pêche rouvre ce mercredi, les scientifiques qui suivent les gisements continuent de constater une évolution favorable.

Après l’année 2024 qui battait des records, 2025 se place comme la deuxième meilleure année. Eric Foucher, chercheur en biologie halieutique à l’Ifremer, alerte cependant d’un « léger recul » de la ressource et invite à ne pas pêcher davantage qu’actuellement. Un avis un temps contesté que les pêcheurs ont appris à respecter. Le produit est devenu le plus pêché, en tonnage et en valeur, devant le thon ou la sardine.

Avant le changement de millénaire, les stocks de coquilles Saint-Jacques dépassaient rarement 10 000 tonnes lors des « bonnes années » dans la baie de Seine. Cette année, la biomasse totale exploitable (coquilles de plus de 11 centimètres) devrait atteindre 120 000 tonnes. C’est moins que l’an dernier (137 000 tonnes), mais c’est toujours excellent.

Des quotas de bateaux, des interdits…

Dans la baie de Saint-Brieuc aussi, les stocks sont très bons. « C’est une évolution phénoménale, des niveaux que l’on a jamais vus. Parce que nous avons mis en place des comités de suivi, que la profession a su écouter les recommandations scientifiques. On a mis en place des quotas, on a limité le nombre de bateaux, régulé le nombre de jours de pêche, interdit la pratique la nuit, imposé une fermeture estivale… Ça n’a pas toujours été facile mais aujourd’hui, ça porte ses fruits », assure Dominique Lamort, chargé de mission qualité et durabilité du groupement Normandie fraîcheur mer.

Il se souvient de discussions houleuses au moment d’instaurer des zones de jachère. Recommandée par l’Ifremer, cette solution écologique avait été adoptée en 2016 pour préserver la fragile baie de Seine. Une mesure qui fait aujourd’hui figure d’exemple. Les engins de pêche sont de plus en plus sélectifs, limitant la capture involontaire de coquillages trop jeunes. Il faut aussi noter que la ressource bénéficie de l’essaimage de bébés coquilles d’élevage. « Certains scientifiques expliquent aussi que le réchauffement des eaux pourrait accélérer la reproduction », ajoute Dominique Lamort.

« Il faut rester vigilant »

Dans son dernier bulletin, l’Ifremer invite cependant à la vigilance concernant le recul affiché en 2025. « Ce n’est pas parce que le stock se porte bien qu’il faut scier la branche sur laquelle on est assis », rappelle Eric Foucher. Le chercheur appelle à ne pas augmenter les prélèvements, afin de « conserver la stabilité des populations » sur le long terme. « Il faut rester vigilant », concède Dominique Lamort. L’effet du réchauffement climatique ou l’appétit vorace des poulpes pourraient avoir un impact significatif.

Au-delà de la seule raison environnementale, l’aspect économique est aussi à prendre en compte. L’an dernier, les quantités pêchées avaient parfois eu du mal à s’écouler, laissant la profession avec des prix d’achat assez faibles. « La valorisation a parfois été compliquée, surtout après les fêtes. La Saint-Jacques a pourtant bien des arguments. Ce n’est plus un produit luxueux. C’est l’un des rares produits dont le prix a baissé », souligne le responsable de Normandie fraîcheur mer. En Bretagne comme en Normandie, la pêche sera ouverte jusqu’en mai.

Comment la réouverture va se dérouler

Le coup d’envoi de la saison est donné ce mercredi 1er octobre, mais uniquement pour les gisements les plus éloignés des côtes (plus de 20 miles, soit 32 kilomètres). Quinze jours plus tard, ce sera au tour de la zone « proche extérieur » d’ouvrir. Les gisements les plus proches de nos côtes, comme celui de la baie de Seine, devraient ouvrir début novembre.

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